De l'autre côté de Matt [FINI]

Chapitre 45 : L'escalier

Je sursautais et essuyais rageusement les larmes qui coulaient le long de ma joue avant de lever la tête et de lui faire face. Il était bien là, et je ne comprenais en aucun cas pourquoi était-il là mais je le détaillais un instant, profitant du fait que quelques marches nous sépare. Son regard était terne, il avait de petits yeux, malgré sa chemise et sa veste de costard on voyait qu'il avait sensiblement maigri, bon dieu, qu'avait-il fait ? Nous restâmes comme cela pendant un moment, à nous observer dans le blanc des yeux avant qu'il ne fasse un pas en avant et que pour toute réponse je me lève brusquement de ma marche. Il ne comprit visiblement pas et fronça les sourcils avant de s'approcher à nouveau de moi, ce qui me fit reculer d'une marche.

- N'approches pas. Soufflais-je presque suppliante.

Il fronça les sourcils de plus belle et ne sembla pas comprendre, quoi ? Il croyait que j'allais l'accueillir les bras ouverts ? J'étais tétanisée et je ne sais pas comment je faisais pour pouvoir reculer à chaque pas qu'il faisait. Il tenta alors une nouvelle fois de s'approcher et enclenchait un dernier pas le menant à l'escalier, ce qui me fit me retourner vivement et me précipiter sur la porte menant à l'intérieur. Mais bien évidemment au moment où ma main se posa sur la poignée l'autre fut fermement agrippée par sa main. Alors je lâchai la poignée et me retournai vers lui, mon regard affronta le sien pendant quelques minutes. Nous n'avions pas besoin de parler, ses yeux me suppliaient de le pardonner pendant que les miens déversaient toute la haine et la colère que je ressentais. L'envie était trop forte... Ma main vint s'écraser royalement sur sa joue, provoquant au passage un bruit sourd, bruit qui coupa les longues minutes silencieuses durant lesquelles nous avions échangé un long et profond regard. Il lâcha alors ma main et je pu rentrer dans l'établissement, je passais aux toilettes qui étaient à ma gauche pour me laver les mains, à défaut de me laver le visage pour me remettre les idées en place et essuyer le mascara qui avait coulé sur mes joues rosies par le froid de l'extérieur. Je regardais ma main encore rouge de l'impact et je sentais le sang taper contre ma peau, au moins j'avais une raison d'avoir mal. Et j'espérais lui avoir fait autant mal que moi je l'avais. Je me regardais une dernière fois à travers la glace, j'avais l'air d'être une folle furieuse, mes yeux brillaient encore et j'étais toujours rouge de colère. Ce mélange de tristesse et de colère rendait vraiment bizarre et je ne me voyais pas retourner à l'intérieur en ne ressemblant plus à rien. Je ne sais combien de temps je fus restée dans ces toilettes mais lorsque j'en sorti il était toujours là, semblant m'attendre devant la porte, adossé au mur d'en face.

- Kate, il faut qu'on... Dit-il en s'approchant de moi juste avant que je ne le coupe.

- Tais toi, ne dis rien, surtout ferme là.

- Tu ne peux pas...

- Tais toi je t'ai dit ! Criais je en profitant que la musique soit assez forte.

Il parut surpris et passa une main sur son visage, signe de sa frustration, puis leva à nouveau les yeux vers moi mais j'étais déjà retournée dans la salle où tout le monde dansait sur la piste. Je repris place mais mes compagnons n'étaient visiblement plus là, ils devaient surement danser. Mes yeux se perdirent alors sur la piste, un groupe d'enfants dansait, ce qui me fit sourire, puis mon regard se posa sur les mariés qui dansaient ensemble, ils étaient tellement beaux et c'est ainsi que pendant quelques minutes je me mise à sourire bêtement, regardant tout ces gens s'amuser sur la piste. A coté de moi se fit entendre le bruit d'une chaise, je n'avais pas besoin de regarder pour savoir qui c'était, évidemment il était venu à coté de moi. Sa main se posa délicatement sur mon avant bras qui était posé sur la table avant que je ne fasse un geste brusque pour le déplacer.

- Écoute, je suis venu ici pour toi.

- Tant mieux, tu peux repartir.

- Faut que je t'explique.

- Tu aurais pu m'expliquer en répondant aux centaines d'appels que j'ai fait. Déclarai-je en tournant ma tête dans sa direction.

- Je... Écoute, tu veux pas qu'on aille en parler dehors ?

- Non. Moi je n'ai pas envie de te parler, Matt.

- Il y a deux jours tu ne disais pas ça.

- Il y a deux jours.

- Kate... Laisse moi au moins t'expliquer...

- T'as 5 minutes. Dis-je en me levant et en partant en direction de l'entrée.

Une fois dehors j'observais de nouveau le paysage, la nuit était enfin tombée et les lumières au sol rendaient encore mieux. J'étais contente d'avoir pris ma veste mais je frissonnais tout de même légèrement au contact de la brise fraiche. Je m'assis sur le rebord d'un muret et levais ma tête en sa direction.

- Je t'écoute. Avais-je dit.

- Bon, avant que tu ne dises quoi que ce soit je vais te dire la raison pour laquelle je ne t'ai pas parlé ces derniers jours.

- Je ne sais même pas si j'ai envie de la savoir. Le coupais-je.

- Je t'ai dit de me laisser parler. Dit il d'un ton ferme après avoir soupiré. Il y a quelques mois on m'a proposé de participer à l'émission " Into the wild" et en gros c'est une émission pendant laquelle on part avec Mike Horn 5 jours afin de "survivre", il fit des guillemets en l'air, par nous même. Et, j'avais besoin de prendre du recul, autant avant, que après. Continua t'il alors que je levais les sourcils, me demandant à quoi cela servait qu'il me conte sa vie. Pas seulement prendre du recul par rapport à nous, mais par rapport à ma vie en général, ma carrière, ce que j'avais envie de faire, comment et où j'avais envie de me projeter. Les personnes autour de moi, celles qui me ralentissent, celles qui me poussent vers le haut. Toutes ces choses là. Et voilà.

Il me regarda un instant, en attendant sûrement que je lui réponde mais je n'en avais aucune envie. Sûrement parce que je ne savais pas quoi lui répondre car je m'étais attendu à tout sauf à ça, à une chose aussi bénigne. Pourquoi n'aurait il pas pu me dire directement qu'il partait je ne sais trop où faire je ne sais trop quoi ? Non, il avait fallu qu'il me laisse, sans réponses, sans nouvelles. Mon cerveau avait beau retourner cette affaire depuis quelques semaines et maintenant que je savais la raison de son absence je n'arrivais toujours pas à comprendre pourquoi il ne m'avait pas prévenu, c'était illogique, mais il devait avoir ses raisons bien à lui. Je me demandais un instant si j'étais la seule conne à ne pas savoir où s'il avait prévenu tous ses proches et les mots sortirent plus vite que prévu de ma bouche.