Chapitre 51 : Souvenirs douloureux

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Il était écrit « Cette soirée là » et je priais pour que ce ne soit pas ce que je pense. Je pris alors mon portable et tapais cet intitulé dans la barre de recherches internet "M Pokora préside une soirée en l'honneur de Claude François"; "M Pokora et ses invités réunis autour de Claude François" et c'était donc malheureusement ce que je craignais.

- Aurore...

- Quoi ?

- Je crois que je vais le revoir plus vite de prévu finalement... Soufflais-je.

- Pourquoi ?

- Si je te dis "Cette soirée la" tu penses à quoi comme type de prime ?

- Quelque chose qui sent mauvais pour toi.

- Totalement, soirée pour Claude François menée par qui ? Matt ...

- T'as vraiment pas de bol !

- Tu l'as dit bordel !

Je lâchais un soupir à fendre l'âme et m'enfonçais encore plus dans le canapé que je ne l'étais déjà. Il ne manquait plus que ça... Je m'étais promis de tout faire pour l'éviter et voila qu'en fait j'étais employée afin de danser pour lui. Cependant je me disais qu'avec un peu de chance je pourrais retrouver les autres de la tournée et cela m'enchantait plus que de le voir. Alors je savais que je prendrais sur moi et m'accrochais à l'espoir de revoir la team. Je finis la soirée tranquillement devant la télé avant de me coucher dans mon lit, épuisée plus mentalement que physiquement et je priais pour le voir le moins possible et l'approcher le moins possible.
Le lendemain je me levais sans aucune envie après avoir passé 1 à 2h dans mon lit à rêvasser, ou plutôt à me demander ce que j'avais fait pour mériter ça. Et les jours qui suivirent étaient presque pareil, j'allais quelques jours à TF1, je sortais toujours un peu. Puis on arriva petit à petit au jour du prime. Avant ce jour j'étais allé à plusieurs entraînements, deux à vrai dire, et j'étais en route pour le troisième. Lors de ces 2 jours je n'avais pas eu l'occasion de croiser Matt, et tant mieux pour moi, c'est vrai, qu'est ce qu'il avait à faire ici ? Il allait juste profiter des danseurs bien rodés pour son show et voila. Et pourtant, alors que je partais aux toilettes boire un coup (ayant oublié ma bouteille) je tombai sur lui dans le couloir, visiblement il s'apprêtait à rentrer. Mais il se stoppa un instant devant moi puis me détailla de la tête au pied.

- Qu'est ce que tu fais là ? Déclara t'il.

- Change de disque. Répondis je en faisant écho à quelques épisodes de notre "histoire".

Il parut d'abord surpris puis soupira et se mit à sourire tout en baissant son regard sur ses pieds. Lorsqu'il releva la tête ses yeux vinrent à la rencontre des miens.

- Tu danses ? Me demanda t'il tout en haussant un sourcil.

- Oui... Et devines pour qui j'ai la chance de danser ?

- Merde. T'es une des danseuses du prime ?

- Je te rassure, ça me fait autant plaisir que toi.

- Je vois... Je... Bon bah écoute je vais rentrer hein. Puis de toute façon c'est fait, c'est fait.

J'hochais la tête puis me décalai pour qu'il puisse passer et je continuai ma route jusqu'aux toilettes. J'étais ravie de faire parti de ce prime tout de même, le chorégraphe était Hakim et qu'elle chance j'avais de pouvoir retrouver quelques filles et gars de la RED team. En plus je prenais franchement mon pied à danser sur les melodies disco et variés de Claude François, mais aussi quelques unes de Matt. Le seul inconvénient était justement ce dernier, mais je m'étais promis de ne pas le laisser me gâcher le bon temps que je prenais à danser. Alors je ferais juste en sorte de l'éviter, de l'approcher le moins possible, bref, tout ce que j'avais prévu de faire depuis que j'étais arrivée en France. Je profitais de l'instant pour me passer un peu d'eau sur le visage et je retournais dans la salle où il était déjà, en train de parler avec Hakim. Il se joignit alors à nous afin de répéter puis il passa la fin d'après midi avec nous du coup. Je ne savais pas si c'était une illusion ou si cela se passait vraiment mais je pouvais sentir son regard perçant même à travers la glace. Regard dans lequel j'aimais tant me plonger à une époque et que je fuis autant que je peux aujourd'hui. Alors je me faisais violence pour ne pas poser mes yeux sur lui à travers le miroir qui tapissait le mur. J'avais beau tout retourner dans ma tête je ne comprenais pas pourquoi j'avais envie de le regarder, envie de voir s'il me regardait, attirer son attention alors que j'étais persuadée de le détester. J'étais persuadée qu'il avait voulu jouer avec moi, persuadée qu'il m'a brisé le coeur, persuadée d'avoir fait le bon choix en partant, en m'éloignant de lui. Persuadée qu'il était toxique, que nous l'étions l'un pour l'autre. Mais en cherchant bien j'avais même l'impression de lui avoir fait plus de mal qu'il ne m'en avait fait. Je cherchais encore à savoir pourquoi nous deux ça n'avait pas marché, mais en y réfléchissant bien peut être que, moi aussi, j'avais finalement peur des relations sérieuses. Je n'en avais eu qu'une seule, avant que mes parents ne meurent. J'étais extrêmement jeune, je l'ai aimé, aimé comme une folle, mais quand mes parents furent morts j'avais tout chamboulé. Je n'agissais plus avec lui comme j'ai eu l'habitude d'agir, je devenais méchante, autant avec lui qu'avec les autres. Je l'ai eu fait souffrir, je l'ai eu vu pleurer devant moi par la façon dont j'agissais, soit à tout garder pour moi soit à exploser et à tout lui balancer à la figure. Rien que le fait d'y penser me fait encore du mal, j'ai agis comme une petasse, je lui ai brisé le coeur alors qu'il aurait tout fait pour moi. Puis je suis finalement partie, du jour au lendemain, je l'ai abandonné, lâchement, comme je l'ai fait avec tous mes proches là bas. Et pourtant, il continuait à s'accrocher et à m'envoyer des messages, et comme j'étais jeune et irréfléchie je lui ai répondu, j'ai continué à le faire espérer. Puis un jour j'ai décidé de lui briser le coeur, lui faisant penser que j'avais rencontré quelqu'un en France, pensant de mon côté que ce serait plus simple pour lui si finalement il me détestait. Après tout, comment est ce qu'il pouvait savoir si cela était vrai ou non ? Et deux ans plus tard je reçu une lettre, et mon dieu quand j'y repenses sa lettre me brise le coeur. Il m'expliquait qu'il avait tourné la page, qu'il m'avait détestée à en crever, que je l'avais fait souffrir, beaucoup trop. Mais qu'il avait enfin trouvé quelqu'un de bien, qui le considérais à sa juste valeur, avec qui il était heureux, donc que d'un côté il était reconnaissant que je l'ai finalement laissé car j'étais devenue toxique pour lui, qu'à y repenser j'étais un peu comme un poison, un parasite, une addiction qui vous fait plus de mal que de bien, qui vous épuise, qui vous suce jusqu'à la moelle, qui vous tue. Et je crois que ce qui m'acheva le plus quand j'avais lu cette lettre c'était que je n'avais même pas perçu de la rancœur, mais plutôt de la pitié. Comme si j'étais incapable d'aimer, il me l'avait d'ailleurs dit. Que j'étais incapable d'aimer, mais qu'il espérait qu'un jour je rencontrerais cette personne qui m'apprendrait à aimer, aimer d'une manière différente de celle dont je l'ai aimer. Aimer à partager les colères et les joies plutôt que de déverser sa colère sur l'autre. Après avoir lu cette lettre je compris alors bien que je l'avais fait souffrir et qu'aucun homme ne méritait de souffrir tel quel, à cause de moi.

De l'autre côté de Matt [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant