De l'autre côté de Matt [FINI]

Chapitre 58 : Visite imprévue

JUIN :
J'étais encore dans une de ces périodes où je n'arrivais pas à dormir, pour être honnête je n'arrivais pas à dormir depuis que j'avais emménagé dans ce nouvel appartement. J'avais quitté le mien à mon retour des États Unis, il fallait que je m'établisse quelque part, j'étais devenue un boulet pour Aurore qui souhaitait s'installer avec son copain, et je ne pouvais continuer à faire des allers venues entre la France et les États Unis, alors j'avais finalement décidé de venir revivre en France, parce que après tout, c'était ici que j'étais le mieux. Mes mois aux États Unis étaient à nouveau parfaits, j'avais profité de ma famille pendant un mois avant de me remettre au travail dans DWTS où j'étais arrivée en quart de finale avec mon partenaire. Cependant il hantait toujours mes pensées, depuis que je suis partie, depuis que je l'ai vu la dernière fois, et principalement en ces nuits de néant. Je me souvenais de son regard, si méchant, si triste, si haineux... Tout, tout était mélangé dans son regard, et à ce moment j'ai compris, que le seul sentiment qu'il aurait en mon égard serait de la haine. Du moins ce serait le seul sentiment qu'il aurait si je fuyais de nouveau. Et c'est ce que j'ai fait, j'ai fuit, parce que j'avais peur. Parce que j'ai toujours eu peur. Mais là, son regard... Je ne l'avais jamais vu comme ça et c'est ce regard qui depuis des mois reste dans ma tête. Cette journée qui tourne en boucle et je ne cessais de me demander comment est ce que j'aurais pu agir pour que tout cela se passe différemment. J'aurais même voulu ne jamais avoir à vivre cette journée. Mais il n'y avait rien à faire, cette journée avait été belle et bien réelle. Alors je finissais mes réflexions en m'assurant qu'il valait mieux qu'il me déteste parce que moi j'étais persuadée que nous n'étions pas fait pour être ensemble. Mais cette nuit là était différente, j'en avais marre de pourrir mes nuits alors autant qu'elles servent à quelque chose. J'attrapai mon portable sur ma table de chevet et jetai un coup d'œil à l'heure : 2h45, après tout qui peut être dehors à cette heure là ? J'enfilais un pantalon et un t shirt puis une veste, on était en juin mais les températures restaient relativement basses. Je pris mes clés sur la table et je quittai mon petit appartement, il était plutôt petit mais à côté de ça il se trouvait dans un quartier bien mignon et pas trop loin du centre. Je n'avais jamais vraiment visité les lieux, en deux semaines je n'avais pas eu le temps, alors je les visitai, de nuit mais je les visitai. Je me laissais aller jusqu'aux quais de Seine que je longeais pendant un moment, et enfin je décidai de revenir chez moi, avec une idée bien précise en tête.

Je l'appelais j'étais tétanisée à l'idée qu'il ne réponde pas. Et évidemment il ne répondit pas, je l'appelais une nouvelle fois, pas de réponse. Alors je décidai d'appeler sur téléphone fixe. Une fois, deuxième fois, une, deux, trois sonnerie.

- Allo ? Il avait répondu !!

- Je... Je suis devant chez toi.

Il raccrocha directement, mon pouls s'accélérera il m'avait carrément raccroché au nez, enfin c'est ce que je crus avant de voir le portail s'ouvrir. Je rentrai à nouveau dans ma voiture et la garai dans son allée. Et lorsque je sortis je le vis, là, devant sa porte, à me regarder, les bras croisés et les yeux mi clos. Je le rejoignis alors.

- Qu'est ce que tu fais là ? Demanda-t-il d'un ton plutôt sec.

- J'en sais rien. Dis-je un peu perdue. Je suppose que j'avais envie de te voir.

- Tu m'as vu tu peux repartir.

- Matt... J'arrête pas de repenser à la dernière fois qu'on s'est vu... J'ai... J'ai déménagé la dernière fois et... J'arrive plus à dormir, chaque fois que je me réveille j'arrête pas de me répéter cette journée en boucle. J'aurais jamais dû te dire ça Matt... Enfin si... Mais maintenant j'ai réfléchis...

- T'as réfléchis ? Alors qu'est ce que tu as de beau à dire ?

- J'en sais rien... Tu m'as manqué... Chaque fois que je pense à toi tout ce que je ressens c'est du vide, j'ai besoin que tu sois à mes côtés, j'ai besoin de te sentir avec moi.

- C'est fou Kate, j'ai l'impression que tu n'arriveras jamais à dire ce que tu ressens. Je sais pas... Que jamais je n'entendrais ces trois petits mots sortir de ta bouche. Que jamais tu ne me diras ce que tu ressens pour moi. Ou même que jamais tu n'accepteras ce que je peux ressentir pour toi. Alors maintenant je n'ai plus envie de perdre mon temps avec une femme incapable de s'ouvrir au moindre sentiment. T'es qu'une putain de tortue enfermée dans sa carapace, essayant de fuir chaque once d'amour qui s'offre à toi. Et plus les jours passent plus je me dis que je suis en train d'aimer une fille incapable d'aimer. Incapable d'aimer parce que l'amour je lui porte n'a causé que des problèmes dans le passé, parce qu'elle a souffert, mais merde ! Avance ! Putain Kate quand est ce que tu vas passer au dessus de tout ça et t'ouvrir au bonheur hein ? Alors tu laisse tes putains de doutes, tu laisse tes putains de peurs, et t'apprends à aimer ou tu ne viens plus jamais me voir. J'en ai tout simplement marre d'espérer pour une femme qui ne sais pas aimer.

Je restais devant lui un instant, sonnée par ses paroles. Comment osait-il me dire ça ? Moi ? Incapable d'aimer ? Qui était-il pour dire ça ? Il ne connaissait rien à ma vie, rien à mon passé et il osait supposer. Voila le pétrin dans lequel je m'étais mise... Quelle idée j'avais eu de venir le voir... Alors comme toujours je ne laissais rien paraître, après tout c'est ce que je savais faire de mieux selon lui.

- Ouais... Tu as sûrement raison, après tout... Je ne sais même pas ce que je viens faire là... Dire que j'étais venue parce que j'avais juste envie de te voir... Quelle idée... Te voir... J'aurais mieux fait de ne pas venir.

Je me retournais et allais vers ma voiture, une fois dedans je lui adressai un regard, il était toujours là adossé à sa porte et me regardait d'un regard dur, il prit sa télécommande entre les mains et me fit sortir.
Lorsque je touchais à nouveau mes draps afin de continuer le reste de nuit que j'avais je ne pus m'empêcher de penser à ses mots. Incapable d'aimer, il a dit que j'étais incapable d'aimer, qu'il en avait marre... Comment est-ce qu'on en était arrivé la ? Comment est ce que deux âmes ne sachant pas aimer pouvaient se retrouver, s'aimer, pour mieux se déchirer ? Cela semblait impossible et pourtant nous avions réussi cet exploit. Quel beau duo de cons on faisait. Plus j'y pensais et plus je me disais que notre relation était exactement le propre de ce vieux dicton "Fuis moi je te suis, suis moi je te fuis". Aucun de nous n'était prêt à aimer l'autre quand l'autre l'était. Mes souvenirs les plus lointains me rappelaient à quel point il m'avait fait souffrir. Et mon coeur encore meurtris de ces épisodes me rappelait à quel point il était important de le protéger. Pourtant, il ne semblait demander qu'une seule chose, l'aimer à nouveau.