Chapitre 9 : Blizzard Ô mon blizzard (1/2)

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Allston, MA - 9 Janvier

J'ai retrouvé Marina, revenue de Montréal la semaine dernière et déjà, elle est prise d'idées saugrenues. Comme donner des pourboires avec mon argent ! Nous sommes vendredi soir, dans un bar aux bières peu chères et nous payons pour deux à tour de rôle. Alors qu'elle n'a laissé aucun pourboire, elle en laisse généreusement un avec mon argent quand je l'envoie payer ma tournée car elle se trouve la plus proche du comptoir.

- Amanda, il faut laisser un peu quand même ! se justifie-t-elle hilare, ça ne se fait pas sinon...

- La prochaine fois, donne avec ta monnaie alors ! je râle

- Je ne peux pas, j'ai plus de sous !

Je lui lance un regard noir en répliquant qu'elle a bien des sous pour ce qu'elle veut ! Nous passons une bonne partie de la soirée à discuter de nos futures vacances en Février - oui, ce n'est pas parce qu'on n'a pas de sous qu'on ne peut pas y penser ! - quand deux gars sympathiques s'approchent des chaises de bar sur lesquelles nous nous trouvons. Voyant qu'ils ne peuvent accéder au serveur et commander, Marina se lance et leur propose de commander pour eux. Son anglais s'est considérablement amélioré mais je lui sers toujours régulièrement de traducteur pour certains mots. Avec mon aide, elle entame la conversation et les rires fusent. Ces deux mecs ne se compliquent pas la vie, ne nous draguent pas et viennent juste pour passer un moment entre amis.

Alors qu'on discute depuis presque une heure maintenant, mon amie éclate subitement de son rire bruyant et ses exclamations ne passent pas inaperçues. J'interromps ma conversation avec l'un deux pour porter mon attention sur Marina qui se tient à mon bras tant elle rigole.

- Tu sais pas ce qu'il vient de me dire ?! parvient elle à me demander malgré son fou rire

Celui avec qui elle discutait glousse également tandis que l'autre à qui je parlais me regarde d'un air ahuri. Je lui fais signe que la situation est normale et on attend que ma copine se calme. Quand elle réussit enfin à arrêter de rire suffisamment longtemps pour parler, elle m'explique

- Tu le vois ? Eh bien, il me dit que sa mère est noire !! Impossible ! Moi je suis noire, et lui il me sort que sa mère est black !

Et elle explose de rire incapable de se contenir plus longtemps. Je pars à rire à mon tour en regardant les garçons à nos côtés : blanc ! Pas chocolat ou quoi que ce soit. Non non, impossible ! Marina rit aux larmes, je me tiens les côtes devant l'hilarité de la situation et nos rires redoublent lors de son explication.

- C'est vrai, je vous assure, enfin, elle est originaire des Antilles, et son papa est blanc, nous explique l'autre garçon

- Donc elle n'est pas noire ! répète Marina, regarde-moi, montre-moi une photo de ta mère, et dis-moi qui est noire ! Oh mon dieu tu viens de m'offrir le plus beau fou rire de ma vie !

La situation est vraiment désopilante car ce type en face de nous n'a en effet rien qui pourrait l'associer à cette origine et mon amie congolaise ne peut plus s'arrêter de le charrier. Lui-même pouffe de rire. Quand elle me dépose chez moi après la soirée, elle en rit encore.

- Nan mais n'importe quoi lui ! rit elle, il m'a fait mourir de rire, il me dit à moi que sa mère est noire, elle est aussi blanche que toi sur la photo !

On se regarde et on rigole. Je crois qu'on retournera dans ce bar. C'est agréable de rencontrer quelques groupes d'amis se réunissant un vendredi soir et de ne pas se sentir oppressé par des personnes insistantes pour obtenir un numéro de téléphone. Alors que j'allais sortir de ma voiture, elle me retient

All About Destiny  (Version Non Corrigee)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant