Chapitre 12 : Quoi ? Toi aussi ? Je pensais qu'il n'y avait que moi ! (1/3)

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Chicago O'Hare Airport, IL - 17 Août

Je suis exténuée. Au bord de la crise de nerfs. Dans les toilettes de l'aéroport pour recharger mon téléphone. Vous vous demandez sûrement dans quelle galère je me suis fourrée, non ?! Je voyage depuis près de dix jours de ville en ville, en bus principalement. De Boston à Montréal, puis Toronto et les chutes du Niagara pour finir à Chicago ! Le Canada était un rêve et je fus plutôt malchanceuse : pluie, ciel gris et vent ! Six jours de l'autre côté de la frontière américaine et seulement deux jours de soleil. J'ai pris mon courage à deux mains pour visiter, malgré la pluie et le temps maussade, et prévoir des excursions dans ces villes à inspirations européennes.

De plus, je suis partie seule pensant, comme à Miami, rencontrer du monde sur place pour découvrir ces nouveaux lieux et explorer ensemble. Mauvaise idée : les groupes n'accueillent pas une personne seule, ceux qui ont déjà des plans filent en vitesse et les solitaires souhaitent le rester. J'ai donc pris sur moi pour faire de ce voyage un moment inoubliable et profiter de chaque instant dans ces lieux où je rêvais d'aller.

Montréal fut magnifique, Toronto un vrai coup de cœur, les chutes du Niagara impressionnantes, à couper le souffle et Chicago une agréable surprise. Mais les quinze heures de bus entre Toronto et la ville de l'Illinois, les passagers ivres qui vomirent dans le bus et l'hôtel miteux dans lequel j'ai mis les pieds ont eu raison de mon moral. J'ai craqué... Je sature, j'en ai marre, je veux rentrer. J'ai des kilomètres dans les jambes et des heures de sommeil à rattraper. J'ai rencontré deux au pairs françaises à Chicago avec qui j'ai parcouru la ville et tout ce que je désirais voir. Lassée et éreintée, j'ai changé mon billet d'avion de mercredi matin à lundi soir.

Et me voilà donc, harassée, à l'aéroport, au milieu des touristes pressés et impatients, avec mon vol... retardé ! Evidemment ! Ça aurait été tellement simple sinon... Je ne connais pas les raisons du retard cette fois et la compagnie aérienne n'est pas en mesure de nous dire si nous allons décoller ce soir ou pas. La batterie de mon téléphone va probablement mourir si je ne reste pas dans ces toilettes, ce qui ne m'enchante pas du tout. Dire que j'ai quitté l'hôtel alors que ma chambre était payée... Je perds patience, mes nerfs vont lâcher si je retourne voir une fois de plus le tableau d'affichage pour constater l'évolution de mon vol. Plus j'y vais, plus je note que le retard augmente. Ainsi que ma déprime quand les éclairs et une pluie torrentielle déchirent le ciel. Pourtant d'habitude... J'adore l'orage. Heureusement qu'Henry me tient compagnie par discussion instantanée.

Oui, Henry ! Je sais ce que vous pensez : plus de désillusion, passer à autre chose, il faudra qu'il revienne vers moi... Raison me boude assez pour ça. Eh bien, il est revenu figurez-vous ! Bon, pas à grand galop à renfort de « tu me manques » mais via une application de photos que nous avions en commun. Henry avait refait surface sur ce nouveau réseau social publiant de façon irrégulière des photos de lui ou son environnement. Parfois, je commentais en lui adressant un message ou en renvoyant une photo. Puis il a commencé à m'en envoyer en privé, plus personnalisées. Nous échangions quelques mots, quelques instants de vie. Parfois, je ne répondais pas, ou me forçais à regarder tard pour ne pas qu'il s'imagine que je me rue sur mon téléphone.

Bien sûr, j'ai beaucoup de mal à contenir mon excitation et mon impatience à découvrir ce qu'il m'envoie ne tenant souvent pas plus d'une heure. Je ne comprends pas ce revirement soudain et ce regain d'intérêt pour ma personne, et je tente, avec toute la volonté du monde, de ne pas m'emballer à son sujet. Il m'a déjà montré une fois qu'il pouvait disparaître du jour au lendemain sans imaginer une seconde le désarroi et les doutes dans lesquels il m'avait plongé. Et dans lesquels je ne souhaite pas retourner. J'avais fait un pacte avec moi-même : cesser de se lamenter et continuer à vivre ma vie pleinement. Mais, lorsque j'ai constaté mes problèmes d'avion, mon esprit y a immédiatement associé Henry. Un fin sourire s'était dessiné sur mon visage et c'est, machinalement, que j'avais sorti mon téléphone et lui avait envoyé un message sur Facebook.

All About Destiny  (Version Non Corrigee)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant