Chapitre 9

428 47 7
                                    


Un grand fracas retentit dans la cour d'Arendelle. Assise dans son bureau, Elsa sursauta soudainement, et tourna la tête vers l'extérieur. Un jet de lumière doré inondait le château. Le Bifröst, songea-t-elle instinctivement, puis elle fronça les sourcils. Elle n'attendait aucune visite de Sif ou de ses envoyés, après tout. Elle lui avait seulement envoyé une lettre la veille pour la prévenir de ses récentes fiançailles, et au passage indiquer discrètement qu'elle allait être invitée au mariage qui allait survenir prochainement.

Quelques instants après, quatre personnes débarquèrent au pas de course dans son bureau. En tête venait Anna, ses tresses rousses voletant follement derrière elle, courant dans sa robe verte malgré la difficulté de l'exercice. Son bureau était situé juste à côté de celui de sa sœur. Elsa se leva, et lui lança un regard interrogateur.

– Qui est arrivé ? demanda-t-elle.

– Aucune idée, répondit la rousse à l'instant même où Kristoff débarquait à son tour, suivi des jumeaux.

– On attend quelqu'un ? demanda-t-il, à peine arrivé.

Elsa secoua la tête.

– Maman, qu'est-ce qui se passe ?

La question, posée par Eirik, reformulait en une phrase toutes les interrogations des cinq personnes présentes dans la pièce. Sa mère haussa les épaules, incapable d'y répondre.

– Je ne sais pas. On va voir. Prenez un peu d'avance, on vous rejoint.

Les deux gamins détalèrent. Depuis le bureau, les quatre adultes les entendirent se chamailler et se lancer le défi du premier arrivé dans la cour. Elsa retint un sourire. Elle savait qu'Evvie arriverait la première. À la course, elle était imbattable. Puis, elle croisa le regard d'Anna, et son expression s'assombrit. Qu'est-ce qui pouvait pousser Sif à envoyer quelqu'un d'Asgard à Arendelle en cette période ? À pas lents et mesurés, elle se dirigea vers les couloirs. Sylvi en profita pour s'étendre, et former une robe de convenances. Elsa remit en place d'un geste sa couronne dans ses cheveux pour une fois détachés, et lança à sa sœur et à Kristoff :

– Allez-y. J'arrive.

Puis, alors qu'ils repartaient, elle se planta face au miroir.

Ce qui est pratique avec toi, c'est que je n'ai plus besoin d'avoir une garde-robe élaborée.

Je sais, répondit son armure. Il te manque juste une touche de couleur, cela dit.

D'ailleurs, je ne t'ai jamais demandé, mais est-ce que tu faisais la même chose quand tu étais l'armure d'Ingrid Frost ?

Sylvi acquiesça mentalement, et Elsa continua :

Comment ça se fait que j'aie pu te récupérer aussi facilement ?

C'est une histoire pour une autre fois. Tu es attendue en bas.

La reine faillit protester, mais se ravisa. Elle avait le temps de poser ces questions à d'autres moments. Là, elle avait un quelconque visiteur inattendu. Elle lissa le tissu fluide de sa robe, lança un dernier regard polaire à son reflet et se détourna. En marchant dans les couloirs, elle croisa un certain nombre de serviteurs qui, alertés par le bruit, se dirigeaient eux aussi vers la cour.

Le soleil l'éblouit lorsqu'elle parvint dehors. Il faisait un temps splendide, le ciel bleu était dégagé de tout nuage. Mais très vite, l'attention d'Elsa fut accaparée par les éclats de voix qui se faisaient entendre devant elle. Elle accéléra le pas, distinguant d'emblée la silhouette d'un garde asgardien. Il était vêtu en pied de cap, lance pointée vers le sol. À quelques pas derrière lui, un autre homme en armure dorée observait la foule qui commençait à s'assembler d'un regard vide. Et, entre les deux, une silhouette solitaire semblait détailler la muraille. Dès qu'elle fut assez proche pour les voir sans être éblouie, Elsa remarqua une cape verte et un casque à cornes. Elle ralentit légèrement, soudainement inquiète. Brièvement, elle croisa les yeux d'Anna, qui reflétaient une stupéfaction sans nom.

Les Ténèbres dans nos Cœurs / Partie 2 : Beyond all known realmsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant