PROLOGUE

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  PROLOGUE

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  — Laissez-moi passer !

  Voilà les mots que je hurle de toutes mes forces en me débattant comme un animal.

  Les bras musclés du vigile de l'hôpital essayent de me maintenir en place pour me raisonner, mais cela fait longtemps que je n'entends plus ses remontrances. Mon visage est effacé par les larmes et la sueur. Mes cheveux emmêlés obstruent partiellement ma vision. Je m'étouffe avec des termes incompréhensibles, le cœur au bord des lèvres.

  Laissez-moi le voir. Par pitié.

  Soudain, je ne sais par quel élan de désespoir, j'arrive à me défaire de son emprise. Je m'élance à toute vitesse en direction de la salle d'opération d'urgence. Je pousse les portes battantes d'un coup sec, mais ce que je vois me stoppe net. Mon sang ne fait qu'un tour. Mes poumons se vident. La nausée me monte dans la gorge. Mon monde s'écroule comme un château de cartes et j'assiste avec horreur à une scène qui m'anéantit ; trois brancardiers vêtus de blouses bleues s'affolent autour d'un corps inanimé, étendu sur la table d'opération. 

  Il n'y a pas de doute: c'est lui.

  L'un des individus attrape deux engins électriques. Il les frotte l'un contre l'autre et les pose sur le torse dénudé de la victime.

  — Deuxième choc ! rugit-il sans desserrer les dents.

  Un bruit sourd vient résonner jusque dans mes tympans et je titube en arrière. Une puissante décharge semblable à la dentelle d'un éclair émane des électrodes. En écho, la poitrine du jeune homme se soulève avec brutalité. 

  Les trois urgentistes, dans un mouvement unique et parfaitement synchronisé, se tournent vers un appareil que je reconnais aussitôt : un cardiogramme. Quand mes yeux rencontrent à leur tour la ligne aussi lisse et fine que la lame d'un couteau, c'est le choc. Mon champ de vision se resserre. Ma respiration se fait sifflante et difficile. Je ne sais pas si je hurle. Je ne sais pas si je pleurs. Mais cette macabre mélodie couvre en partie le bib strident qui résonne au loin dans mes oreilles. C'est à peine si je sens les grandes mains du vigile qui viennent m'attraper pour me tirer d'un coup sec en arrière. 

  Ainsi, je sombre.

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