Une rose fanée. Un passé oublié. Une souffrance éternelle.
Heaven Dawson préfère jouer à la reine du monde, plutôt que de faire face à la réalité. Avec ses deux amis, Ashley et Lewis, ils forment ensemble la " team décalée ".
Mais si tout ceci n'éta...
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CHAPITRE 22
À force de me prendre pour une poète qui philosophe sur la vie avec des métaphores, je découvre au dernier moment sur le panneau d'affichage que le professeur d'arts plastiques est absent. Du coup, son cours est remplacé par deux heures de mathématiques. J'arrive donc essoufflée et en retard devant la porte au deuxième étage de la salle de maths, malgré les efforts de cet idiot d'Andreas pour pédaler promptement. Mr ROOT pointe son équerre dans ma direction d'un air menaçant et je déglutis.
— À votre place, Miss DAWSON, et que ça saute ! rugit-il en me fusillant du regard à travers ses lunettes rectangulaires.
Je pince les lèvres pour m'empêcher de répondre un « chef oui chef !» et m'installe aux côtés d'Ashley, sous les coups d'œil désapprobateurs de mes camarades.
— J'imagine que tu as plein de choses à me raconter, me chuchote-t-elle.
— Tu n'imagines pas à quel point.
J'ai à peine le temps de sortir mes affaires de mon sac, que le professeur m'interpelle de sa voix aux abords mielleuse, mais en réalité, parfaitement vicieuse. Entre le masochiste et le sadique,il s'entendrait bien avec Lewis.
— Au tableau, Miss DAWSON ! s'exclame-t-il en postillonnant sans remord sur les élèves au premier rang. Voyons voir si vous arrivez enfin à comprendre les subtilités du nombre d'or !
Ah, le nombre d'or ! C'est une longue, très longue histoire d'amour qui nous unit, lui et moi. Etant donné que je me proclame future artiste peintre depuis mon plus jeune âge, les professeurs de mathématiques ont toujours pris un plaisir fou à me remettre à l'ordre, en me montrant que les arts et les maths sont étroitement liés, malgré mes nombreuses désapprobations.
C'est presque s'ils ont réussi, spécialement pour me prouver que j'avais tort, à caser des sculptures, des tableaux et autres œuvres d'art dans leurs contrôles. Leonardo Da Vinci, Le Corbusier ou encore Sandro Botticelli ; beaucoup d'artistes auraient apparemment recours à cette divine proportion. Mais moi, je m'en fiche. Tout ce qui m'intéresse, c'est de crayonner différents gribouillis dans le coin de mes cahiers.
Après avoir foudroyé Mr ROOT du regard, je roule des yeux et me dirige d'un pas traînant vers le tableau. J'attrape une craie blanche et poudreuse avec mauvaise foi et plisse les yeux. Quand je serai devenue la reine du monde, je chasserai tous les mathématiciens de mon royaume. Je maudis cette matière.
Mais je n'ai pas le temps d'élever ma vision vers les écritures en langue inconnue -du moins, selon moi- inscrites en blanc et en rouge sur la surface sombre, que la porte de la salle s'ouvre à la volée.
Un surveillant aussi chauve que les fesses d'un nouveau-né et aussi blanc que monsieur propre, fait une entrée tonitruante dans la pièce. En raison de son ventre à bière proéminent, il manque de perdre l'équilibre, mais il se rattrape hasardeusement en appuyant sa paume contre le bureau du premier rang. Il reprend son souffle avec difficulté et d'énormes auréoles maculent son T-shirt blanc XXL.
