06 - Daddy's Girl

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Charlie

La porte coulissa sur le sol, doucement et Charlie n'osa même pas déglutir. Elle avait bien trop peur. Que ce soit son père l'effrayait peut-être même plus que le fait que cela put être un monstre. Elle ne voulait pas le décevoir. Elle ne voulait pas devoir partir et, plus qu'être vendue à une maison close, elle redoutait la séparation. Taesch Condé n'était peut-être pas le meilleur père du monde mais c'était le sien ... et elle ne quitterait sa nouvelle famille pour rien au monde.

Sans faire un bruit, elle resta immobile, les yeux fermés si fort qu'elle en avait mal aux joues. Elle n'osait même pas imaginer quelle serait sa punition ...

Une main se posa sur sa joue et elle frissonna. La peau contre son visage n'était ni douce et chaude comme celle de Père, ni rugueuse et fraîche comme celle de Clair. Elle était glaciale et assez lisse pour être de la soie. D'ailleurs, elle aurait pu penser que c'était un pan de soie si elle n'avait pas senti les ongles pointus et acérés comme des griffes si près de sa gorge. Cette personne aurait pu lui trancher la gorge d'un coup net.

"Une fille ... Intéressant."

En un courant d'air, la personne fut dehors et claqua la porte contre le chambranle. Charlie se recroquevilla dans les couvertures et serra contre elle l'ourlet de sa couette. Qui était cette personne ? Qui se baladait dans les couloirs à une heure pareille - vue la position actuelle du soleil, il devait être sept heures du matin. Qui veillerait assez tard pour ... pour passer par sa chambre en allant se coucher ?

Le cœur battant, elle essayait de trouver une réponse normale mais le seul nom qui lui venait en tête - le seul nom possible ! - était celui de Rozen. Est-ce qu'il s'était enfin prit d'intérêt pour elle ? Mais ce n'était quand même pas une raison pour entrer dans les appartements d'une jeune femme comme cela, en pleine journée ! C'était inconvenant et bien indigne d'un ancien duc !

Toutefois Charlie n'était pas du genre à se laisser impressionner ! Elle comptait bien avoir le fin mot de l'histoire. Savoir pourquoi son oncle était venu dans sa chambre en pleine nuit ! Et cela ne pouvait pas attendre demain, puisqu'alors elle aurait perdu toute cette volonté due à l'heure tardive et à la fatigue. Elle sortit de nouveau de son lit et revêtit une robe de chambre, toute en soie bleu turquoise. Elle lui descendait jusqu'aux genoux et laissait voir le bas de sa robe de jour mais peu importait, elle était décente.

Elle enfila ses mules de chambre - recouvertes de velours et de fourrures - et se mit en quête de suivre Rozen. Elle avait senti son parfum - quelque chose à base d'essence de rose - et l'air en était encore chargé. Il était facile à suivre ! Elle se hâta, sur la pointe des pieds, en suivant les traces de la présence de son oncle. Cette odeur était tellement épaisse qu'elle pouvait presque la voir et la suivre sans même se concentrer. Si son idée était juste, il devrait se rendre dans ses appartements à cette heure là !

Les courants d'air froid ne la découragèrent pas, pas plus que les bruits de chaînes et les gémissements des fantômes de la famille. Père lui avait expliqué qu'un Condé correct n'avait pas peur des spectres ; un excellent Condé leur faisait même peur. Et Charlie avait envie d'être excellente, dans tous les domaines, mais surtout dans le fait d'appartenir à cette famille. Elle avait tant voulu une famille, toutes ces années, elle ne comptait pas décevoir celle-ci.

Elle rattrapa Rozen au tournant d'un couloir et le héla, assez doucement pour n'alerter personne d'autre mais assez fort pour qu'il l'entende.

"Mon oncle !"

Lady Condé [ Ruthless Ravenwell - 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant