12 - On Trial

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CHARLIE

Elle était prête.

Sa robe bleue fine et moulante lui donnait un air bien plus adulte et sa coiffure de femme fatale - comme le disait Siobhan - donnait l'impression qu'elle n'assistait pas à son premier procès. En réalité, ce n'était pas un procès à proprement parler mais une session extraordinaire du Conseil. Les ministres avaient délibéré sans même se réunir à proprement parler que Taesch était coupable et qu'il méritait la mort. Cette affaire était de plus en plus scandaleuse ! Alors bien sûr, Charlie avait convoqué le Conseil pour exiger un véritable jugement.

Quoiqu'il se passe au Conseil, Charlie était prête à l'affronter. Personne ne pouvait la dissuader de sauver son père, même pas Siobhan qui l'avait supplié plusieurs fois de ne pas y aller, de ne pas convoquer le Conseil. De ne pas se griller socialement. Si elle défiait les douze autres ministères aujourd'hui et qu'elle ratait son sauvetage, elle était sûre de ne jamais trouver aucun bon parti quand elle aurait pleinement l'âge d'avoir des prétendants. Mais Charlie s'en fichait royalement. Le seul parti qu'elle pourrait vouloir devait la détester actuellement.

Elle avait des preuves, elle avait confiance en elle et elle n'avait peur de rien ni de personne. Alors elle fit la bise à sa dame de chambre et se drapa d'un manteau de fourrure épais avant de monter dans son fiacre. Celui-ci était conduit par Théodose, qui occupait de nombreuses places depuis que les serviteurs avaient commencé à démissionner. Les rats quittaient le navire comme si la peste s'était emparée des Condé.

Malgré le déshonneur, malgré la honte, malgré les remarques horribles et les noms d'oiseaux qu'on leur lançait, Clair et Charlie n'avaient jamais cédé à la rumeur. Ils étaient restés digne, ils avaient gardé la tête haute et avait traversé les rues de la ville avec la même noblesse qu'un loup parmi les chiens. On la traitait de meurtrière, de fille de joie, de manipulatrice, dans le meilleur des cas. On l'accusait de coucher avec son cousin et son père, elle qui avait rougi violemment la seule fois où Théodose l'avait surprise dans son bain.

Et plus les rumeurs enflaient, plus il était dur de ne pas baisser les yeux, de ne pas pleurer. Sans le soutien de Clair, sans cet oiseau mécanique impressionnant qu'elle emmenait partout avec elle, elle aurait déjà craqué et se serait réfugié dans la Basse Ville. Mais elle avait une mission et des gens la soutenaient.

Elle avait beau avoir confiance en elle, quand elle descendit de son fiacre, elle sentit ses jambes trembler. Tous ces yeux sur elle, jugeant le moindre de ses faits et gestes. Ces bouches, qui murmuraient des mensonges. Elle sentait qu'elle allait être malade. Aussi pressa-t-elle le pas pour atteindre la salle du Conseil le plus vite possible.

Pourtant, là bas, le spectacle était encore pire. Sa volonté faillit flancher quand elle le vit. Peu lui importait les regards assassins des ministres, ceux qui juraient ou qui maugréaient, peu lui importait même la présence imposante d'Yvan von Dast qui lui demandait de s'asseoir. Lucius était là, et il occupait la place de son père. Comme si Elijah IV était décédé. Mais non, ce ne pouvait pas être le cas ! Aux dernières nouvelles ...

Quand le prince-général lui ordonna une nouvelle fois de prendre place autour de la table, elle obéit. Le siège de son père était inconfortable et elle comprenait soudain pourquoi il avait toujours mal au dos en quittant la salle du Conseil. Et encore il n'avait pas à porter un corset.

Chaque chef de famille était présent et la jugeait durement. Comme s'ils croyaient les rumeurs qu'avait propagé Isobel. Mais ce n'étaient que les élucubrations d'une adolescente en colère, ils devaient s'en rendre compte, non ? Ils n'étaient pas si stupides ...

Lady Condé [ Ruthless Ravenwell - 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant