Charlie
Deux jours avant le bal, Taesch lui annonça qu'il devait annuler leur journée spéciale père-fille. Elle s'en retrouva attristée mais accepta les faits. Elle l'avait vu elle même, il avait échappé de peu à la mort quelques jours plus tôt. Elle ne pouvait pas encore croire qu'il l'avait défendue de dire quoique ce soit à qui que ce soit. Elle avait bien vu qu'il ne s'était pas complètement remit du coup porté à son flanc. Peut-être était-ce dû au fait qu'il avait dépassé les huit mille ans d'existence, Charlie ne savait pas trop. Et elle n'osait pas demander.
Quoiqu'il en soit, elle était déçue. Elle s'était imaginé une dernière bataille de boules de neige ou une dernière leçon sur le nom des fleurs avant le grand bal qui bouleverserait encore une fois sa vie. Père ne semblait pas inquiet quant au bal et il semblait parfaitement à l'aise avec le fait qu'elle soit présentée à la Cour avec si peu de préparation. Il lui disait régulièrement 'Tu es ma fille après tout!' et elle répondait invariablement 'Mais depuis si peu!'.
Mais ce n'était pas la seule annonce que son père avait à faire. Aujourd'hui, ils recevaient un de ses amis et ses enfants. Un ami de Père ... ce ne pouvait être qu'un homme très important. Il était Duc après tout et elle était presque sûre que tous ses amis devaient faire partie des hautes sphères de la noblesse. Après tout, Taesch n'adressait jamais un mot à ses propres employés quand ils se promenaient dans les vignes alors pourquoi diable irait-il se lier d'amitié avec quelqu'un des classes inférieures ?
Il refusa de lui donner plus de détail sur cet ami en disant que ce serait bien plus drôle si elle devinait par elle-même. De toute façon, disait-il, ils n'arriveraient que dans la deuxième partie de la nuit, elle avait grandement le temps de se préparer. Elle jeta un œil à son accoutrement et soupira doucement. Elle devait se changer, encore. Elle n'avait pas le droit de se montrer en pantalons devant d'autres gens que sa famille et ses serviteurs. Même le comptable de la famille ne l'avait jamais vu qu'en jupes.
Elle décida de le faire tout de suite, afin de ne plus avoir à y penser. Avec l'aide de sa jeune dame de chambre, elle enfila un corset et des jupons qu'elle recouvrit d'une belle jupe marron qui laissait voir ses mollets et d'un haut de robe bleu turquoise et noir. Une fois ses chaussures enfilées, elle réfléchit à son plan d'action. Et la première chose qui lui sembla logique était d'aller à la bibliothèque. Père y entreposait les journaux de ses rencontres importantes, pour ne rien oublier. Elle s'en servirait comme d'indice.
Suivie de sa dame de compagnie qui la suppliait de s'occuper de ses cheveux, elle se dirigea vers la grande pièce circulaire. Une fois là bas, elle remarqua que l'échelle qui permettait d'accéder aux balcons supérieurs avait disparu. Père devait supposer qu'elle viendrait ici alors il lui avait coupé la route jusqu'aux indices les plus flagrants. Hm, c'était une épreuve, une sorte de test à passer. Et la jeune femme se sentait prête.
Elle retira ses longues bottes sous les yeux effarés de sa dame de compagnie et commença à escalader la bibliothèque qui se trouvait juste le trou dans la rambarde, là où aurait dû se trouver l'échelle.
Elle manqua de faire tomber deux ou trois livres mais elle les remit habilement avec son genou. Quand elle arriva en haut, l'autre jeune fille avait disparu. Sans doute était-elle allée prévenir Père. Charlie s'en moquait bien, elle était sûre qu'il serait fier d'elle.
Elle inspecta les rayonnages pour trouver quelque chose d'intéressant et réfléchit. Si Père invitait cet ami à passer l'après-minuit avec lui ce devait être un très bon ami. Donc un vieil ami. Elle attira les seize journaux qui correspondaient au premier millénaire de l'ère d'Aesmilien, le père de l'Empereur en place et s'assit, les jambes dans le vide. Elle aimait lire de cette façon. Même si normalement elle avait des chaussures.
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Lady Condé [ Ruthless Ravenwell - 1 ]
Vampire" Dans trois jours, elle dirait adieu à cette grande maison dans laquelle elle avait grandi, à Tia et Tamera et même au cerisier qu'elle avait eu le droit de planter pour son onzième anniversaire." L'Orphelinat des Cerisiers est l'établissement...