Lady Condé [ Ruthless Ravenwell - 1 ]

27 - Star Lights

A peine changée, Charlie se dirigea vers les écuries. Elle n'avait pas prit la peine de se nettoyer et sa peau caramel était barbouillée de tâches de suie et de terre. De toute façon, elle ne dupait plus personne. Personne ne l'avait jamais acceptée comme étant une dame de la Cour, même quand son père était encore un homme influent de la société ravenite. Non, en réalité, elle n'était qu'une gamine pauvre qui avait eu de la chance.

"Charlie, où est-ce que tu vas ?"

Alianora avait prit elle aussi le temps de se changer. La robe pourpre qu'elle avait choisi dévoilait son décolleté généreux et projetait des reflets de lumière sur les murs gris à chaque pas qu'elle faisait. Elle était une vraie Dame de la Cour, une vraie femme. Elle méritait son rang, sa beauté, toute l'admiration qu'elle recevait. Et Charlie en avait assez de lui faire risquer la mort à chaque jour que les Dieux faisaient.

"Je vous ai demandé votre aide pour démasquer le véritable coupable derrière tout cela. C'est chose faite, je n'ai plus besoin de vous."

A sa droite était accroché une belle pancarte en bois, affichant fièrement la devise des artisans de la ville : La qualité se révèle à l'usage. Et c'était vrai. Charlie était bien meilleure quand elle mentait que quelques mois auparavant. A l'Orphelinat, elle aurait même été incapable de proférer le moindre mensonge.

"Mais ... Charlie, nous sommes ensemble là dedans ! Nous ne sommes même pas sûrs de ta supposition, tu pourrais te tromper !"

La jeune femme s'approcha d'un cheval à la robe ébène, impénétrable. Il avait le poil si doux et la crinière si soyeuse qu'elle était étonnée qu'il soit laissé dans les écuries du château. Cette bête devait être la monture du prince Yvan. La porte du petit box indiquait son nom en lettres argentées - Dark Horse - et était fermée par deux cadenas solides. Heureusement, Lucius lui avait appris deux ou trois trucs

"Elle l'est. Je le sais, Alianora. Les Pygargue ont une dent contre mon père, il a plus ou moins ruiné leur famille. Je dois juste aller au cadastre pour connaître leur nouvelle adresse et une fois que je leur aurais mis la main dessus ... "

Avec un soupir, elle chercha une épingle à cheveux dans la bourse qu'elle portait à la ceinture. Elle ne s'attachait que rarement les cheveux à présent qu'ils étaient courts. Elle se demandait si son père aurait approuvé mais elle n'était pas vraiment sûr qu'il ait son mot à dire. Il était bien loin d'elle, à présent.

"Et après quoi, Charlie ? C'est ridicule, tu vas leur demander d'aller gentiment avouer devant le Conseil ? Ils vont te tuer. Tu sais comme moi de quoi ils sont capables."

De lourds flocons de neige tombaient dans les cheveux chocolats de sa meilleure amie, qui arborait un visage plus décidé que jamais. L'hiver n'était pas achevé, loin de là. Ils vivraient encore de longs mois de froid. La saison des glaces promettait d'être magnifique cette année et son père ne la verrait jamais si elle ne mettait pas les Pygargue en prison à sa place. Mais Alianora avait raison. Elle ne pouvait pas tout faire toute seule.

"Je ne peux pas vous imposer ça, ce danger constant. Tu aurais pu mourir, encore, cette nuit."

Les portes qui donnaient sur l'intérieur du château s'ouvrirent en grinçant et Isobel en émergea comme une furie. Elle avait, de toute évidence, elle aussi remarqué que Charlie n'était pas dans sa chambre. Lucius suivait de près.

"Personne ne quitte le bateau. On fait tous ça pour une raison et même si tu ne veux pas de nous, on viendra quand même. On parle de trouver un remède pour mon oncle et le père de Lucius, ne sois pas si égoïste Charlette !"