CHARLIE
Elle fit une révérence bâclée avant de se retirer. Elle n'avait plus la tête à être parfaite. De toute façon, à quoi cela pouvait-il servir quand son père n'était pas là pour la voir et la féliciter? Rien n'allait plus. Elle soupira doucement en passant les grandes portes en diamant de la demeure des Fell. Oh ça, pour étinceler dans leurs richesses, ils étaient forts. Grands, parfaits, absolus. Ils représentaient la justice après tout, dans toute sa beauté. Hm.
Cette visite lui avait été amèrement inutile. Elle ne pensait pas qu'Alianora pourrait vraiment l'aider mais elle avait espéré qu'elle puisse glisser un mot à son père, lors d'un repas de famille par exemple. Il se trouvait qu'elle aurait dû mieux travailler son dossier puisque les Fell avaient un mode de fonctionnement absolument ridicule.
Sa meilleure amie, avec laquelle elle avait prit le thé, lui avait gentiment dit, avec un regard choqué, que les femmes de leur famille n'avaient pas le droit de voir les Fell de sexe masculins et qu'elles ne devaient pas les ennuyer avec leurs problèmes de bonne femme. Apparemment, l'ancien majorome était plus une figure paternelle pour Nora que son propre père ! C'était ridicule. Elle ne pouvait même pas espérer serrer son père dans ses bras après un mauvais rêve ou une nuitée atroce.
Il s'était avéré que l'intimité était proscrite, même entre filles.La mère d'Alianora les avait chaperonné tout du long de leur entrevue, reprochant aux jeunes filles leur attitude ou leurs manières de temps à autre. Bien entendu, elle avait aussi émit un commentaire sur la tenue de Charlie. 'Une jeune fille ne devrait pas se vêtir comme une femme accomplie.' répétait-elle souvent. Au final, la jeune lady en avait eu assez et lui avait répliqué avec un ton acerbe qu'elle était la Duchesse maintenant. Elle avait tous les droits et elle était sur le même niveau d'importance que la mère d'Alianora. Cette dernière n'avait plus rien dit par la suite et s'était concentrée sur son point de croix.
Charlie était presque sûre qu'elle avait dit à sa fille de ne plus fréquenter la jeune Condé avant même que celle-ci n'ait passé les fameuses portes en diamant.
Fatiguée, elle décida de céder à ses envies et de se rendre à la Tour du Jugement. Celle-ci était située au milieu de la forêt et on ne pouvait s'y rendre qu'à pieds ou en cheval. Si elle ne voulait pas tâcher sa belle robe rose et sa magnifique cape bleu nuit, elle devrait se rendre à la maison pour y récupérer la licorne de son père ou sa propre jument mais c'était à l'autre bout de la ville et elle n'avait pas envie de perdre sa motivation.
Aussi irait-elle à pieds.
Elle demanda à son cocher de la déposer à la porte Nord pour ensuite directement se rendre dans la forêt. Il lui demanda à plusieurs reprises si elle souhaitait vraiment y aller seule mais elle le rassura. Elle n'était pas n'importe qui après tout.
"Ne vous en faites pas, mon brave. Les loups sont avec moi."
Elle ne savait comment, mais son père avait une emprise sur les animaux en général,mais surtout les chiens et les loups. Et Clair aussi, avec les ours. Les Condé avaient une relation inexplicable avec les bêtes et elle se demandait si la légende sur les affinités des treize duchés avec la magie était une légende.
Quoiqu'il en soit, l'odeur de son père était partout sur elle et elle savait qu'elle ne risquait rien. Elle était déjà venue ici, avec Taesch. Il l'avait fait nourrir un faon et jouer avec un louveteau.
De là où elle était, elle voyait facilement la tour du Jugement. Horriblement dressée devant ses yeux, au milieu de la forêt. La Tour était en fait un immense arbre mort qui avait été creusé, façonné et meublé afin de ressembler à une construction de l'Homme. C'était là bas qu'étaient enfermés les traîtres à la Couronne avant leur procès. S'ils survivaient jusque là. Sinistre et couvert d'écorce noir, celui que les anciens disaient être le premier arbre de la forêt surmontait la mer de végétation et semblait juger ceux qui pénétraient sur son territoire.
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Lady Condé [ Ruthless Ravenwell - 1 ]
Vampire" Dans trois jours, elle dirait adieu à cette grande maison dans laquelle elle avait grandi, à Tia et Tamera et même au cerisier qu'elle avait eu le droit de planter pour son onzième anniversaire." L'Orphelinat des Cerisiers est l'établissement...