ALIANORA
Les diamants de son diadème scintillaient grâce à la lumière et elle se sentait plus belle que jamais. Ses longs cheveux chocolat étaient brillants et soyeux et son visage était parfaitement maquillé. Alors pourquoi se sentait-elle aussi nerveuse à l'idée d'enfiler cette robe et de se rendre au salon pour voir ses invités ? Elle avait déjà reçu des gens avant, des gens très importants ! Et jamais elle n'avait été autant sur les nerfs !
Elle fit un geste vague et sa dame de compagnie se précipita pour lui apporter la lourde robe blanche qui avait été prévue pour l'occasion. Elle possédait un sur-corset ouvragé en dentelle, des manches courtes bouffante et une sur-jupe chargée de pierreries. Avec cela, elle aurait certainement brillé de mille feux à la Cour. D'ailleurs, elle aurait dû la porter pour la première fois à la Cour.
Mais à cause de cette enquête, elle était privée de Cour, privée de mondanités. Et, comme un poisson hors de l'eau, elle se sentait déjà dépérir. Elle adorait Charlette et elle aurait fait n'importe quoi pour elle mais elle n'avait rien à faire dans des affaires d'hommes ! Isobel et elle non plus d'ailleurs ! Enquêter sur un crime ... Incroyable pour deux ladies et une princesse.
Et puis, bien sûr, il y avait la présence du prince, qui lui rajoutait encore un peu de pression. Elle sentait une bouffée d'anxiété la saisir rien qu'à y penser. Le prince héritier, le parti parfait pour toutes les jeunes nobles, allait bientôt poser ses petites fesses impériales dans un fauteuil de son salon. Et sa mère lui avait bien fait comprendre qu'il serait bienvenu pour sa personne de séduire le prince, tant qu'elle enquêterait sur la presque mort de son père. Mais bien sûr ! Le monde devenait-il fou ?
Deux mois encore auparavant, elle vivait une vie de jeune noble parfaitement normale et maintenant ... Mince ! Tout Ravenwell marchait sur la tête !
Elle tourna un peu sur elle même et sourit au miroir, plus par habitude que par réel bonheur. Une légende disait dans sa famille que si une jeune fille souriait sans cesse, elle vivrait plus longtemps. La véracité de cette légende n'avait jamais été prouvée mais Alianora pensait surtout que c'était une façon originale pour obliger les jeunes dames à se comporter ... eh bien comme des dames.
Elle remercia poliment sa dame de compagnie et passa le portique magique qui donnait sur le couloir. Si une personne possédant une arme passait sous le portique, celui-ci se mettait automatiquement à produire de la fumée, assez épaisse pour empêcher n'importe qui de voir. Alianora n'avait jamais subi de tentatives d'assassinat et n'avait donc jamais vu ce portique en action mais elle ne doutait pas de son efficacité, au moins dissuasive.
Une fois devant le petit salon du premier étage, elle sortit une clef représentant un soleil d'or de sa chevelure et l'inséra dans la serrure. Ici, on ne laissait jamais rien ouvert. Sa mère disait que c'était parce qu'ils représentaient la justice et qu'ils devaient être prudents mais Alianora pensait surtout qu'ils étaient paranoïaques.
Elle eut à peine le temps de vérifier que le thé au sang et à la crème avait bien été préparé que Firmin entra par la porte opposée à celle qu'avait emprunté Alianora. Il sembla surpris et elle lui sourit maladroitement. Firmin était le fils de Florimond, leur ancien majordome. Il avait grandi au manoir et, s'il avait en réalité quinze ans de plus qu'Alianora, la jeune dame avait toujours eu l'impression qu'ils se connaissaient comme s'ils avaient grandi ensemble.
Le majordome baissa les yeux et l'informa que ses invités étaient arrivés - si tôt ? Quel manque de respect pour des membres de la haute caste ! - avant de passer à côté d'elle pour déposer un plateau de petits gâteaux fourrés à la confiture sur la table. De la manche de son veston, il la frôla et elle frémit. Firmin éveillait des sentiments contraires en elle. Il était si beau, et gentil, et adorable et drôle, mais elle avait toujours considéré Florimond comme un père, puisqu'elle ne pouvait pas voir le sien et Firmin venait d'un monde bien inférieur au sien. Le monde des serviteurs, des ... travailleurs. Quelle horreur.
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Lady Condé [ Ruthless Ravenwell - 1 ]
Vampire" Dans trois jours, elle dirait adieu à cette grande maison dans laquelle elle avait grandi, à Tia et Tamera et même au cerisier qu'elle avait eu le droit de planter pour son onzième anniversaire." L'Orphelinat des Cerisiers est l'établissement...