Remember-partie 1

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  ... J'avais oublié ... tout ça ... le fait de ressentir ce vide au fond de sois ... se noyer dans quelque chose qui vous échappe ... rien n'a jamais été aussi dur que ce genre d'épreuve ... perdre quelqu'un ... j'avais tellement perdu ... A quoi bon se forger une carapace solide quand vous savez que tôt ou tard elle finira par céder ? Si seul ... Autrefois, j'aimais et appréciais la solitude, cela signifiait que j'étais hors des problèmes, dans ma bulle, enfermé dans mon monde. Je n'avais besoin de personne. Les évènements on fait que ... lasse de subir la folie de ma mère, j'ai préféré partir, laissant tout derrière moi, non pas sans remords. Je voulais oublier tout ça. Oublier la peine, le chagrin, la culpabilité, la faiblesse ... devenir quelqu'un de fort, de téméraire et qui n'a de compte à rendre à personne. Je me suis forgé moi-même, dans un acier robuste que je croyais infaillible mais qui s'est révélé éphémère. Depuis que mon cœur avait été blessé, même meurtri, je m'étais promis de ne me lier d'amitié avec personne ... je n'ai pas pu ... son sourire, sa joie de vivre m'a contaminé. Sa gaieté était contagieuse, même pour le cœur de pierre que j'étais. J'avais beau faire semblant de ne pas m'attacher à elle que j'ai fini par me mentir à moi-même. J'avais mis un voile à mes sentiments et pourtant ... elle a réussit à soulever ce voile et passer au-delà de mon mur, que je croyais jusqu'à lors incassable. Elle l'a abattu en un coup. Elle a su faire battre mon cœur à nouveau, moi qui croyait qu'il ne battrait plus pour personne ... du moins pas de cette façon. Elle m'a délivré de ma propre prison, moi qui croupissais derrière les barreaux que je m'étais moi-même imposés. Elle m'a tendu la main et est venue s'installer avec moi dans ma solitude. Tout est devenu subitement plus clair avec elle. Je ne supportais plus le fait d'être loin d'elle ou de ne pas la voir. Je m'étais fait la promesse de la protéger au péril de ma vie et pourtant ... c'est elle qui s'est sacrifié pour le monstre que je suis. C'est moi qui l'ais conduite dans l'obscurité et aujourd'hui c'est la culpabilité qui me ronge et me dévore jusqu'à mon âme.

Je me réveillai en sursaut, trempé de sueur. Je respirai bruyamment, ma vision encore un peu flou. Je retombai aussitôt en arrière, sur un matelas assez dur. Tout était blanc mais je n'arrivai pas à discerner plus que cela. Je battis des cils, pour forcer mon réveil. Ce fut dur. J'avais l'impression d'être engourdi. Mes membres étaient atrophiés. J'avais du mal à ne serais-ce que me lever. Je soufflai en attendant que je puisse au moins bouger mes jambes et plier les genoux. Je passai ma main sur mon front, endoloris. J'avais un horrible mal de tête, si bien que j'avais du mal à me souvenir de ce qui c'était passé. Je fis un mouvement brusque avec mon bras droit, ce qui m'arracha un juron. En effet, j'avais une perfusion sous ma peau. Je plissai les yeux. Je regardai autour de moi. J'étais ... à l'hôpital ? Mon cœur rata soudainement un battement.

- Sarah ! clamai-je pour moi-même avant de retirer la couverture de mes jambes.

J'avais encore mes vêtements même s'ils étaient déchirés de partout, mais ça n'avait pas d'importance. Je pris le risque de me lever mais à peine mes jambes eurent-elles touchées le sol que je m'écrasai sur le carrelage. J'avais l'impression d'être une poupée en porcelaine. Je me relevai difficilement, surtout à l'aide de mes bras. Mon cœur tambourinait dans ma cage thoracique. Je commençai à paniquer. Sarah ... pourvut qu'elle va bien, dîtes-moi qu'elle va bien. Mes jambes tremblaient frénétiquement, à cause de mon hospitalisation. J'avais dû perdre connaissance peu de temps après avoir vu Sarah dans ... dans un tel état. Je m'arrêtai, adossé contre un mur. Tout était entièrement de ma faute. Allait-elle me pardonner ou allait-elle me rejeter ? Une boule se forma dans mon ventre, c'était l'angoisse. Ça faisait bien longtemps que je ne l'avais plus ressenti ça avec autant d'aplomb qu'aujourd'hui. Je m'aidai des murs pour avancer. Je ne marchais pas très vite mais je marchais, c'était le principal. J'ouvris difficilement la porte, traînant mes pieds comme je le pouvais. J'arrivai dans le couloir. Beaucoup d'infirmiers s'activaient. Nous étions aux urgences visiblement. Je n'avais aucunes idées où Sarah pouvait être. Je continuai mes recherches, essayant de capter ce que le personnel disait. Mon stresse grimpait dans mes veines. Sarah ... Sarah ... c'était la seule chose à laquelle je pensais. Une goutte de sueur roula sur ma tempe. Mes mains frissonnaient, comme si j'avais froid, pourtant c'était toujours l'angoisse. Cette attente était interminable. Il fallait que je la retrouve, que je m'assure qu'elle aille bien. La dernière fois que je l'avais vu ... elle baignait dans son sang, par ma faute ... une larme passa le seuil de mes paupières. Je m'arrêtai un instant, posant ma tête contre le mur. Je ne devais pas attirer l'intention sur moi. Je ne pouvais pas empêcher mes larmes de couler, ça faisait tellement mal ... Je les essuyai d'un revers de pouce, prenant sur moi. Je soufflai pour reprendre mon souffle. Peut-être que tout allait bien ... j'espère que tout allait bien ... je prie pour que tout aille bien. Soudain, je vis pas mal d'infirmiers s'attrouper près d'une chambre. Alerté, il fallait que je puisse voir ce qui se passait. Je me faufilai entre les gens, discrètement. Mon stresse était à son apogée, tout comme mon angoisse. J'hésitai à regarder dans cette pièce. Est-ce que j'étais vraiment sûr de vouloir voir ? Ce n'était pas le stresse qui me retenait, c'était pire que ça, c'était la peur. Celle qui vous prend aux tripes et qui vous pousse dans un tourment sans fin.

Échange - (Remember) [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant