Remember-partie 3

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***

- Gladio ? m'interpella une voix dans mon dos.

Qui est-ce ? On me secoua l'épaule. Je commençai à émerger de mon sommeil.

- Sarah ? demandai-je, par réflexe sans doute.

Tili se tenait juste à côté de moi. Je me redressai quelque peu. Il semblait me dévisager avec intérêt. Il me regarda longuement, avant d'enfin prononcer un mot :

- Gladio, tu pleures ? m'interrogea-t-il en penchant la tête vers moi.

Je touchai mes joues. Elles étaient mouillées de larmes. Je ne m'en étais même pas rendu compte ! Quand est-ce que c'était arrivé ?!

- Bien sûr que non ! grommelai-je en les essuyant rapidement.

Je n'avais pas dormi comme ça depuis longtemps. La présence de Sarah m'avait toujours aidé à trouver le sommeil. Je n'avais pas lâché sa main depuis que je m'étais endormi. Combien de temps je m'étais endormi d'ailleurs ? Tili me détailla du regard. Je devais vraiment avoir une sale mine. Mes yeux me piquaient un peu à cause des larmes que je venais d'essuyer quelques secondes plus tôt. Le garçon attrapa une autre chaise pour la placer à côté de moi. Ses yeux gris verts en direction de Sarah qui était plongé dans son long sommeil.

- Ça fait longtemps que je ne t'avais pas vu, dit-il en souriant doucement.

Le regard de Tili avait l'air tellement fade que ça me fit presque sursauter. Où était passée sa bonne humeur naturelle ? La même joie qui m'énervait en fait ... Cet accident nous avait tous changé, et pas en bien. J'avais appris par ma sœur qu'elle et Tili se voyaient souvent pour en parler. C'est ce que j'aurais dû faire ... plutôt que de rester dans mon coin mais ... je déteste par-dessus tout exposer mes émotions aux autres. C'était plus fort que moi. Je n'avais rien dit, comme si troubler le silence pesant de cette pièce serait un crime. Sarah avait pâlie depuis son coma. Elle avait toujours été si forte, je ne l'ai jamais vu craquer comme je l'avais fait. Et pour ça, j'étais admiratif. Dans les premiers jours qui ont suivis notre rencontre, je la prenais pour une gamine fébrile, mais il en était tout autre.

Le Dôme Royal était toujours autant éclairé par ces spots gigantesques. Je restai planté devant, comme si j'attendais quelque chose. Je soupirai.

- Ce n'est que dans la sueur et les larmes du Dôme Royal que je peux oublier mes tourments ... soufflai-je pour moi-même, allez viens, Type:0, trompons notre solitude dans ces combats futiles.

Je m'avançai d'une marche assuré vers l'entrée du bâtiment. Le combat était bien le seul moyen que j'avais trouvé pour éviter mes problèmes. Ça me permettait déjà de m'améliorer, ce qui n'était pas négligeable, et d'oublier ma conscience pour une fois. Et je n'avais pas en tête de perdre, je voulais gagner coûte que coûte. Le hall était, comme d'habitude, bourré de monde. Rah, ce que je déteste la foule ! Trop de gens, donc trop de bruits ! Je me faufilai discrètement entre les personnes présentes. J'étais à peine rentré que j'entendis des bruits de pas, assez précipités et maladroits, entrer à leurs tours. Je me retournai rapidement, pris de court. C'était encore cette fille ! Quel était son nom déjà ? Elle marchait vite et me dépassa aisément. Nos regards se croisèrent quelques secondes avant qu'elle ne s'arrête devant les comptoirs. Elle avait l'air médusé devant l'immensité du Dôme Royal. Elle n'y était jamais venue ? Je posais ma main sur mon front. Son prénom m'échappait soudainement, ça m'énervait un peu. Elle tourna la tête de droite à gauche, comme si elle essayait de s'imprégner des lieux, son sac bandoulière suivant le mouvement de ses hanches.

- Je t'attendais ! clama une voix rauque.

En même temps qu'elle, je levai les yeux vers le balcon du premier étage. Un homme en tenue de catch descendit les escaliers sous ses yeux ahuris. Je fronçais les sourcils. Qu'est-ce que c'était encore que ça ? Moi qui étais venu ici pour être tranquille ! Je soupirai en le regardant s'avancer vers elle.

Échange - (Remember) [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant