Remember-partie 11

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  Je soupirai en me relevant. J'avais mal au crâne. A quoi cela pouvait-il bien servir d'essayer de dormir alors que je savais pertinemment que je n'y arriverais pas ? Je grognai d'énervement. Cet endroit me fichait le cafard, je détestais cette sensation, mais il fallait que je clarifie les choses ici, comme renvoyer Saubohne par exemple. J'avais oublié à quel point ma chambre ici était grande. Je sortis de mon lit, les pieds nus sur le parquet, ré inspectant les lieux sous la lumière de la lune. L'obscurité avait tendance à me faire peur quand j'étais petit, maintenant ... c'était devenue ma meilleure amie. L'ombre camouflait ma souffrance et me faisait réfléchir quand aux décisions que je prenais. J'inspirai lourdement avant d'avancer jusqu'au balcon. J'ouvris les deux portes-fenêtres vitrées. Le souffle frais de la nuit me balaya le visage, ce qui me fit le plus grand bien. Demain je repartirai peut-être, je ne savais plus trop où j'en étais. Je jetai un coup d'œil par-dessus mon épaule. Le cadeau de Sarah trônait sur ma commode, à côté de mon téléphone. La curiosité me dévorait depuis que je l'avais eu entre mes mains. Mais je devais attendre, au moins d'être à ses côtés pour le déballer. Je savais de sources sûres que Sarah voulait voir ma tête quand je l'ouvrirais. Cette simple pensée me fit sourire doucement. Après avoir longuement profité de l'ambiance nocturne, je revins dans ma chambre, refermant la porte vitrée derrière mon passage. Je soulevai le paquet soigneusement emballé par Sarah. Les bouts de scotchs répétitifs prouvaient qu'elle avait eu du mal à le faire. Je gloussai en imaginant Sarah ronchonner devant cette tâche. Mon sourire s'évanouit presque immédiatement en me rappelant que la Sarah que je connaissais, ne reviendrait peut-être plus jamais parmi nous. Je me laissai retomber sur mon lit. Je posais mon bras devant mes yeux, comme pour empêcher l'émotion gagner mes yeux.

- Ne craque pas Gladio ... ne craque pas ... m'encourageai-je moi-même dans cette situation désespérée.

Autrefois, ça aurait pu marcher, mais ... aujourd'hui ... avec tous ses problèmes ... je ... je sentis une larme rouler sur ma joue. Merde. Cette douleur ne voulait pas me quitter ! Je l'essuyai vite fait. Cependant, une autre germa au coin de mes cils. Étais-je si faible à ce point ? Je n'en pouvais tout simplement plus de toute cette souffrance. Je voulais m'en débarrasser le plus vite possible. Je ne voulais plus penser à elle et pourtant tout m'y ramener. J'avais vécu bien trop de choses en sa compagnie, et je n'avais jamais vraiment été capable de lui dire ce que je ressentais pour elle et rien que pour cela, je me haïssais intérieurement. Autant tout laisser tomber ...

Le combat avait été laborieux mais Sarah et Tili étaient vraiment bourrés de talents. Je ne pouvais que les admirer en silence, tandis que la bataille s'achevait peu à peu. Sarah s'essuyait rapidement le front, un peu trop concentrée probablement. Ils infligèrent le coup final, qui eut comme effet de mettre un terme au match. Saubohne, prit de cours, déglutit face à la force des deux acolytes.

- Bon, c'est pas tout ça, débuta Tili, toujours aussi jovial, mais moi, je veux sauver Lilie ! En avant !

J'avançai d'un pas, l'air mauvais. Saubohne m'avait vraiment mi en rogne. Tili, lui, affichait encore sa mine amusée tandis que Sarah fronçait les sourcils. Sarah tendit la main devant le directeur, l'air sérieux. Elle voulait la clé. Elle avait bataillé durement pour l'obtenir et c'est non sans un râle que l'homme la lui remit. Nous avançâmes au grand rideau de fer, juste derrière lui. Tili se retourna, affichant un grand sourire, narguant le directeur :

- Merci pour la clé, M'sieur Saubohne ! ajouta-t-il en le saluant de la main.

Sarah ricana à son tour, en un petit sourire narquois. On n'avait pas le temps pour ça !

- J'ai horreur des enfants ! persiffla l'homme, en appuyant sur le deuxième mot.

Je pris la clé des mains de la jeune fille, déverrouillant l'accès devant moi. Je ne pris le temps de les attendre une fois que celui-ci fut ouvert, je me précipitai directement devant moi. Il fallait que j'aide Lilie, c'était urgent ! J'entendis Sarah m'interpellait au loin, mais je n'y prêtai déjà plus attention. Tili me suivait. La jeune fille râla en tapant du pied.

Échange - (Remember) [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant