Échange - (Remember) [EN PAUSE]

Echange-partie 15

Notre conversation s'était écourtée depuis que je m'étais réveillée. Aucun d'entre nous deux ne parlait, comme si ça pouvait briser la plénitude autour de nous. Mes yeux rivèrent sur mon genou. Il était un peu rouge, avec un peu de peau qui était partie sur le coup. Je frottais doucement dessus. Vous n'avez pas cette envie irrésistible de vous toucher là où ça fait mal en sachant pertinemment que se sera pire après ? Pour moi c'est le cas. Ça piquait un peu, mais c'était endurable.

- Arrête d'y toucher, maugréa le blond, à côté de moi, me fixant avec un regard en coin, difficilement perceptible sous sa mèche.

- Mais j'y peux rien moi ! boudai-je.

- Ca va s'infecter après, dit-il en tournant un peu de mon côté, pour mieux m'observer.

Je croisai mes bras sur ma poitrine, comme pour me retenir d'y toucher. Gladio me regardait sans rien dire, me surveillant au passage. On arrivait bientôt à Mele-Mele, l'île se dessinait progressivement devant nous. J'appréhendais un peu la façon dont les retrouvailles avec Lilie et Tili se feraient. Les dernières choses qu'ils avaient vu n'étaient pas très glorieuses pour nous deux. Je déglutis quelque peu en y pensant. Je jetais un œil à Gladio. Il semblait, comme à son habitude, perdu dans son monde. Je ne préférais pas le déranger dans sa réflexion, sinon je risquerai de me faire incendier une nouvelle fois. Les moteurs ralentirent lentement, jusqu'à que le bateau se stabilise. Gladio se leva presque aussitôt, ne m'attendant même pas pour aller à la sortie. Je bondis de mon siège pour le suivre. Ce qu'il pouvait m'énerver celui-là ! Je trottinai derrière lui.

- Non mais oh ! Tu pourrais m'attendre ! hurlai-je en agitant les bras.

- Pas la peine, tu serais trop lente, ironisa-t-il, sans m'adresser un regard.

Je lui offris un visage blasé. Nous descendîmes de la rampe d'embarcation. Je tournai la tête de droite à gauche, cherchant des yeux Tili et Lilie. J'espérais qu'ils ne soient pas là, je priai même ! Enfin sur le plancher des vaches. Je m'étirai longuement pour me détendre de ce long trajet. Gladio se posta juste à côté de moi, l'air de s'étirer lui aussi.

- Je déteste les trajets avec trop de monde, grogna-t-il en fixant la troupe sur le port

- Tu es antisocial, j'avais oublié ! ricanai-je en lui tapotant l'épaule.

- Tss, n'importe quoi ! ronchonna-t-il en posant sa main sur son front.

- Bah, pourtant c'est l'image que tu donnes ! confirmai-je, t'es toujours tout seul.

- La preuve que non, je suis bien avec toi là, assura-t-il en me jetant un air dédaigneux mais assez sincère.

Je clignai des paupières avant de sourire. Il avait le chic pour placer des phrases plaisantes tout en masquant le sens gentil derrière son air de dure. Mais moi, avec le temps, j'avais appris à comprendre la façon dont il le faisait. Parmi la foule autour de nous, j'entendis distinctement nos noms se faire interpeller.

- Sarah ! Gladio ! criait Lilie en accourant jusqu'à nous, suivit de près par Tili.

Je bloquais ma respiration. Bon sang, qu'est-ce que j'allais leur dire ? C'était bien Gladio qui s'était enfuit comme un voleur, mais étant dans mon corps à ce moment-là, la faute me revenait. Je n'avais pas pensé à demander à Gladio un moyen de contourner le problème. Je triturai mes doigts. Lilie vint jusqu'à nous, se rapprochant de moi.

- Sarah, pourquoi tu es partie comme ça ?! Sans rien nous dire ?!

- Hum ... fis-je, mal à l'aise, je suis désolée les amis.

Elle me serra dans ses bras, tout comme Tili.

- La prochaine dit-le nous ! clama-t-il à son tour.