Echange-partie 10

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  Il avait beau me dire qu'il gérait avec moi son travail, cela ne m'empêchait pas d'avoir des appréhensions. Je fixai toujours la mer, avec une boule au ventre. Il y a des jours où il aurait mieux fallu que je reste au lit. Depuis quelques minutes on arrivait à distinguer la forme blanchâtre de l'île artificielle du paradis Aether. Rien que l'idée d'y revenir me faisait froid dans le dos. Mais d'un autre côté, j'arriverai peut-être à comprendre ce par quoi Gladio avait traversé lorsqu'il était là-bas. Je triturai mes doigts, comme toujours quand j'étais stressée. J'essayai vainement de le cacher à Gladio, lui aussi devait déjà être un peu mal à l'aise, je ne voulais pas rajouter une couche en plus. Parfois je me demandai si la solitude dans laquelle il s'enfermait volontairement ne lui pesait pas un peu ... moi je sais que je serais incapable de rester seule, j'avais trop besoin des autres pour m'aider. Mais je devais avouer que je l'admirais un peu, pour ne pas avoir craqué avec toutes les épreuves qu'il avait dû subir. Je déglutis en ne cessai de bouger sur ma baquette. Le fait de tant gesticuler énerva Gladio.

- Tu ne peux pas te tenir tranquille le temps d'un trajet ?! grogna-t-il en me donnant un coup de coude.

- Mais je suis stressée ! avouai-je en me mordant la lèvre.

- Arrête de faire ça ! râla-t-il en me fixant méchamment.

- De faire quoi ? fis-je en arquant un sourcil.

- De te mordre la lèvre !

- Rah j'y peux rien c'est un tic !

- Tu vas les abîmer !

- Qu'est-ce que ça peut te faire ?

- C'est quand même mon corps, j'en fais ce que je veux !

Je grommelai tout en arrêtant, même si je devais me contrôler pur ne pas le faire inconsciemment. Gladio s'occupait de ce genre de détail ? Pour moi ça n'avait aucune importance ! Il croisa de nouveaux les bras, repartant dans sa réflexion muette. Je fis de même. La façon si agressive qu'il avait de me parler traduisait son angoisse. Et je ne pouvais pas le blâmer pour ça, au contraire. Soudain, le bateau s'arrêta. On était déjà arrivé ? J'inspirai grandement, il fallait que je prenne sur moi ! Gladio se leva, me faisant signe de le suivre. Je le fis sans broncher. Une fois que je posai le pied hors du navire, mon sang ne fit qu'un tour. Je me retrouvai une nouvelle fois dans cet endroit oppressant. Ici c'était l'embarcadère, il y avait donc plusieurs caisses entreposées un peu partout. Je voyais beaucoup d'agents de la fondation s'affairaient à les déplacer. Les murs étaient d'un blanc presque agressif et violent. Gladio m'attrapa par le poignet, voyant que je faisais une fixette sur le décor.

- Suit moi, dit-il seulement en se frayant un chemin parmi les employés.

Dès que nous passions à côté d'eux, ils se retournaient avec de grands yeux, souvent disant des « Monsieur le président ». Je me sentais tellement mal à l'aise que je fuyais leurs regards, me laissant trainer par Gladio. Celui-ci semblait ne pas y prêter attention. Peut-être avait-il tout simplement l'habitude ? En attendant, il m'entraîna jusqu'à l'ascenseur triangulaire. Il appuya sur une série de boutons, code qui me parut totalement abstrait. L'ascenseur monta. Gladio n'avait pas lâché mon poignet depuis qu'il s'en était saisit. Les lumières autour de nous m'éblouissaient un peu. Finalement, nous arrivâmes dans le rez-de-chaussée, beaucoup plus lumineux, mais toujours aussi vide et immense que la dernière de fois que j'étais venue. Il y avait pas mal de personnes, autant d'employés que de visiteurs. Gladio ne fit qu'un pas en dehors de la plateforme de l'ascenseur qu'une troupe de personnes s'attroupaient déjà autour de nous. Je reculai un peu, prise par surprise, Gladio aussi. C'était d'autant plus gênant que tout le monde me fixait moi et pas le principal concerné, puisqu'ils ignoraient notre changement de corps.

Échange - (Remember) [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant