Echange-partie 20

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Je ne peux pas y croire ... c'est pas possible ... non ... ça ne ce peux pas ... pourquoi ?

- ... Pourquoi ... ? marmonnai-je, ma voix s'étant éteinte subitement.

Les larmes glissaient le long des mes joues, suivant avec difficulté les plis de ma peau. Cette sensation horrible qui vous saisit par les tripes ... comme si votre cœur ne battait plus ... il manquait une partie de moi, elle s'était envolée soudainement. Je serrai mes mains fortement sur la peau de mes genoux. J'avais l'impression d'avoir perdu la moitié de mon âme, que quelque chose m'avait été retiré des manières les plus cruelles qui soient. J'étais en état de choc, je n'arrivais plus à faire le moindre mouvement. Mes larmes coulaient certes, mais je n'arrivai pas à pleurer tant j'étais mal. Je voulais me lever mais je n'y parvenais pas. Mes bras tremblaient frénétiquement, sans que je ne puisse rien y faire. Je me mordis si fort la lèvre que je crus que j'allais en saigner. Cette douleur était trop dure à supporter. Je redressai la tête, aussi vaillamment que je pus. Je posais une main au sol, pour me forcer à me relever. Je devais me reprendre ! Je n'avais pas le droit de baisser les bras ! Pas maintenant ! Je titubais, mes jambes refusant tout ordre de ma part. Pourtant, il fallait que je me remette sur mes jambes. Malgré la peine qui me submergeait, je dû affronter la réalité, et prendre sur moi. Je réussis, après de multiples tentatives très peu convaincantes, à me tenir debout. Le ciel était couvert de nuage, comme si la paix qui régnait sur Alola s'était ternie, effritée. Je séchai mes larmes avec mon pouce, assez rapidement. Ce qui était de la douleur se transforma en haine. Je déglutis, pour essayer de me concentrer, évitant de m'écrouler une deuxième fois. Je serrai les poings, un désir de vengeance embrasant mes yeux mouillés de tristesse. Quiconque avait osé me voler une partie de mon cœur, juste sous mes yeux, aller le payer chère ! Je savais très bien où aller, et, à cet instant, c'était ma seule motivation. Plus rien n'était plus important que de retrouver Gladio.

- Lunala ! criai-je dans le silence qui régnait autour de moi.

Je ne dû pas attendre très longtemps avec que le majestueux Pokémon ne vienne à moi. Il me targua de toute sa hauteur impressionnante. Le Pokémon me dévisagea, son air si fier virant à l'inquiétude. Il pencha sa tête vers moi. Je serrai les poings.

- Lunala, je veux que tu m'emmènes au Grand Canyon de Poni !

Le Pokémon semblait désemparé. Il frotta son visage contre ma joue. Je le regardai avant de murmurer :

- Dépêchons-nous !

Lunala, bien que réticent à mon plan, obéit néanmoins, me laissant l'autorisation de monter sur son dos majestueux. Jamais je n'étais montée sur son dos, c'était une drôle de sensation. Je me cramponnai à son cou, tandis qu'il se préparait à s'envoler. Déjà en lévitation au dessus de sol, le Pokémon légendaire donna une forte impulsion avec ses deux immenses ailes lunaires afin de se propulser dans les airs. Je dû me tenir comme je pus pour ne pas trop être bousculée. D'ici, les nuages sombres et orageux paraissaient encore plus menaçants. J'inspirai fortement, pour me donner du courage. Lunala s'élança dans le ciel avec toute la beauté qu'il avait naturellement. Il fonça au travers de la brume nuageuse, le vent sifflant à mes oreilles. Mes cheveux virevoltaient en tout sens, si bien que j'avais abandonné le fait de me recoiffer. Il fallait faire vite, rien d'autre n'avait plus d'importance que de sauver Gladio. Le Pokémon de la lune battait furieusement des ailes, comme si mon angoisse était communicative. Je ne voyais plus le sol tellement nous étions haut, mais je n'avais pas peur, pas quand j'étais avec Lunala, je lui faisais pleinement conscience. Après quelques minutes de vol, qui me parurent interminable, l'île de Poni se dessina sur l'océan. Lunala descendit un peu, pour être plus proche de la terre. Le sifflement du vent ne me gênait plus, il était bien le dernier de mes soucis. Nous arrivâmes au-dessus du Grand Canyon, comme je lui avais demandé. Je vis bientôt se tracer, sur une haute pointe de roche, un hôtel dédié à la lune et au soleil. C'était le seul passage que je connaissais où l'ultra-brèche était encore active. J'avais seulement besoin de l'aide de Lunala pour l'ouvrir. Mon Pokémon ralentit pour se poser en douceur. Ses ailes reprirent un rythme stable avant de se pencher pour que je puisse descendre. Je ne me fis pas prier. Les pieds au sol, je me dirigeai sans plus attendre vers la fissure bleutée qui brillait devant moi. La lumière qui s'en échappait était faible et reluisait lentement. Je déglutis. Sans me retourner, j'ordonnai :

Échange - (Remember) [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant