Remember-partie 14

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***

  Sarah ! Sarah ! Sarah ! Ce nom m'obnubilait. Je ne pensais à rien d'autre. Je courrais jusqu'à l'hôpital, sans prendre le temps de reprendre ma respiration. J'avais du mal à y croire, ou du moins à le réaliser. Sarah ... toi qui n'a pas donné signe de vie depuis longtemps, voilà que tu reviens sans crier garde ?! Je fonçai comme une flèche. Silvallié peinait à me suivre pour une fois. En arrivant devant le bâtiment, je poussai la porte à toute volée, sans aucunes délicatesses. Je n'avais pas le temps pour des futilités pareilles. Sarah, j'arrive. Je veux te voir, j'ai besoin de te voir. Si tu savais combien tu m'as manqué ! Sarah ... Mes pensées étaient confuses et je ne savais plus trop où donner de la tête. J'étais complètement embrouillé. Je traçais directement en direction de sa chambre, gravissant les marches des escaliers quatre à quatre. Je n'avais que faire des gens autour de moi, seule elle comptait. Je veux t'entendre parler, je veux pouvoir entendre le son de ta voix ! Soudain, le visage de ma sœur, troublée, parvint dans mon champ de vision. Je ne perdis pas une seconde de plus.

- Gladio, attend ! cria-t-elle en me voyant débouler, les médecins ont dit-

J'ouvris en trombe la porte de la chambre de Sarah. Je n'avais rien à faire de ce qu'avait à dire les médecins. Je me stoppai net, muet. Sarah était là, assise sur son lit, le regard vague. Je crus que j'allais m'évanouir tant j'avais attendu ce moment. Mon cœur battait à tout rompre, non seulement parce que j'avais couru comme un fou, mais surtout parce qu'elle était enfin là, devant mes yeux, vivante. Elle se retourna rapidement vers moi au bruit de la porte fracassée contre le mur. Ses magnifiques yeux bleus, que je pensais ne plus jamais pouvoir admirer, me dévisageaient. Je me sentis submergé par l'émotion, mais incapable de dire quoi que ce soit ou même de bouger. Ma vue se brouilla, je me sentis sur le point de tomber à genoux, mais je fis tout ce que je pouvais pour me retenir. Une larme roula sur ma joue, une seconde la suivie. Sarah battit des cils, interdite. Je fis un pas vers elle. Elle posa sa main sur son cœur, l'air grave.

- ... Sarah ... bredouillai-je, incapable de dire autre chose.

Elle sursauta. Je ne pus m'en empêcher, ce fut plus fort que moi, je la pris dans mes bras, la serrant aussi fort que je le pouvais, éclatant en sanglot. Je ne cessais de répéter son nom. J'aimais pouvoir la sentir, pouvoir toucher ses cheveux, entendre sa respiration. Toutes ses petites choses qui faisaient d'elle ce qu'elle était. Elle ne répondit pas à mon étreinte et soudainement, sans que je le comprenne, elle me repoussa violemment. Je restai sous le choc. Elle semblait paniquée et perturbée, me regardant avec indifférence. Son regard mon transperça. Sarah ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Elle fronça les sourcils.

- Je suis désolée mais ... on ne se connait pas.

Mes yeux s'écarquillèrent. En une seconde, en un seul mot, tout mon monde s'écroula. Ses mots résonnaient dans ma tête. J'entendis Lilie sangloter derrière moi. Non. C'est impossible. Je sentais une vive douleur, comme si mon cœur se détruisait lentement, retirant toute ma joie et tous mes espoirs avec lui, emportant tout dans son sillage. Un vide immense prit possession de moi. Mes larmes continuèrent de couler, sans que je puisse y faire quoi que ce soit.

- Laissez-moi tranquille ! clama-t-elle en reculant sur son lit d'hôpital.

Je fis un pas en arrière, lentement, presque livide. Sarah s'agrippa à ses draps, l'air apeuré. Je ne la reconnaissais plus, ce n'était pas la Sarah vaillante et forte que je connaissais. Mon corps entier tremblait. Je n'osais y croire, non, je ne voulais pas y croire !

- Sortez de ma chambre !! cria-t-elle une nouvelle fois, en lançant le vase de fleurs jaunes sur le sol.

Je reculais, complètement en état de choc. Lilie essaya de saisir mon bras mais je partis en courant. Je voulais juste partir, je voulais être seul ! Cet endroit maudit, je ne voulais plus y remettre les pieds ! Je ressortis d'ici aussi vite que j'y étais entré. Ce n'était pas possible. Je secouai la tête violemment, chassant mes larmes qui longeaient mes joues. Qu'est-ce que j'avais fait pour mériter ça ?! J'entendis mon Pokémon japper derrière moi, mais j'étais incapable de faire demi-tour. Je voulais juste disparaître, partir. Au bout d'un certain temps, à bout de souffle, je m'arrêtai devant une décharge, traînant des pieds, le cœur meurtri de toutes ses émotions vives. Je saisis le premier tuyau en mental qui me tombait sous la main. La colère, la haine, commençait à passer au-dessus de la tristesse et du chagrin. Je soufflai à un rythme irrégulier, bruyamment. Je me mis à frapper tous les objets abandonnés de cette décharge, pour me défouler, ou du moins donner un sens à ma colère. Je m'acharnais dessus comme un fou, voulant oublier la peine qui me submergeait. Je veux que tout s'arrête, j'en ai marre, j'en peux plus. Je m'arrêtais devant un vieux mannequin. Je serrai plus amplement le tuyau rouillé entre mes doigts, à m'en déchirer la peau. Mon visage se changea en une expression horrible. J'en voulais à tout le monde. Mes bras se mirent à frémir.

Échange - (Remember) [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant