Vojolakta

2. Horus

Pour les roux, les Kili'an possèdent une certaine passion. Mais jamais avec eux ils ne coucheront. – Journal intime du premier Aar'on –

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– Franchement, tu pourrais faire attention à tes affaires ! Je veux bien avoir une intelligence largement supérieure à la normale, je ne suis pas une magicienne ! Regarde, le moteur est broyé et la partie censée programmer l'IA est en morceau ! Et je ne te parle pas des articulations où tout est à refaire ! Cela va nous coûter une fortune en pièces détachées ! Et tu ne veux pas mettre un slip ? Je sais que les frécheurs t'ont volé ta ©Végéscratch, mais bon, ce n'est pas une raison pour te rouler par terre à poil en plein milieu du poste de pilotage.

Alors que le vaisseau Swinton sautait de Vortico en Vortico jusqu'au système Solruben – celui-là même qui dominait tous les autres dans la Fédération et qui hébergeait la base orbitale Thot ainsi que la planète-capitale Horus –, Yun'ah s'affairait avec les diverses pièces de Mart-1. L'androïde, heureusement assez peu traumatisé par son état, ne trouvait pas désagréable d'être ainsi manipulé par les doigts experts de la mécanicienne de l'équipe. Il fallait bien l'avouer, depuis que cette dernière avait été assignée à l'unité Kili'an, Mart-1 n'avait eu de cesse de l'admirer, jusqu'à développer certaines anomalies émotionnelles au niveau de son intelligence artificielle.

– C'est pas moi, c'est l'Ashtar ! – pleurnicha Kili'an en faisant des cercles avec son index sur le sol. Il était trop méchant en plus ! Il a cassé mon robot, et en plus, il voulait m'arracher mon collier ! J'suis trop malheureux, et toi, tu me grondes, c'est pas juste !

– Ça serait une bonne occasion pour s'en débarrasser et en acheter un autre – interjeta l'intelligence artificielle du vaisseau, programmée pour servir aux mieux les intérêts de l'Humanité toute entière. D'ailleurs, nous sommes bientôt arrivés sur Horus, on devrait pouvoir trouver de bons modèles à pas cher. C'est que le budget accordé par l'Aar'on à cette unité d'opération spéciale n'est pas infini !

– Jamais ! – s'opposa le jeune blond. C'est mon meilleur ami ! Je l'ai depuis l'enfance, j'y tiens trop ! C'est mon robot à moi ! J'veux qu'on me répare mon robot ! Si on ne me le répare pas tout de suite, je boude !

En effet, Kili'an possédait Mart-1 bien avant de rencontrer l'Aar'on. Petit enfant, il vivait avec son grand frère sur Douamoutef, la lune qui servait de décharge à la luxuriante Horus. C'était le lieu où finissaient souvent les déchets de la société, et les déchets tout court. L'adolescent s'était toujours considéré comme en étant un, ce qui expliquait pourquoi il avait si facilement sympathisé avec ce robot dont plus personne ne voulait et qui avait été jeté là en attendant que la rouille ne le détruise. En avait résulté sur sa carcasse une magnifique couleur rouge-orangé que le garçon aux yeux verts ne détestait pas. Ainsi naquit une longue amitié. Par fidélité, jamais l'androïde ne quitta son maître, même quand ce dernier fut arraché à son astre pour suivre le chemin que lui avait tracé le destin. Il était ce que les écrits anciens nommaient un Kili'an, plus précisément celui du vingt-septième Aar'on.

Depuis des temps immémoriaux, de fils en fils, la dynastie des Aar'on régnait sur la Fédération, les Humains et les Âminêtres. Tous avaient comme point commun de brillants cheveux noirs, une classe largement supérieure à la moyenne et la maîtrise de Vortication, un Regard Particulier des plus puissants. Ce dernier leur permettait de créer des petits Vorticos temporaires et de dominer la volonté n'importe quel être vivant présent dans leur sphère focale. Souvent, celle-ci pouvait s'étendre sur plusieurs centaines de mètres, les rendant presque intouchables. En l'absence de dieux à vénérer, c'était vers eux que se tournaient tous ceux qui avaient envie de prier. Plutôt que de compter les années à partir d'un point fixe, les hommes se mirent à parler d'ères, par exemple celle du dixième, dit le Malheureux, du dix-septième, le Pacificateur, ou du vingt-et-unième, le Héros.