Vojolakta

7. Varaha

Rien n'a plus de valeur que les yeux d'un Kili'an, si ce n'est son derrière. Même les plus belles émeraudes ne brillent pas du même éclat vert. Par contre, c'est super compliqué de se faire rendre la monnaie quand on veut payer avec. – Journal intime du premier Aar'on –

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– Au fait, avec l'autre qui boude dans sa cabine, qui c'est qui conduit ?

L'innocente question de Yun'ah fit se lever la tête de ses camarades, quand bien même l'Intelligence Artificielle qui habitait le Swinton n'en avait pas. Enfin, pour palier à ce petit problème technique, heureusement qu'il existait les hologrammes, sans quoi toute une histoire aurait pu se casser la figure à cause d'un simple petit détail de la sorte.

L'astéroïde lancé à pleine vitesse sur la route de l'équipage répondit de manière évidente à l'interrogation de la mécanicienne. Avec personne aux commandes, le vaisseau suivait simplement une route programmée à l'avance en mode pilote automatique. Cette fonctionnalité permettait de se reposer pendant de longs trajets et était très souvent utilisée par les voyageurs. Le seul rôle du commandant était alors de prévoir la trajectoire de certains corps célestes en inertie libre afin de corriger celle du vaisseau et d'éviter les carambolages. En effet, lesdits corps célestes en inertie libre étaient souvent peu enclins à remplir leur partie du constat à l'amiable, pour cause d'absence totale de matière grise à leur surface et d'une maîtrise du langage plus que rudimentaire faite de « pshhhhh » et autres « fsioouuuuuu » qui, de toutes manières, ne pouvaient pas s'entendre dans le vide faute d'air pour porter les ondes sonores.

La secousse, violente, arracha une partie de la carlingue, ce qui poussa tout l'équipage à voter la levée de la punition de leur capitaine même si ce dernier refusa pendant de longues minutes de sortir de sa chambre en arguant qu'il était fatigué ; qu'il fallait qu'il se repose ; que tout le monde était méchant avec lui sauf son chien qu'il aimait ; que de toute manière il n'y connaissait rien en bricolage et que c'était le boulot de Yun'ah de réparer tout ça, ; mais qu'il voulait bien faire une partie de jeux vidéo avec Mart-1 si ce dernier acceptait de s'excuser pour les autres, même si ce pauvre robot n'avait à proprement parler rien à se reprocher.

Ce fut donc traîné de force par la peau des fesses – qu'il avait fort jolies d'ailleurs – que Kili'an dut se mettre au travail et prendre les grandes décisions qui lui incombaient. Le Swinton partiellement HS, il fallait procéder au plus vite à un atterrissage, ne serait-ce que pour recharger les batteries qui semblaient s'être vidées lors du choc. Solruben étant inatteignable, il fut décidé à l'unanimité des blonds présents de faire un stop sur le système le plus proche, Solissacar, et de s'arrêter sur la première planète viable qui pointerait le bout de son nez.

Troisième astre en partant du soleil Vish, Varaha était une terre plutôt petite recouverte d'une luxuriante végétation dont les couleurs principales étaient le jaune et le vert. En outre, elle possédait une faune sauvage très variée, avec quand même beaucoup de dents partout, il fallait bien l'avouer. Par contre, des colonies d'Âminaux ou d'Âminêtres prêts à aider un pauvre équipage dans le besoin, cela ne courrait pas la forêt. À peine les voyageurs avaient-ils posé un pied par terre qu'ils se retrouvèrent attaqués par des Tigrs et des Phans, de charmantes bestioles très affectives quand elles n'avaient pas faim, ce qui arrivait moins rarement qu'on pouvait le croire. Par exemple, deux Humains et un chien faisaient un repas tout à fait équilibré capable de rassasier un Tigr adulte pendant quelques jours. Après, pour les Phans, c'était plus compliqué : principalement végétariens, c'étaient les ©Végéscratch et leur goût sucré-acide qu'ils adoraient déguster avant de célébrer la fin de leur ripaille en écrasant de leur lourde pattes musclées tout ce qui ressemblait à du métal, vaisseaux et robots compris. Comme le disaient les rares autochtones vivant sur cette étrange planète : sur Varaha, on sait s'amuser !