Vojolakta

8. Le conseil des douze

Tout comme le chien aboie et la vache meugle, le Kili'an piaille. C'est là sa signature vocale. Ses plus forts gémissements, le plus souvent dans l'intimité se font entendre. – Journal intime du premier Aar'on –

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– S'ils sont de retour, il faut les exterminer !

Rarement Gér'ar ne s'était fait aussi vindicatif. Représentant le système Solsiméo, le père de l'Aar'on jouissait d'une aura particulière au conseil des douze. En excluant le premier ministre Kha'ro et son fils qui présidaient les débats, il était le deuxième en importance dans l'ordre de préséance qui s'appliquait au plus haut organe de contrôle et de décision de la Fédération, juste derrière sa collègue Strick. Seule Humaine du conseil, cette dernière représentait avec une poigne de fer le Système Capitale de Solruben. Connue pour sa rigueur rigoriste un peu trop rigoureuse, elle s'opposait souvent aux décisions de l'Aar'on, mais toujours avec justesse et mesure, dans le but de servir les intérêts de Vojolakta. Cela n'était hélas pas forcément le cas des autres présents, bien plus intéressés par leur propre personne que par la chose publique.

Au troisième rang, on retrouvait ainsi Bruiss, un Humain Volant de Soljude, passionné par l'histoire et notamment celles des premiers Aar'on. Venaient ensuite les Avs Aart'i et Jéa'nne représentant Solissacar et Solzabul ; le fameux Rongé'du de Soldane qui avait dû renoncer à être présent ce jour-là pour cause de très gros trou dans le ventre – fort heureusement, personne ne remarqua son insignifiante absence – ; puis le seul Voduo du conseil, issu du système Solnephtali. À leurs côtés, deux Humains très sages appuyaient souvent les décisions du gouvernement. Mathuz était le plus vieil être encore vivant à s'asseoir autour de la grande table ovale. Représentant Solgad depuis le dix-huitième Aar'on, la légende racontait qu'il avait participé au test de l'âmination des Ztékojs, sous le vingt-et-unième. Les épreuves s'étaient malheureusement soldées par la mort de tous les candidats. Véritable puits de science, le vieil homme ne pouvait plus guère se déplacer et était maintenu en vie sur place par quelques machines. Phili'ip, lui, était bien plus jeune. C'était sa bonté, sa générosité et sa droiture qui avaient poussé le jeune brun à le nommer quelques mois plus tôt comme représentant de Solasher. Enfin, trois Kekchis menés par l'austère Bourgnal complétaient le tableau et siégeaient au nom des systèmes Solmanassé, Solphéra – d'où ils tiraient leur origine – et Soljamine. Après la guerre contre les Ashtars, l'Humanité avait jugé bon de panser les blessures de leurs amis Kekchis en leur donnant comme tribut ce qui restait de l'empire des vaincus et de leurs alliés Ztékojs. La justice brune avait ainsi parlé. Depuis le vingt-deuxième, la composition du conseil n'avait pas évolué. Parmi les douze Âminêtres, six étaient Humains – dont un volant, un aquatique et un souterrain –, trois Kekchis, deux Avs et un Voduo. Et l'Aar'on les gouvernait tous.

– Ne précipitons pas notre décision ! – réagit calmement Strick. Pour l'instant, un seul Ashtar aurait été aperçu, et nous n'avons même pas retrouvé le corps. Il est encore tôt pour parler d'un retour du Bottel'ron. La Fédération vit en paix, nous devons penser aux différentes espèces qui coexistent sous notre responsabilité.

– Elle... elle... a... rai...raison – poursuivit le vieux Mathuz avec difficulté. Avant d'ex... exterminer quelqu... qu'un, il... il fau... faudrait savoir qui... qui est notre vé... véritable ennemi.

– Ce que veut dire mon collègue – compléta Phil-ip, c'est qu'il faut d'abord enquêter sur le péril qui nous guette... Souvenez-vous que l'anti-humanité a assassiné le vingt-sixième Aar'on il y a quelques années à peine. Rien ne nous dit que les derniers événements en date ne sont pas liés. Cet Ashtar isolé aurait très bien pu être envoyé par nos ennemis intimes comme diversion ou pour semer la zizanie entre nous !