Partie 2 : le réveil Ashtar - 26. Witz

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Quand un Kili'an est vraiment en colère, il fait la grève du sexe. Et après, le manque le met encore plus en colère. Et le voir en colère, ça rend furieux son Aar'on, qui est méchant avec lui, ce qui le met encore plus en colère. C'est compliqué la vie de couple... – Journal intime du premier Aar'on –

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Au chevet de la Catel'rine, l'Aar'on pleurait. L'atmosphère de Lug était lourde et humide, comme si ses propres larmes avaient chargé l'air qui l'entourait. Il avait tué le père. Il aimait toujours aussi profondément la mère. La sauver était la dernière volonté que lui avait glissée son géniteur à l'oreille avant de redevenir poussière. Le mal qui la touchait était bien trop vil et puissant pour que le jeune Légitime puisse le vaincre par ses propres moyens. Seul l'espoir d'une Résonance sans pareil dans l'histoire de l'Humanité lui permettait encore de croire en une fin heureuse. L'amour était plus fort que lui, plus fort que tout. Il avait simplement besoin d'un jeune garçon blond à embrasser, caresser et combler. Un garçon au sourire brillant et joueur et aux pommettes roses, tantôt gonflées, tantôt creusées, selon son humeur du moment. Un garçon magnifique, de toute son âme et de tout son être, de ses doigts de pieds jusqu'à son cœur. Un garçon aux lèvres douces et gorgées de miel, capable de mille et une caresses pouvant guérir les pires blessures par leur simple apposition. Un garçon qu'il avait aimé dès le premier regard et qui représentait tout pour lui. Un garçon qu'il avait blessé en voulant le protéger, heurté en voulant le cajoler, détruit en voulant le préserver. Un garçon qui lui manquait plus que tout depuis qu'il avait déguerpi. Un garçon sans qui ses nuits étaient aussi froides et tristes que le vide remplissant l'univers. Un garçon candide, spontané, drôle et rempli de qualités qui compensaient mille fois ses quelques rares défauts. Un garçon qui le fuyait depuis déjà plusieurs mois et qui ne voulait plus lui adresser la parole. Un garçon qui le haïssait presque autant qu'ils s'étaient aimés.

– Pardon, mère... – geignit l'adolescent – Je ne peux pas rester près de vous. J'ai un empire à diriger. Un Kilian à aimer et à reconquérir... Je ne peux pas me détourner de ça... Je ne peux pas...

– C'est bien... – sourit la vielle femme avec difficulté en posant ses doigts ridés sur le visage humide de son fils. Te voir aimer, c'est ce que j'ai toujours souhaité pour toi. Ce garçon, ce Kili'an... il est gentil, vraiment gentil. Je suis heureuse pour toi...

Alors que les meilleurs médecins avaient indiqué à l'Aar'on la direction de la sortie pour que sa génitrice puisse se reposer dans l'attente de soins lourd et douloureux, le jeune brun s'écrasa contre un mur de pierre au bout d'un couloir et gémit comme rarement homme avait gémit avant lui. La douleur qui parcourait sa poitrine était trop intense. Pendant trop longtemps il avait fui la réalité, prétextant des affaires urgentes et les intérêts supérieurs de sa Fédération. La révolte menée contre lui par son propre géniteur n'avait pas arrangé les choses. Partout, la défiance était devenue la règle. Des fugitifs se cachaient dans chaque recoin de Vojolakta, le système Solphéra était à deux doigts de se soulever et de faire sécession, les victimes de l'anti-humanité se comptaient par milliards d'Âminêtres... et son Kili'an n'avait pas remis les pieds sur Thot depuis leur dispute, échappant avec son équipage à tous les radars.

L'Aar'on était seul et impuissant. Sans sa mère, il ne pourrait plus vivre. Sans son ange, il ne voulait plus. Son Kili'an lui manquait. Leur amour, leur complicité et leur complémentarité, surtout. Le mensonge et la honte lui avaient arraché une partie de lui-même.

Une voix qu'il connaissait bien le coupa dans ses hurlements

– Bon, arrête tes délires mortifères, c'est pathétique là... T'es l'Aar'on, t'es censé être imperturbable et avoir la classe. Je sais bien que tu as des messages à faire passer, que tu es sincèrement triste et que tu veux faire culpabiliser ce petit con qui te fait la gueule, mais quand-même, là, tu manques cruellement de subtilité, même si ta peine est sincère.

VojolaktaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant