11. Tapu

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Les Kili'ans, c'est comme les barres chocolatées : un p'tit coup et puis ça repart ! – Journal intime du premier Aar'on –

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Une Ztékoj. Une Ztékoj à la peau parfaitement rose, preuve de sa féminité. Une Ztékojs qui affichait fièrement son appartenance à son peuple en dévoilant l'intégralité de son épiderme. Une Ztékoj qui, à l'aide de son RP « Vertige », semblait transformer du tout au tout la réalité, les sons, les bruits et les formes piégés à l'intérieur de sa sphère focale. Une Ztékoj qui se léchait en souriant sa main couverte du sang des quelques Humains qu'elle avait découpés en morceaux. Une Ztékoj qui, semblant prise de pulsions morbides, se tordait de rire en enroulant ses longs bras tout autour de son corps.

Armé de sa combinaison qui l'enveloppait tel du lierre et de son fleuret lui aussi recouvert de plantes, Kili'an tendit sa lame en direction de l'ignominie qui venait d'assassiner un de ses nouveaux amis. Pris de fureur, il étira sa sphère focale sur des dizaines de mètres et fit voler allégrement ici et là tout ce qui entra dans son champ de vision. Dans sa tête, une petite musique automatique jouait en boucle la même mélodie. Tape, tape, tape, jusqu'au bout, tape, tape jusqu'à la mort, tape, tape, tape, venge-toi de ce monstre, tape, tape, tape... Et tape encore.

Pourtant, malgré sa rage et la masse des blocs de pierre et de gravats qu'il envoya vers la Ztékoj, cette dernière évita tous les coups sans le moindre problème. Loin d'être impressionnée, elle se dandina même sur elle-même avant de riposter avec tout autant de véhémence. Le jeune soldat s'abrita derrière un mur de végétaux dont il avait pris le contrôle. Il lui fallait une stratégie, mais il abandonna vite l'idée. Il était trop en colère ! Rentrer dans le tas était sa seule option. Alors, se servant des longs filaments végétaux acérés qui l'entouraient pour dévier les projectiles, il fonça en direction de l'inconnue, la pointe de son épée tendue devant elle. Le choc des sphères focales envoya les deux combattants au tapis. Une, deux, dix fois, Kili'an se releva et repartit à l'assaut afin de s'approcher suffisamment près pour essayer de graver dans son esprit le visage de l'être à abattre.

Enfin, alors que la Ztékoj aussi avait profité de l'occasion pour se rapprocher de son adversaire, leurs yeux se croisèrent à quelques millimètres à peine. Face au visage fermé et bouillonnant de Kili'an, elle afficha un étrange sourire laissant apparaître deux rangées de dents collées l'une à l'autre. Du bout d'une de ses pointes feuillues, l'adolescent érafla la joue de la Rosée, ce à quoi elle répondit immédiatement par un coup de poing qui lui brisa trois côtes et par un coup de couteau qui lui ouvrit le flanc. La petite lame que l'Âminale venait d'utiliser appartenait, tout comme le fleuret de Kili'an, aux ruines des anciennes civilisations. Seuls des fous et des nostalgiques s'en servaient en combat rapprochée. La créature ne cachait pas sa démence.

Alors que le blond crachait une partie de son sang au sol, la Ztékoj ricana en se tenant sa joue mortifiée avant de partir dans un puissant et incoercible fou rire. Elle se tordait dans tous les sens. Rien ne semblait pouvoir arrêter sa crise. Sa réalité, qu'elle imposait par la force de son Regard à son adversaire, était faite de multiples couleurs déstructurées. Les formes ne représentaient plus rien. De nouvelles, impossibles, se créaient à chaque instant. Pour Kili'an, l'afflux à son cerveau d'informations aussi discordantes lui procura une intense douleur, comme si sa boîte crânienne se fissurait de l'intérieur. Le bleu du ciel devenait rouge, le rouge du sang devenait vert, le vert de sa ©Végescratch devenait mauve. Il avait l'impression de devenir fou. La perte totale de repères le fit hurler à la mort. Ses cris se conjuguèrent à merveille avec les relents de rire de celle qui se tenait devant lui. La transformation de ce qui l'entourait l'empêchait d'utiliser convenablement Chlorophyli. Son RP ne reconnaissait plus la couleur de sa combinaison. Déchiquetée, elle tomba en lambeaux à côté de son corps nu.

VojolaktaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant