25. Tsukiyomi

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Le jour où le Kili'an ne souffrira plus, l'Humanité courra à sa perte. – Journal intime du premier Aar'on –

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Une fois Gér'ar exécuté, il ne fallut pas beaucoup de temps à l'Aar'on pour reprendre le contrôle de son empire. La Résonance qui avait eu lieu sur Susanoo rappela à tous les rebelles à quel point il pouvait être dangereux de s'en prendre au jeune brun, surtout quand ce dernier faisait du rodéo sur la croupe de son Kili'an. L'antihumain démasqué, l'armée se rangea immédiatement derrière son souverain légitime et se mutina contre tous ses généraux qui désiraient encore faire appliquer les ordonnances du conseil. Le grand Khass-Kouil se fit même pendre par quelques excités avec une corde faite à partir de ses propres boyaux. La majorité des autres traîtres se rendirent en proclamant l'erreur de bonne foi, se firent arrêter avec plus ou moins de facilité, se suicidèrent – avec ou sans assistance – ou moururent dans des accidents d'une grande stupidité. L'exemple le plus fameux à noter fut la fin prématurée de ce haut gradé Kekchi, foncièrement anti-Aar'on, qui perdit la vie en fuyant par un hublot le vaisseau occupé par ses hommes restés fidèles au Légitime. Personne n'avait pensé à lui indiquer qu'il était parfaitement dangereux d'ouvrir une fenêtre dans le vide spatial. Certains experts relevèrent tout de même que les vitres des différents croiseurs fédéraux ne pouvaient pas s'ouvrir en vol, et donc que le Kekchi souffrait vraiment d'une immense maladresse ! Finalement, l'affaire fut classée sans suite et le sang sur les mains de ses soldats lavé à l'eau claire. Mais quand même, une interrogation restait : pourquoi l'édile avait-il essayé de s'enfuir en plusieurs morceaux, en commençant par les organes reproducteurs et en finissant par la tête ? Nul n'avait la réponse, et peu de monde la chercha. Après tout, il était plus sage pour chaque être vivant de s'occuper de ses propres affaires.

Après ce qui venait de se passer sur Yum, Thot et Susanoo, de lourdes mesures de sécurité furent immédiatement prises pour protéger les populations. Si l'Aar'on évita de toucher aux libertés fondamentales des Âminêtres, les Âminaux, eux, virent leurs droits limités à leur plus simple expression, cela afin d'éviter que des révoltes, menés par quelques inconscients voulant profiter de la situation, n'éclatent ici où là. Au niveau des instances de gouvernances, plusieurs juges furent renvoyés, des militaires furent déchus de leurs droits et de leur statut d'Âminêtre, l'assemblée des représentants se retrouva dissoute en attendant de nouvelles élections et le conseil des douze, suspendu dans toutes ses activités tant que les conspirateurs n'auraient pas été tous appréhendés et châtiés. Pourtant, malgré des directives fermes, le gouvernement provisoire mit plus d'énergie à organiser les obsèques officielles du premier ministre Kha'ro qu'à traquer les proscrits. L'homme de confiance du brun ultime ayant succombé à ses blessures suite à l'attaque de Thot, ce dernier avait concentré ses efforts sur l'hommage qu'il voulait lui rendre. C'était aussi un signe fort de compassion et de mansuétude envers ceux qui avaient attenté à sa vie. En condamnant les criminels sans pour autant les pourchasser, l'adolescent indiquait à tous que sa chère Vojolakta avait bien plus d'importance à ses yeux que sa vengeance personnelle.

Enfin, officiellement.

De retour dans ses appartements, après avoir fait évacuer par le vide-ordure la carcasse inanimée qui empestait sa porte et après avoir serré ses chers animaux bien-aimés dans ses bras, le Légitime donna l'ordre à Kili'an de venir ramper à ses pieds en signe d'obéissance et d'appartenance. Là, il lui confia la tâche délicate de parcourir en secret la galaxie pour exécuter en toute discrétion les propriétaires des noms inscrit sur sa liste noire.

Flatté par cette confiance qui lui était accordée, l'adolescent ne se fit pas prier, même s'il avait bien du mal à comprendre en quoi tout ce cérémonial de frottage de visage sur la voûte plantaire de son dieu vivant pouvait bien servir dans le cadre de sa mission. Mais en même temps, il n'était ni le premier ni le dernier Kili'an à respecter cette lointaine tradition qui permettait à l'Aar'on de se rassurer tout en indiquant aux curieux qui regardaient par le trou de la serrure qu'il avait toujours le contrôle de la situation et du cœur de son petit blond. Mieux valait ne pas se poser de questions.

VojolaktaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant