28. Ixtab

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Le jour où une femme poussera un Kili'an à la faute, sonnera l'apocalypse. Ce crime apportera des malheurs pour des générations et générations. Surtout, cela sera à même de faire vaciller l'Aar'on et sa toute puissance. Putain, j'veux pas... C'est mon Kili'an... mon Kili'an à moi... j'l'aime trop... j'veux pas... – Journal intime du premier Aar'on –

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À peine Kili'an s'était-il effondré qu'une masse grouillante de soldats envahit les lieux. Des humains, des Ztékojs, des Kekchis, quelques Avs, des Voduos et une multitude d'Âminaux de toutes sortes. Ils étaient vêtus de rouge. C'était presque comme si tous les survivants de l'anti-humanité s'étaient donné rendez-vous sur Ixtab pour célébrer la chute du blondinet le plus connu de tout Vojolakta et se partager les restes de son cadavre. L'heure pourtant n'était pas à l'accrochage d'une tête d'adolescent sur une pique, mais à une toute autre cérémonie. Se frayant un passage dans la masse, Clé'a s'avança vers Pierr et lui glissa quelques pièces entre les mains.

– Bon travail. Tu peux disposer maintenant, mon frère et moi allons-nous occuper des autres gêneurs.

À peine eut-elle prononcé ces mots que le mercenaire disparut dans l'ombre, sa bourse pleine de kils serrée contre lui. Une seule chose lui importait à présent : se faire oublier et profiter de sa retraite dans un coin paumé de l'univers, avant que l'un ou l'autre camp ne lui tranche la gorge ou n'arrive à ses fins.

Engouffrant ses doigts dans la chevelure dorée du prisonnier, Clé'a s'adressa à son équipage en criant :

– Votre petit chef est à notre merci, rendez-vous sans résister et il ne vous sera fait aucun mal. Engagez le combat et vous l'accompagnerez dans la mort. Et rendez-nous le petit. Nous en avons encore besoin pour un petit rituel !

Là où la majorité de la bande grinça des dents sans savoir où la Ztékoj voulait en venir, Geb, lui, fronça les sourcils. Il avait très clairement compris, un peu tard certes, le plan de ses adversaires. Et il était urgent d'empêcher sa réalisation, sans quoi ce n'était pas seulement Kili'an et ses camarades qui succomberaient, mais peut-être bien l'Humanité et la Fédération toute entière. Dans une explosion de lumière, il reprit sa forme naturelle et fondit sur la rosée pour lui arracher la tête. C'était sans compter sur Clé'o qui se jeta entre Gabri'el et sa sœur pour prendre le coup à sa place. Une partie de ses entrailles s'écoulant en dehors de son ventre, le bleuet ne trouva rien de mieux à faire que de sourire. La souffrance et le bonheur de s'être interposé entre la mort et sa frangine étaient ce qui nourrissait le mieux son âme et sa détermination. Rentrant à même la main ses organes dans son corps, il cautérisa la plaie par le feu et ricana au nez de celui qui avait failli le tuer :

– T'as pas usurpé ta légende, toi... Désolé, mais aujourd'hui, tu perds. Je ne te laisserai pas toucher à ma sœur ! Goûte à ma Névrose !

Réunissant toute son énergie au niveau de ses yeux, Clé'o laissa exploser son Regard et pourfendit Gabri'el de milliers de lames surgies du néant, avant de foncer sur lui en hurlant. L'impact violent projeta les deux êtres dans une fosse de plusieurs centaines de mètres de profondeur, les faisant disparaître de la vue des autres combattants. Du côté des antihumains, si plusieurs soldats se jetèrent en direction de la crevasse pour secourir leur commandant, Clé'a leur intima d'abandonner son frère à son destin :

– Qu'il tue le Gabri'el, où qu'il meure en essayant ! J'exécuterai sèchement tous ceux qui iront lui prêter assistance au lieu de se focaliser sur notre objectif. Protégez-moi pendant le rituel, c'est tout ce qui compte ! Je me moque de perdre mon frère si nous arrivons à nos fins ! Maintenant, emparez-vous des camarades du Kili'an et égorgez-les ! Mais ne touchez pas à l'enfant, nous en avons besoin vivant !

VojolaktaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant