Vojolakta

10. Marama

Le Kili'an aime beaucoup les enfants, sans doute parce qu'il en est un lui-même, ou parce qu'il sait qu'il ne peut pas en faire. Enfin, il pourrait, mais j'veux pas ! Il est à moi d'abord ! – Journal intime du premier Aar'on –

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Les yeux braqués sur le bout de ses deux index qui s'entrechoquaient au rythme des battements de son cœur, Kili'an crevait de honte dans son coin. La précédente opération avait sans aucun doute été un des pires fiascos que son escouade d'élite n'avait jamais connu. Non seulement, ils n'avaient pas trouvé l'ami qu'ils cherchaient, mais en plus, ils s'étaient fait humilier par un jeune blanc-bec, ou plutôt bleu-bec dans son cas, vu qu'il s'agissait d'un Ztékoj. Le pire, c'était de penser qu'un simple Âminal, blessé en prime, avait pu les tromper et les mettre hors-jeu avec une simplicité déconcertante. Pour le coup, ce n'était pas du tout héroïque. Assis, les genoux collés à son torse, le capitaine n'en menait vraiment pas large, à tel point qu'il demanda expressément à rentrer sur Thot pour s'y faire punir avant de continuer sa mission.

– J'veux mon Aar'on ! – murmura-t-il avec son expression la plus bougonne. J'veux un câlin !

– Négatif ! – lui répondit Mart-1. Ton propriétaire, il veut des résultats ! Alors Cap sur Tapu pour lui en donner, et arrête de chouiner !

– Meeeeeeeeh !

– Par contre, tu peux faire des pompes, ça il veut bien. Il aime bien te voir suer et entretenir ta ligne !

Oubliant quelques instants qu'il était censé donner les ordres et non pas obéir, l'adolescent s'exécuta sans discuter. Le sport était une torture qu'il adorait subir, même si les progrès de la Science permettaient à n'importe quel Humain d'avoir une allure parfaite sans lever le petit doigt. Non, lui, ses petits abdos vallonnés qui glissaient sous les doigts, il se les était façonné lui-même, à coup d'entraînement, de sueur et de larmes ! Et il en était fier ! Et il était un peu con ! Mais c'était pour cela que son Aar'on l'aimait, après tout...

Du côté des autres membres de l'équipage, le moral n'était pas au beau fixe non plus. Mart-1 se lamentait de son inutilité de plus en plus marquée ; Yun'ah culpabilisait de ne pas avoir trahi son camp pour ce magnifique beau bleu qui les avait attaqués ; Camill hésitait entre un ©Végéjogging ou une ©Végéjupette ; Link'o, enfin, rongeait son os de Tyrafailinisaures dans sa cabine en s'imaginant mordre à pleines dents de l'arrière-train du méchant qui avait fait du mal à son maîmaître à lui. Ce ne fut qu'après plusieurs heures d'un long voyage tendu que le vaisseau arriva dans les environs de Solzabul, avec la lune Tapu en ligne de mire.

– Ah ouais ! – s'exclama Kili'an. C'est vrai qu'elle est beaucoup plus rose que dans les livres ! Bon, on s'pose ?

L'idée semblait excellente. Après tout, pour enquêter sur un changement de couleur, il était préférable de se rendre sur place ! Non, très sérieusement, c'était sans doute la meilleure chose à faire, sans la moindre hésitation possible !

Quelques minutes plus tard pourtant, alors que le Swinton atterrissait sur la planète tellurique géante voisine Marama, ce fut sous un flot d'insultes que le capitaine sortit de son vaisseau.

– ABRUTI ! – vociféra Yun'ah. La prochaine fois qu'on te fout un livre entre les mains, lis les textes au lieu de simplement regarder les images !

– Je n'ai jamais eu aussi honte de toute ma vie ! – compléta Camill en pleurs en cachant sa poitrine dénudée entre ses bras. Pour la peine, j'veux qu'on aille tout de suite à Horus m'acheter un ©Végé-sous-tif !

– Si tu veux pas qu'on voit tes nénés, t'as qu'à te mettre en monde homme ! – grogna Kili'an en retour, avant de faire un signe de la main à un autochtone qui s'enfuit à la vue de sa trop franche nudité.