50. Nigatruo - Blankotruo

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Kilian, je t'aime. Ici, ailleurs, maintenant, demain, toujours. Je t'aime. – Journal intime du premier Aar'on –

*****

Combien de temps avait passé ? L'adolescent ne le savait pas lui-même. Il était resté assoupi pendant des heures, des jours, des mois, une éternité. Quand il ouvrit les yeux et reconnut son lit et ses appartements, il tendit mécaniquement le bras à côté de lui, dans l'espoir de trouver une petite chevelure blonde dans laquelle glisser ses doigts. Rien. Son Kili'an n'était pas là. Avait-il survécu ? En son for intérieur, l'Aar'on le sentait. Son bien aimé était toujours vivant, quelque part, loin, très loin, si loin. Et lui, était-il mort ?

Non, son corps le faisait trop souffrir. C'était le signe qu'il était toujours de ce monde. Difficilement, il se redressa. Son torse était couvert de bandages. Quelqu'un l'avait soigné. Tout était encore trouble dans son esprit. Reprenant son souffle, le jeune brun essaya de se souvenir des derniers événements. Le visage plongé dans ses paumes, il revisualisa les instants qui avaient précédé sa perte de connaissance. Le combat contre le Bottel'ron, la Résonance ultime, Nigatruo... Du bout des doigts, il avait fini par lâcher celui qu'il aimait, avalé avec son équipage par le Vortico géant. Puis Angra s'était désintégré sous ses pieds, emportant avec elle tout ce qui restait de l'armée ennemie.

Pas un seul instant, il n'avait regretté cette fin. C'était celle qu'il s'était choisie et qu'il avait acceptée. Son sacrifice ne pouvait être vain. Kili'an devait vivre. C'était le plus important. Ses yeux clos avaient accompagné un sourire sur son visage. Il était parti en paix.

Il n'avait demandé à personne de le sauver. Pourtant, le souffle de vie qui s'échappait de sa bouche et les soins qu'il avait reçus trahissaient une vérité à laquelle il avait bien du mal à croire lui-même.

En y repensant, il se souvint d'une main bleue qui avait surgit de nulle part au moment où la planète avait explosé et qui l'avait agrippé, alors qu'il était presque totalement inconscient. Un rêve ? Une réalité ? Tout était bien trop flou...

– Enfin réveillé ? Tu en auras mis, du temps...

Adossé à un mur, un jeune Ztékojs fixait l'Aar'on, les bras croisés. Le Légitime reconnut immédiatement Clé'o. Après quelques instants de flou, il le questionna.

– Que s'est-il passé ?

– Rien de particulier. Rien...

– Les autres ?

– Disparus. Ma sœur comme ton protégé, et tout son équipage. Nigatruo les a bectés tout cru sous mes yeux. Il ne restait que toi quand je suis arrivé.

– J'ai dormis combien de temps ? La guerre ?

– Plusieurs jours. La guerre est terminée, l'Humanité a gagné, une fois de plus. Pendant ton sommeil, le peuple n'a eu de cesse de fêter la paix en attendant que tu te réveilles. L'annonce de ta survie a été reçue comme un soulagement. Toutes les instances de la Fédération sont en attente de ton rétablissement. L'administration, elle, continue son travail. Tous te considèrent comme un héros, encore plus grand que tes prédécesseurs. Je suis sans doute le seul être vivant à connaître la vérité, à connaître le monstre qui se cache derrière ces yeux noirs, même si je dois admettre que ton sacrifice était stylé.

– Je vois... – murmura le jeune humain. Donc, je te dois la vie ? Belle ironie...

– On peut dire ça comme ça. – acquiesça le bleuet. Mais cela n'effacera jamais mes erreurs. Je représente la dernière figure d'opposition au régime et le pire criminel de cette guerre encore en vie. Tu vas faire quoi, maintenant ? Me faire exécuter ? Cela serait sans doute la solution la plus sage pour en finir, et je sais que je le mérite. Je suis prêt. En plus, cela assoirait définitivement ton pouvoir. La seule chose dont je t'implore, c'est de m'accorder une mort digne et rapide. Si possible, j'aimerais que cela soit toi qui exécute la sentence, devant mon peuple, afin qu'il ne soit jamais tenté de reproduire mes erreurs.

VojolaktaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant