20. Léviath

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Autour de son cou, le Kili'an aime bien porter un collier affichant les insignes de son maître. Cela lui permet d'indiquer à qui il appartient, et n'empêche, c'est vachement important ! Par contre, comme il est assez sauvage, il a la mauvaise habitude de toujours trop tirer sur sa laisse... – Journal intime du premier Aar'on –

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Complètement engourdi, Kili'an se trémoussa sur la planche qui lui servait de paillasse. Il ne savait pas combien de temps il avait sommeillé, mais une chose était sûre, le voyage avait été plutôt long. À peine Adri'an l'avait-il kidnappé, ce dernier avait usé de substances nocives pour endormir son métabolisme, dont une issue d'un étrange fruit qui poussait dans les usines et qui avait un goût légèrement sucré : la fraise tagada. Cette espèce, rare à l'état naturel et bourrée de produits chimiques, était une véritable drogue pour le jeune blond qui s'endormait toujours comme une masse après en avoir ingurgité quelques kilos. Là, son ravisseur lui en avait enfoncé de telles poignées au fond du gosier qu'il n'avait pu lutter contre l'envie de piquer son petit somme digestif.

Ouvrant les yeux après se les être frottés pendant de longues secondes, il observa les alentours. Sans toit au-dessus de sa tête, il avait dormi protégé par de grands arbres, dont les plus petits faisaient dans les dix mètres de haut et les plus grands quelques centaines. Le jour venait de se lever. La gravité était importante. Le ciel avait une teinte orangée. Un soleil de la même couleur et de grande taille brillait au loin. Observant ses mains et son corps, l'adolescent ne put que constater sa nudité. Cinq chaînes entravaient ses mouvements. Deux étaient reliées à ses poignets, deux à ses mollets, et la dernière, la plus lourde et épaisse, trouvait comme origine une bande de cuire épaisse qui lui serrait le cou. À l'autre bout de cette attache, un homme l'observait avec un sourire non dissimulé. Cela faisait plus de deux ans qu'Adri'an n'avait pas tenu Kili'an en laisse, et se retrouver à nouveau maître de cette petite chose puérile et blonde lui faisait un bien fou. Jouer à tirer la lanière entre ses doigts lui donnait un sentiment de puissance et de domination qu'il n'avait pas connu depuis longtemps. À genoux, les mains posées à plat sur le sol, son prisonnier le fixa avec un air mauvais et colérique. Avec toutes ces bêtises, c'était sûr, il allait encore rater le prochain match à la télé... Franchement, ses ennemis étaient chiants à toujours s'en prendre à lui !

– On est où ? Et où sont les autres ? Benj'am va bien ?

– Mais ferme ta gueule... – répondit doucement l'antihumain en dégustant chacune de ses syllabes et en tirant de petits coups secs sur la chaîne, gênant ainsi la respiration de son nouveau jouet et le poussant à baisser la tête. Je me fiche de ton nain de compagnie, je l'ai laissé aux deux Ztékojs pour qu'ils le bouffent ou le violent, j'en sais rien et j'm'en tape...

À ces mots, le blondinet déglutit d'effroi. Quelle idée bizarre ! Son petit protégé n'avait que la peau sur les os. À manger, il devait vraiment être dégueulasse. Même avec du Nutella. Pour le coup, plus que son propre état critique, c'était bien le devenir de Benj'am qui l'angoissait. Le petit humain méritait tout, sauf de se faire maltraiter par des monstres sans morales. Et ça, Kili'an était bien déterminé à le dire :

– Tu devrais avoir honte, Adri'an... T'as pas changé en fait. Qu'est-ce que tu veux ? Pourquoi tu m'as pris en otage ?

– Ta gueuuuuuuuuuule, j'ai dit ! – rétorqua immédiatement le concerné en tirant avec une intense satisfaction d'un coup sec sur la chaîne. Tu n'es pas mon otage, tu es mon esclave. Je ne compte pas demander une rançon pour toi, tout l'or de l'univers ne suffirait pas à t'acheter. Tu es exactement ce que je voulais, et maintenant que je t'ai, je ne désire plus qu'une seule chose... que tu m'appelles maître...

VojolaktaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant