La promesse de l'ombre I - [Histoire terminée]

Chapitre 6

« Et lorsque l'objet de notre désir est inaccessible, ça en devient destructeur »

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— C'est ton idée, Elora, alors tu prends les devants !

Agacée par le caprice de Tyler, je lui lançai un coup d'œil amer avant de hocher la tête, vaincue. Je pris ensuite mon courage à deux mains et assénai quelques coups contre la porte en bois, la tête lourde. Brooke voulait que j'essaye de redonner le sourire à son père, et je lui avais dit que je lui rendrai visite. Il était de mon devoir de tenir parole.

Alors, nerveuse, j'attendis que son père m'ouvre en ignorant Tyler qui se dandinait avec agitation. La porte s'ouvrit dans un grincement sinistre pour dévoiler un cinquantenaire. Ses cheveux poivre et sel retombaient devant des yeux creusés par des cernes bleutées, ressortant d'autant plus son teint cadavérique. D'une maigreur alarmante, il était doté pourtant d'une prestance qui m'intimidait. Et ce chagrin si intense qui l'enveloppait... Il m'écrasait à tel point que j'avais l'impression qu'il était mien.

— B... Bonjour, balbutiai-je, intimidée.

Il nous dévisagea un long moment avant de froncer les sourcils. Son aura, troublée par la tristesse, sembla s'assombrir un instant, avant que le choc qui submergea l'homme ne me heurte avec violence. J'en eus le souffle coupé. La lueur apeurée dans ses iris ne m'échappa pas. Il entrouvrit la bouche de stupeur et murmura :

— Seigneur...

Il reprit vite contenance sans cesser de me jauger du regard, troublé par ma présence.

— Ma pauvre enfant.

Avant que je ne puisse répliquer, il se décala et siffla :

— Entrez immédiatement.

Tyler me lança un regard sceptique et pénétra le premier dans la maison d'un pas maladroit, déstabilisé par l'homme. Je le suivis maladroitement, soufflée par l'aura dégagée par le père de Brooke. Les muscles raidis, je regardai dans quel environnement il vivait. Les murs prenaient une teinte grisâtre tandis que la poussière s'accumulait sur le parquet jonché de vêtements roulés en boule. L'odeur du renfermé se mêlait à celle d'un encens qui brûlait sur une armoire. Des photos égayaient un peu la pièce, souvenirs du passé de cette famille brisée.

Mon attention se posa sur le cadre présentant Brooke sourire à pleines dents, postée entre son père et une femme, probablement sa mère. Assaillie par la peine, je me détournai avec empressement. L'étudiante, une fois, m'avait soufflé que sa génitrice n'était plus de ce monde.

Une bibliothèque pourvue de livres anciens se dressait avec fierté, auprès d'un miroir teinté de noir. Je me figeai un instant en m'attardant sur un bouquin dédié à l'occultisme avant de me détourner pour remarquer une table où des cartes étaient disposées.