La promesse de l'ombre I - [Histoire terminée]

Chapitre 12

« J'avais si mal à l'âme. »

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Seule.

J'étais entièrement seule ici, sur ces terres arides aux couleurs automnales. Dans ce monde irréel. Il n'y avait pas un seul arbre, pas une quelconque présence. Rien que ma solitude et moi.

Le ciel gris me surplombait en laissant parfois l'orage le déchirer dans un silence étrange. Le sol stérile s'ouvrait sur quelques crevasses. Même si je savais que rien n'était réel, je n'étais pas à l'aise. Le poison circulait dans mon sang, mon corps en souffrait, quand mon âme s'égarait.

Le néant était maître de mon corps. Cruel, il me dévorait toute entière, sans jamais voir sa faim vorace s'apaiser.

C'était ça, mourir ?

Se voir vider de toute émotion ? Ne rien ressentir ?

Si oui, ça m'angoissait...

Le sol se mit à trembler sous mes pieds. Un autre éclair déchira le ciel dans un grognement menaçant. Je titubai en me crispant et remarquai que d'autres crevasses fendirent le sol pour s'emplir de lave. Bien vite, je fus encerclée avant que la chaleur incandescente m'enveloppant ne chauffe mes tripes.

Ce cauchemar ne se terminerait-il donc jamais ?

Bientôt, de nombreuses émotions m'assaillirent, perçant le vide qui m'englobait quelques secondes avant. Colère. Inquiétude. Persévérance. Tout semblait amplifié. Trop, même, que ça en devenait douloureux. Je voulais que tout cela cesse.

... Mais trop ressentir, ça me terrassait...

— Donc tu es prête à mourir ? demanda une voix familière.

Je relevai la tête pour me voir entravée par le regard d'Eytan, démuni d'une lueur quelconque, et je gardai le silence. Ma réponse lui serait trop jouissive. Il s'approcha alors de moi et, lorsqu'il releva mon menton, je me sentis vaciller en constatant que, pour la première fois, il n'affichait pas son éternel air moqueur. Il ne dévoilait qu'un masque insondable.

— Je te pose une dernière fois ma question, souffla-t-il afin de combler ce silence. Es-tu prête à mourir ?

Alors que j'entrouvrais les lèvres pour répondre, je finis par me taire. Il était hors de question que je lui réponde. La mare de lave autour de nous s'agita de manière menaçante pour nous emprisonner dans un ballet mortel en projetant des cendres qui virevoltèrent en silence, rappelant des lucioles embrasées ô combien dangereuses. Lessivée par cette situation, je me plongeai davantage dans les yeux d'Eytan.

Oui. J'étais épuisée. Fatiguée d'être malmenée par ce Démon. Esquintée d'être considérée comme un pitoyable pantin qui pouvait voir ses membres se désarticuler, son cœur s'estropier, et son âme se fissurer.