« Bien que les rides ne creusaient plus mon visage, elles creusaient pourtant mon cœur. »
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L'ascension était bien plus périlleuse que je ne le pensais. Pour un simple Humain, il fallait peut-être deux jours pour atteindre le sommet de l'Aôtu, mais pour nous, une nuit suffisait, et ce même si c'était épuisant.
Si l'on omettait le froid mordant qui régnait, quis'infiltrait dans mon corps, et l'horizon qui se confondait avec le ciel noir,escalader cette montagne serait un jeu d'enfant. Ce qui n'était, hélas, pas lecas.
Mes membres ne cessaient de trembler alors que l'air se raréfiait. Peut-être aurais-je dû faire du sport pendant mes années passées dans ce monde ? Cela m'aurait permis de mieux supporter cette tâche.
Mes lèvres s'étirèrent en un rictus malveillant. Et évidemment, je portais une tenue légère pour ce mois d'avril. J'avais oublié que cette montagne puisait nos forces, mais qu'en plus elle réduisait notre système immunitaire. Avant même de rejoindre mon monde, je rejoindrais les flammes de l'enfer en attrapant la crève.
Au moins, là-bas, je ne risquais pas d'attraper un rhume.
Un long gémissement se joignit au souffle du vent. Les poils de ma nuque se hérissèrent alors que j'observais les alentours, à la recherche d'une présence quelconque, les membres raidis par l'appréhension.
Si mes pouvoirs étaient réduits, mes performances en corps à corps restaient inchangés, et je pouvais toujours me servir de mon épée, si un danger rôdait. Je n'étais pas entièrement sans défense...
Alors, sans faire le moindre bruit, je levai la main pour laisser mon arme se matérialiser, et je refermai mes doigts tremblants d'appréhension contre le manche, les sourcils froncés, le regard scrutateur. Un autre gémissement s'éleva, bientôt étouffé par une rafale furieuse du vent. Dans l'espoir de mieux voir à travers la brume, je plissai les yeux, ignorant les bourrasques qui se formaient en emportant avec elles de flocons de neige.
Rapidement, j'aperçus une silhouette près d'un sapin dont les branches s'agitaient à cause du vent. Mes muscles se tendirent d'appréhension tandis que je m'approchais de la masse, la mâchoire serrée.
Ma bouche s'entrouvrit de surprise quand je compris qu'il s'agissait d'un homme couché de tout son long dans la neige. Il m'était impossible de voir son visage, car son nez était entièrement plongé dans l'épaisse couverture blanche.
La panique me gagna. Je m'agenouillai près de lui avec empressement, assourdie par les battements sourds de mon cœur. Il fallait que je l'aide, et vite ! S'il était encore en vie, il risquait de succomber à cause du froid.
— Tiens bon, mon grand, je vais t'aider ! dis-je dans un souffle inquiet.
Je rapprochai mes paumes près de lui, toujours tremblante. Lorsqu'il bougea, je reculai et, bientôt, des yeux verts heurtèrent les miens.
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La promesse de l'ombre I - [Histoire terminée]
ÜbernatürlichesDans la ville de Téthys, la mort laisse abattre ses vices, sourde aux supplices. Elora, un Ange venu sur Terre pour enquêter sur des mystérieux meurtres qui ont lieu depuis peu, remet en question ses principes célestes. Guerrière empathique, elle es...