Chapitre 43

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LILY

C'est le deuxième contact aussi rapproché que j'ai avec Riley. Je dois avouer que c'est assez étrange mais lorsqu'il m'a prise dans ses bras tout à l'heure, je me suis sentie mille fois mieux l'espace d'un instant. Je me suis sentie comprise et en sécurité. J'ai envie de lui rendre cette sensation maintenant qu'il est au plus mal et c'est pour cette raison que je le serre plus fort. Je me demande pourquoi on se chamaille autant, je me sens tellement bien quand les choses roulent sans encombre entre nous et j'aimerais que ce soit toujours ainsi.

Nous sommes toujours en pleine étreinte, je perçois un bruit, et ce ne sont pas les battements du cœur de Riley dans mon oreille. C'est autre chose, similaire à celui que j'entendais plus tôt. Je me détache immédiatement de Riley.

— T'entends ça ? je demande.

— Oui. Qu'est-ce que c'est, à ton avis ?

Nous regardons tous les deux en l'air mais moi, je ne vois rien. Il y a trop d'arbres et rien ne passe par-dessus le petit espace de ciel que nous offrent les branches. Puis au bout de quelques minutes, je vois enfin la chose passer, un objet volant qui me parait étrangement familier.

— C'est quoi, ce truc ? demande Riley.

— Un drone.


Maman n'est pas encore rentrée de l'arboretum et je m'ennuie. J'ai déjà appris toutes mes leçons et je suis seule à la maison avec papa. Sauf que papa travaille, comme tout le temps, il est dans son bureau spécial, il fabrique des choses mais je ne comprends pas bien à quoi ça sert. J'aimerais qu'il joue plus avec moi et que maman n'ait pas à travailler autant. Pourquoi les adultes doivent-ils travailler, d'ailleurs ? Pourquoi la nourriture n'est pas gratuite ? L'Asile nous protège et nous maintient en vie, il devrait nous faire vivre gratuitement. Quand je dis ça à maman, elle me dit que l'appartement dans lequel nous vivons est gratuit et que c'est déjà beaucoup.

Je décide d'aller regarder la télévision mais il n'y a rien que je n'aie pas déjà vu. Il y a une émission concernant la vie à l'Asile et une autre diffusant des recettes de cuisine qu'on peut faire avec des légumes. J'aimerais bien goûter à l'une de ces recettes mais je sais bien que ça n'arrivera jamais. J'entends un bruit dans le couloir. Ça vient vers moi, alors je me roule en boule sur le canapé, la tête protégée de mes bras. J'attends que ça passe même si je sais déjà ce qu'il va se passer.

Arrête ! je crie.

Mais il n'arrête pas et je sais qu'il m'entend. Je bouge un bras pour voir où est exactement le drone. Il arrive dans le salon, il est stabilisé en l'air et ne bouge pas. Lorsqu'il capte que je le regarde, il fonce à toute vitesse dans ma direction et me tourne autour, il sait que je déteste ça. Je crie et me protège la tête de mes bras. Puis, une idée me vient, j'attrape l'un des coussins du canapé et le lève au-dessus de ma tête.

Je te préviens, je vais le casser !

Aussitôt dit, le drone se pose par terre et s'éteint ; la petite lumière verte vire au rouge puis disparait. Papa arrive dans le salon, il sourit et a l'air amusé. Moi ça ne m'amuse pas, j'ai peur de ça depuis que papa a perdu le contrôle de l'un de ses drones dont les hélices ont fini par se prendre dans mes cheveux. Il s'assied à côté de moi.

Pourquoi tu as peur ?

Ça fait mal quand ça se prend dans les cheveux.

Celui-ci était défaillant, tu sais bien que d'habitude je ne les rate jamais. Il manquait une pièce. Ce n'est jamais plus arrivé et tu ne dois pas avoir peur, tu sais. Tiens, vois par toi-même.

ASYLUMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant