ASYLUM

Chapitre 11

LILY

J'ai à peine émergé du sommeil quand je sens quelque chose de doux et de chaud sous la paume de ma main. Il me suffit de quelques secondes pour comprendre qu'il s'agit du torse de Riley et que je me retrouve à caresser ses abdominaux comme si c'était normal. Ma tête est nichée dans le creux entre son cou et son épaule, je n'ose pas bouger d'un millimètre. Je ne m'en remettrais pas si j'apprenais qu'il est réveillé et pleinement conscient de la situation. Je relève la tête pour vérifier s'il dort, c'est ainsi que je me retrouve les yeux plongés dans les siens, grand écarquillés. La honte. Je retire ma main comme si ce contact m'avait brûlée, je m'apprête à dire quelque chose, n'importe quoi, mais le corps de Seth atterrit d'un coup sur le lit, nous écrasant de tout son long.

— Allez, réveillez-vous ! pleurniche ce dernier.

— Seth dégage, lui dit Riley irrité.

— Quoi ? Moi aussi je veux un câlin, il n'y a pas de raison que je sois exclu de cette belle amitié qui nous unit les uns aux autres.

Il se fiche littéralement de nous. Et puis, la journée d'hier me revient en tête. Je l'ai passée à me morfondre dans un coin que j'ai trouvé après avoir marché quelques minutes. Je n'ai pas mangé de la journée, je dois dire que mon estomac ne manque pas de me le faire remarquer. À la nuit tombée, j'ai fini par rejoindre Riley dans sa chambre sans réfléchir, guidée par quelque chose qui me dépasse. Ce comportement est étrange, je dois l'admettre, je disparais toute la journée et je me pointe pour pleurer dans son lit, il a dû me prendre pour une folle.

— C'est pas pour te vexer mais t'es un peu lourd, et dans tous les sens du terme, je dis à Seth.

— Eh oui, ça pèse les muscles. Ça va mon Riley chéri, t'as bien dormi ?

Seth ébouriffe les cheveux de Riley et le taquine en faisant mine qu'il va l'embrasser, ce qui me fait assez rire, c'est une bouffée d'air frais de si bon matin. Riley grommelle et tente de repousser Seth qui rit à gorge déployée.

— Bon, Ok j'ai compris, je dérange, dit-il en se soulevant. Vous avez une demi-heure pour vous préparer et déjeuner.

Il quitte la chambre avec une serviette de toilette sur l'épaule, nous laissant seuls, Riley et moi. Je m'assieds sur le lit et m'apprête à partir à mon tour mais il m'attrape fermement le poignet, m'obligeant à me retourner.

— Attends, dit-il.

Je le regarde en attendant qu'il parle, mais il fait pareil et ne dit rien. Nous nous fixons tous les deux sans savoir quoi se dire, son regard est plein d'incompréhension et j'ai l'impression qu'il attend des explications de ma part.

— Si c'est à propos d'hier, je suis désolée, je commence.

— Parfois, j'ai vraiment du mal à te comprendre.

— Riley... je sais que j'ai eu des paroles vraiment nulles et je ne les pensais pas. Tout ce qu'on a découvert, c'était trop d'un coup et je n'ai pas supporté. Ce qu'on a vécu, c'est juste... horrible. Et puis, ma famille ne sait même plus que j'existe. Est-ce que tu te rends compte ? Toi, ça ne te fait rien de te dire que ta mère n'a aucun souvenir de toi ?

— Tu sais, je n'existais déjà pas beaucoup à ses yeux, alors je ne suis plus à ça près... Je n'avais pas une vie heureuse comme la tienne, j'ai perdu ma sœur et mon père alors effectivement, je n'ai pas eu la même réaction, mais ça ne veut pas dire que ça ne me touche pas.

Je me sens vraiment nulle, à chaque fois que j'agis comme une idiote avec Riley, il reste là à essayer de me comprendre alors qu'il aurait toutes les raisons de me détester. Il aurait même pu couper les ponts en arrivant ici, il n'a pas besoin de moi et il pourrait facilement se faire des amis.