ASYLUM

Chapitre 30

RILEY

Je me retrouve seul avec Kyle, toujours attaché à son lit, et c'est très inconfortable. J'aimerais que quelqu'un me détache et qu'on me laisse retourner dans ma cellule. Tout à l'heure, j'ai agi puérilement avec lui, je ne voulais pas qu'il me soigne, je ne voulais pas que Lily pose ce regard sur moi. Celui qui dit « Tu vois, c'est un type bien, je te l'avais dit ». J'ai eu envie de lui hurler dessus. On ne peut faire confiance à personne ici, pas même à un gars qui dit qu'il va nous faire sortir. Et puis, c'est quoi son problème à Kyle ? On dirait qu'il est amoureux d'elle, il la traite plus comme une princesse que comme une prisonnière. Et je vous vois venir, je me fiche bien qu'ils s'apprécient ou non. Ce qui me dérange, c'est que je suis venu sauver Lily, il est venu la chercher pour l'emmener de nouveau dans cet endroit de malheur. Malgré ça, elle continue de le regarder comme s'il était le sauveur et moi le mec en tort. Ça me dépasse, j'ai envie de la secouer.

— Bon, tu me détaches ? je demande.

— Je dois te dire quelque chose avant.

Non Kyle, tu n'as rien à me dire, tout ce qui sortira de ta bouche me désintéresse profondément. Garde ta salive pour Lily. Je suis dégoûté rien que d'y penser. Kyle et Lily ensemble ? N'importe quoi.

— Quoi ? je réponds un peu plus agressivement que je ne l'aurais voulu.

— Je joue un rôle auprès de Jordan et des autres. J'ai dû agir durement à plusieurs reprises parce que vous êtes surveillés et je le suis aussi. Il n'y a pas de caméra ici, mais il y en a partout ailleurs. Vos cellules, les sanitaires, les couloirs. Même dans les voitures.

— Alors tu es un traitre ?

— Si tu veux. Je ne suis pas de leur côté, je n'adhère à rien de ce qu'ils font ici, Ok ? Je vous aide et je voudrais aussi m'en aller. Ils me forcent à faire des trucs et je suis aussi prisonnier que vous.

— Ouais, sauf que toi t'as un lit.

— Riley, sérieusement, je sais que tu n'as pas confiance en moi, mais tu vas devoir faire avec parce que c'est très important. Je suis en train de monter un plan d'évasion et j'ai déjà une petite idée en tête. Quand tu entendras une alarme, tiens-toi prêt.

— Une alarme ?

— Fais-moi confiance.

— Dis, tu lui veux quoi à Lily ? je demande, changeant de sujet.

— Quoi ?

— T'es gentil comme ça avec toutes les filles que vous emprisonnez ? Pourquoi je n'ai pas les mêmes privilèges qu'elle ?

— Parce que je dois m'occuper d'elle et toi, tu avais Jordan.

— Elle t'a quand même planté la cuisse, j'ajoute. Tu pardonnes vite.

— C'est quoi ton problème ? s'énerve-t-il.

— Je fais juste une remarque, calme-toi. Bon, tu me détaches ?

Kyle souffle et vient me libérer les mains. Je m'assieds – ce qui me provoque un violent tournis – et fais tourner mes poignets, j'entends mes os craquer. Il fouille dans un tiroir et en sort quelque chose qu'il me jette dessus, un tee-shirt gris foncé. Je l'enfile difficilement à cause de ma blessure et suis heureux de voir qu'il est à ma taille. Kyle me jette encore des choses dessus, je les attrape en plein vol. Une barre et une bouteille d'eau.

Tandis que je consomme ce qu'il vient de gracieusement m'offrir, Kyle est adossé à un placard et me regarde, les bras croisés sur son torse.

— Pourquoi il t'a tiré dessus ? demande-t-il enfin.

— C'est pas ton problème.

— Pourquoi es-tu si désagréable, Riley ?

— Ça non plus, c'est pas ton problème, je lui réponds en haussant les épaules.

— Donc ça n'est pas mon problème non plus si je m'enfuis avec Lily et que je te laisse pourrir dans ta cellule ?

Il marque un point. Je n'ai pas envie de me mettre à ses pieds et de me comporter comme Lily juste parce que ce mec se la joue sympa. Je ne suis pas comme ça, je ne me sens absolument pas redevable. Il a fait ce qu'il a fait, il a choisi tout seul, je ne suis pas obligé d'agir en retour. Après tout, répondre à cette question ne me tuera pas.

— Il a parlé de ma famille.

— Alors tu te souviens de ta famille ?

— Non.

— C'est bon, je sais que tu as menti au chef. Et je sais aussi que tu te rappelles plein de choses. Je ne dirai rien.

— Tu crois quoi Kyle, qu'on fait une soirée pyjama ? Ramène-moi dans ma cellule.

Il hausse les épaules et vient vers moi, il m'attache les mains avec une cordelette et m'enfile le masque.

— Oh, je vous interromps dans quelque chose ?

Je ne vois rien mais je reconnaitrais la voix de Jordan entre toutes.

— Kyle, continue-t-il, on t'attend à l'armurerie.

— Je l'amène juste à sa cellule, lui répond ce dernier.

— Je vais le faire.

J'entends des bruits de pas s'éloigner, je suppose que je me trouve désormais seul avec Jordan. Ce dernier m'attrape par le bras et me force à me lever. Nous marchons alors et il entame la conversation.

— Tu as l'air d'aller mieux, dit-il avec une voix qui me donne envie de lui en coller une.

— Ouais, super.

Il ouvre une porte et me pousse dans ma cellule.