Chapitre 13

10.5K 1.4K 218
                                    

LILY


Mon entrainement se finit tellement tard que je n'ai même pas le temps de manger. En retournant à ma chambre toute transpirante, je trouve Riley, assis sur mon lit. Je suis surprise de le voir, on dirait qu'il m'attendait.

— Tu me cherchais ? je demande.

— J'ai une surprise pour toi.

— Une surprise ?

Il me fait signe de m'asseoir à côté de lui, je m'exécute curieuse de découvrir sa surprise. Il ouvre les mains dans lesquelles se trouve une pomme. Riley m'adresse un large sourire, mais je reporte mon attention sur le fruit. Elle est bien ronde et rouge, elle a l'air aussi appétissante que celle de la raison de ma présence ici.

— Où est-ce que tu as trouvé ça ?

— Ça n'est pas important.

Le bonheur se peint sur mon visage. Je sais, pour une pomme, cela semble ridicule mais pour moi, ça signifie beaucoup et Riley le sait. Je la contemple un instant avant qu'une peur irrationnelle me rattrape. Le traumatisme que j'ai subi me donne l'impression que Riley tient l'objet du mal entre ses mains et que c'est un test pour voir si je récidive. Si je la prends, peut-être qu'ils me tueront ?

— Lily, tout va bien.

— Je peux la prendre ?

— Elle est à toi et tu n'as rien à craindre.

— Promis ?

Il fronce les sourcils, probablement étonné par mes doutes.

— Est-ce que tu me fais confiance ? finit-il par me demander.

— Oui.

— Alors tu n'as pas besoin d'une promesse.

Il me tend le fruit alors je finis par le prendre et il a raison, je lui fais confiance. Et même si au fond je ne le connais pas tant que ça, s'il y a bien une seule personne en qui je placerais ma confiance aveuglément et sans réfléchir, c'est lui. J'approche la pomme de ma bouche et j'attends que la femme à l'air pincé vienne m'accuser d'un délit, mais personne n'est là pour m'accuser, il n'y a que Riley et moi. Je plante mes incisives dedans, le jus se répand dans ma bouche, je retrouve la sensation que j'avais connue avant de me faire arrêter. C'est tellement bon que je la mange en entière, jusqu'atteindre le trognon. Je me demande où Riley l'a trouvée et s'il y a d'autres fruits. Lorsque je lève le regard vers lui, il sourit.

— Attention, tu vas dépasser ton quota de sourires, je lui dis.

— C'est déjà fait.

— Le Riley qui fait la gueule me manque un peu.

— T'es sérieuse ?

Les yeux écarquillés, il fait mine d'être étonné par ma révélation.

— C'est vrai que tu étais insupportable, mais je n'arrivais pas à te détester. C'est pourquoi je me le répétais en boucle.

— Tu essayais de te convaincre que tu me détestais ?

— Pourquoi ne pas détester une personne qui m'a abandonnée ?

J'ai pris un ton léger mais pourtant, il baisse le regard et semble s'en vouloir.

— Tu sais, je suis vraiment désolé pour ça.

— C'est bon Riley, on s'en fiche. J'ai dit ça pour rire.

— Je te dois des explications. J'avais le sentiment de ne pas avoir réussi à protéger ma sœur alors quand je t'ai vue avec moi, je me suis dit que je n'arriverais pas à te protéger. J'ai pas été foutu de protéger une gamine de six ans, alors une fille aussi chaotique que toi...

Je ris à ce qu'il me dit, j'aime bien sa manière de casser les instants sérieux pour ne pas qu'ils deviennent larmoyants ou gênants.

— Plus sérieusement, je me suis dit que tu te débrouillerais mieux sans moi. Mais bon, j'ai sous-estimé notre environnement, tu t'es vite fait chopper par une bande de psychopathes, alors je suis désolé de t'avoir abandonnée parce que si je n'avais pas fait ça, ils ne t'auraient pas infligé tout ça et...

— C'est bon, je te dis que tout va bien.

Je lui prends la main pour le rassurer. Je le crois quand il me dit être désolé, il a vraiment l'air mal à cet instant, on dirait qu'il gardait ça enfoui en lui et pour une fois, on dirait qu'il n'a plus le contrôle.

— Tu me pardonnes ?

— Bien sûr, je lui réponds avec un sourire franc.

Il m'adresse un large sourire ravageur, le genre qui me fait fondre de l'intérieur et qui me donne des frissons dans tout le corps. Je ne peux m'empêcher de me demander s'il avait une copine à l'intérieur, non pas que le rôle m'intéresse mais juste par simple curiosité. Aussitôt, ses paroles me reviennent en tête : il me demandait si je m'étais souvenue d'une personne en particulier hors de mon cercle familial, est-ce qu'il essayait de me demander si j'étais avec quelqu'un ? Est-ce que je me fais des films ?

— On peut savoir pourquoi t'es toute rouge ? me demande-t-il en plissant les yeux.

— Pour rien. Je devrais retourner m'entrainer.

— Il te plait, Chace ?

— Quoi ?

Je manque de m'étouffer en entendant sa question. Il a l'air de se rendre compte qu'il a peut-être pensé trop fort puisqu'il s'empourpre et se gratte la nuque. C'est tout nouveau, le Riley avec qui j'étais attachée dans la forêt ne nous aurait jamais mis dans une telle situation.

— Enfin je veux dire, en tant qu'entraineur. Ne va pas t'imaginer quelque chose de bizarre.

— En tant qu'entraineur, bien sûr, je réponds avec un rire gêné. Il est patient et investi, est-ce que ça fait de lui un bon entraineur ?

— Probablement.

— Alors tu as ta réponse. Bon, j'y retourne. Et merci pour la pomme.

ASYLUMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant