Chapitre 14

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RILEY


Je marche, mais tout ce qui m'entoure, c'est la végétation. Les arbres défilent indéfiniment, c'est impossible que je ne trouve pas un seul bout de béton depuis le temps que je marche. Je me demande vraiment ce que je fous là, pourquoi je me suis réveillé ici. Peut-être que j'ai une mission dont je ne me souviens pas, mais rien ne me revient. Tout ce que je sais, c'est que je suis perdu dans cet espace vert et que je marche sans savoir où aller. J'ai quitté la direction du cours d'eau depuis un petit moment maintenant, je m'enfonce entre les branches et les feuilles.

Au loin, je distingue une masse noire. Je me cache derrière un arbre et observe : c'est composé de ferraille, de roues, d'une porte qui s'ouvre. C'est une voiture. J'identifie sans mal ce que c'est, mais je me souviens aussi que cet engin ne ressemble en rien à ceux que j'ai conduits. Il est bien moins élégant, moins raffiné. Un pied se pose à terre, l'homme qui était à l'intérieur en sort. Je vais voler cette voiture, je vais me l'approprier. Je mets mon arme dans ma poche de telle sorte à ce que je puisse la dégainer rapidement, et je m'empare de mon couteau. Je me faufile vers la voiture et je remarque qu'elle est sur un sentier, les arbres ne bouchent pas le passage, il serait facile de passer avec. Lorsque l'homme a les deux pieds à terre, je me jette sur lui, profitant qu'il soit seul. Je le retourne violement contre l'habitacle de la voiture et je le menace de mon couteau.

— Donne-moi les clés, je lui ordonne.

— Non, ce n'est pas la mienne et...

— Elle est à qui, cette voiture ?

— À mon oncle, je la réparais simplement mais...

— Peu importe, je veux les clés.

— On pourrait peut-être discuter ?

Je détaille le garçon qui se tient devant moi, en fait, ce n'est qu'un gamin, il doit bien avoir quinze ans et quelque chose me dit qu'il n'osera pas se confronter à moi.

— Je ne t'ai jamais vu ici, me dit-il.

Et si tu ne me donnes pas ces foutues clés tout de suite, tu ne reverras plus jamais personne, j'ai envie de lui dire. Je dois rester calme, j'ai eu ma dose de bagarre pour aujourd'hui et j'ai quasiment tué un homme.

— Écoute-moi, j'ai absolument besoin de cette voiture.

— D'accord.

D'accord ? Alors ce crétin a décidé de céder aussi facilement ? Ce n'est pas pour me déplaire, mais je trouve ça tout de même étrange. Il me tend les clés que je lui arrache des mains. Je m'installe au volant et j'ai un trou de mémoire. Je ne sais absolument pas comment démarrer cette chose. Je suis sûr que je sais conduire, mais je me rappelle aussi que les voitures que j'ai conduites n'ont pas autant de boutons et fonctions en tous genres, sans non plus savoir exactement d'en quoi elles sont si différentes. J'entre la clé dans la serrure qui me semble prévue à cet effet. Le garçon me regarde, estomaqué. Tu m'étonnes, je dois avoir l'air super con à vouloir voler une voiture alors que je ne sais même pas comment la démarrer.

— T'as besoin d'aide ? me demande le garçon.

— Toi, te fous pas de ma gueule !

Il se penche dans l'habitacle et actionne un tas de trucs dont je ne connais pas l'utilité. Enfin, il me dit d'appuyer sur la pédale pour démarrer. Il m'adresse un sourire, je ne comprends pas trop comment ça se fait qu'il m'ait donné les clés sans que je n'aie eu à user de la violence et surtout, pourquoi il m'a aidé à démarrer. Avant que j'accélère, il sort un boitier noir doté d'une antenne et actionne un bouton sur le côté. Il se met à parler dedans :

— J'en ai trouvé un, il a pris ma voiture.

Quel enfoiré ! Mais en même temps, je m'en doutais, son amabilité cachait forcément quelque chose. Alors, j'appuie sur la pédale d'accélération et la voiture démarre en trombe, je ne sais pas vraiment où je vais, mais en tout cas je dois m'éloigner de ce gamin de malheur, il va probablement envoyer sa clique à mes trousses.

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