Chapitre 9

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PDV Irniaëlle :

Le soir suivant son arrivée, j'ai pu apprendre pas mal de choses sur la vie d'Armand. En effet, au repas, nous n'avons eu qu'à poser quelques questions avant qu'il se lance dans un récit complet et détaillé de son grand voyage, depuis le début. Ce qu'il peut être bavard décidément, je n'aurais pas soupçonné ce trait de caractère chez lui car, pour moi si l'on part aussi loin aussi longtemps c'est un peu pour se retrouver soi-même, où parler n'a plus sa place.

Mais apparemment je me suis trompée. Il a vraiment eu l'air soulagé de pouvoir discuter avec nous. J'ai donc décidé de creuser un peu plus le personnage, voir ce qui se cache sous les vraies raisons de son départ, puisque lorsque nous avons abordé le sujet de ses parents il s'est défilé, de façon admirable certes, mais je sais que s'il n'a pas voulu en parler c'est que ça doit être un sujet assez sensible. Et dieu sait que j'adooooore connaître les secrets des autres. Ça me donne l'impression d'être un peu plus importante même si ce n'est absolument pas le cas.

J'ai donc conclu d'essayer de discuter seule à seul avec lui -ce qui ne sera déjà pas chose facile avec mon frère qui joue mon garde du corps- et peut-être lui délier un peu la langue. Oui je sais, ce gars m'intrigue plus que de coutume, mais il n'y a pas de mal à ça non ? Et puis il s'en va dans moins d'une semaine alors il peut bien décharger tout ce qu'il accumule depuis son départ à une gamine comme moi, surtout que je n'aurais aucun intérêt à le répéter ensuite.

Comme toujours, je trouve les bons arguments pour parvenir à mes fins, mais le facteur tangible reste Armand et si il est résolu à tout garder pour lui, je n'irai pas bien loin. Et comme je n'arrive pas à déterminer son tempérament en général, je ne sais pas à quoi m'attendre. Bref je verrai bien. Chaque chose en son temps.

Je passe discrètement près de la cuisine après avoir pris ma douche et colle mon oreille à la porte. Ça fait maintenant plusieurs fois que des éclats de rires me parviennent et je suis bien décidée à faire ma curieuse. C'est donc surprise et confuse que j'entends mon frère et Armand en pleine discussion plutôt très amicale. Il est vrai qu'ils s'étaient trouvés plusieurs points communs pendant le repas, mais ils ont l'air d'avoir vraiment sympathisé.

Cela m'étonne un peu de Valentin je dois dire. Quand il est parti il y a quatre ans, il parvenait difficilement à instaurer des relations amicales avec qui que ce soit, et s'était attiré la réputation de vrai dur à cuir toujours prêt à protéger sa petite sœur quoi qu'il arrive. Bien que ce dernier point n'ait pas l'air d'avoir changé, je ne pourrais pas en dire autant des autres. Son arrivée au Japon a l'air de l'avoir véritablement métamorphosé. À moins que ce soit l'âge et le gain en maturité ? Je ne sais pas, quoi qu'il en soi Val a l'air d'être quelqu'un de très avenant et appréciable. Cette conclusion suffit à me remplir de bonheur et c'est toute guillerette que je regagne ma chambre.

***

PDV Valentin :

Je m'emporte sûrement un peu mais ce Armand va quand même passer presque une semaine chez nous. Donc je veux avant tout m'assurer qu'il n'a pas de mauvaises intentions. Bien sûr je pourrais le faire à la manière forte mais il est plus grand et au moins aussi musclé que moi, ce qui pourrait changer la donne si on en vient aux mains, et ce même si j'ai plus d'expérience que lui au combat. Je déteste ne pas me sentir imposant devant mes adversaires. Cela dit je fais toujours tout pour avoir ce que je veux et si je ne peux pas jouer le côté de l'intimidation, je peux en revanche jouer celui de la séduction. Un sourire carnassier apparaît sur mon visage.

C'est donc tout naturellement que je lui propose de poursuivre la discussion commencée à table pendant que je fais la vaisselle dans la cuisine. Je dirige instinctivement mes sens vers lui et remarque qu'au-delà du stress omniprésent qui le ronge constamment, une légère angoisse est apparue en lui. Cependant j'aurais très bien pu me contenter d'observer sa gestuelle. Lorsque je lui ai proposé, il a commencé à faire tourner d'une main la chaîne en argent à son poignet, et une ombre d'inquiétude est passée sur son visage. Il montre tous ses états d'âme, sans se soucier qu'on pourrait s'en servir contre lui...

Une Part d'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant