PDV Armand :
Mais qu'est-ce qui m'arrive ! Je perds complètement le contrôle sur moi-même, il faut que je me ressaisisse sinon je ne pourrai bientôt plus contrôler mes sentiments pour Irnia. Rhaa, des sentiments ? C'est une blague ? Depuis quand je ressens quelque chose à son égard d'abord ? Mon côté obscur me susurre que j'en ai eu dès notre rencontre, mais je n'y cède pas. Je m'assois sur l'herbe tendre de la clairière en attendant la tombée de la nuit. J'ai couru pour rentrer jusqu'au sanctuaire, ce qui m'a permis de m'aérer l'esprit, puis ai pris un long bain pour me détendre. Enfin Totsue m'a annoncé que le repas serait prêt au crépuscule, que j'attends donc désormais sur l'étendue verdoyante de la clairière.
Une vague de panique me submerge et je me force à respirer normalement. Bon sang j'ai failli embrasser Irniaëlle, j'en avais vraiment envie sur le coup, elle était tellement jolie... "Hum, tu t'égares Armand". Et si elle n'avait pas voulu ? Après tout elle était parfaitement immobile, certainement terrifiée que je lui fasse quoi que ce soit. Mon dieu, je suis horrible d'avoir été aussi impulsif. Je doute qu'elle me laisse l'approcher demain. Peut-être que je devrais m'excuser ? Non mauvaise idée, elle va me prendre pour un mec lourd et collant, en bref tout ce que je ne veux pas.
Et dire que je vais devoir lui raconter la dispute avec mes parents et du coup par la même occasion ma dernière relation de couple sérieuse. Elle va trouver ma vie complètement timbrée c'est certain, mais je lui ai promis et elle a l'air de vraiment y tenir. Tout est si compliqué, et j'ai l'impression que ce n'est que le début. Il nous reste tant de chemin à faire pour accomplir ce qui nous est demandé. Je n'ai pas fait le choix de la facilité en restant mais je sais que je suis là où je dois être et c'est tout ce qui m'importe à l'instant présent.
Je n'entends pas Totsue arriver, cela dit je ne sursaute pas quand il vient s'asseoir à côté de moi.
- Fais le vide dans ton esprit Armand.
- Plus facile à dire qu'à faire, rétorqué-je avec humeur.
Je m'exécute tout de même et entreprends de me concentrer sur l'image d'une pièce dans laquelle s'entrepose l'ensemble de mes pensées. Autant dire qu'elle est pleine à craquer. Puis je l'imagine se désencombrer progressivement pour finir totalement vide. À ce moment-là, mes tracas se sont envolés momentanément et j'en profite pour détendre tous les muscles de mon corps et me laisser porter par les bruits de la nature. Ce n'est que lorsque Totsue prend la parole que je me rends compte que la nuit est tombée :
- C'est une excellente technique que tu as utilisée et elle se révèle très efficace. Je te félicite. À présent viens, nous allons manger.
Encore groggy de ma récente somnolence je me lève en titubant et le suis en me frottant les yeux. Nous dînons dans la même pièce que celle dans laquelle il nous a parlé pour la première fois du Sakuri, à l'étrange clarté verdâtre. J'avale silencieusement les beignets fourrés qu'il a cuisinés. Je n'ai aucune idée de ce qu'il y a dedans mais c'est sacrément bon.
Peu à peu mes pensées dérivent involontairement vers Irniaëlle. Je visualise parfaitement bien la distance qui nous sépare et je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour elle. S'il lui arrivait quelque chose de grave, je serais bien trop loin pour arriver à temps et la sauver. Je sens la panique affluer à nouveau mais je m'efforce de la contenir. Il ne faut surtout pas que Totsue se rende compte de l'état dans lequel je...
- Si tu ne fais rien pour l'en empêcher je lis en toi aussi aisément que si tes pensées étaient écrites sur un livre.
- Vas-tu nous apprendre à maîtriser nos émotions ?
Il me regarde d'un air pensif puis penche légèrement la tête sur le côté et son visage s'illumine :
- Je crois en effet que c'est primordial. L'ignorance des autres sera ton plus grand atout. Moins tes ennemis en sauront sur tes sensations moins tu auras de chances d'être évincé.
VOUS LISEZ
Une Part d'Ombre
ParanormalIls se sont terrés dans la peur. Ils ont vécu dans le mensonge pendant plus d'un siècle. Le temps est venu de changer les choses, de changer le Sakuri...