Chapitre 30

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PDV Irniaëlle :

Quand je reprends connaissance je sens que mes membres sont tous ankylosés et douloureux. Cela dit, je me sens plutôt très en vie pour quelqu'un qui était censée mourir cette nuit. Et à en juger par la luminosité qui filtre entre mes paupières close, le soleil est déjà bien haut.

Peu à peu, les souvenirs affluent dans mon cerveau, qui recouvre lentement mais sûrement sa lucidité. Je me redresse alors d'un mouvement brusque, parfaitement éveillée. Où suis-je ? Je caresse d'une main les draps soyeux dans lesquels je me trouve. La pièce qui m'entoure est chaleureuse, avec des couleurs claires et apaisantes. Mon regard se pose sur une porte coulissante sur le côté, qui mène sans aucun doute dehors. Je repousse les draps et entreprends de me mettre debout. Mes jambes tentent dans un premier temps de me faire défaut, avant de finalement accepter ma décision de me lever.

Je remarque au passage qu'elles sont couvertes de coupures et d'égratignures. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé depuis que j'ai reçu ce projectile ou je ne sais quoi dans la tête. Je pose instinctivement une main sur mon front à l'évocation de ce souvenir, mais ne sens pas de quelconque bosse ni aucune zone douloureuse nulle part. J'ai décidément bien hâte d'avoir des explications digne de ce nom.

Je soupire avant de pousser la porte. La lumière du soleil m'aveugle au début, mais une fois accoutumée à la forte luminosité je risque un pied dehors. Un magnifique parterre de fleurs longe un petit chemin en pierres qui semble faire le tour de l'habitation. Au-delà, se tient une grande clairière, semblable à celle près du sanctuaire de Totsue, à la seule différence qu'elle semble se terminer dans... le vide.

Ma curiosité piquée, je décide de m'approcher. Une fois au bout de l'étendue verdoyante, je prends enfin l'ampleur de la hauteur de la falaise sur laquelle je me trouve. Je jette un bref coup d'œil en bas mais le vertige me rappelle aussitôt à l'ordre. Je me retourne pour profiter de la vue d'ensemble des alentours. La charmante maison dans laquelle on m'a emmenée est entourée de cette clairière si verte et offre une superbe vue sur la plaine en bas avec au loin, très loin, le mont Fuji.

Je tourne à nouveau le dos à la maison pour me concentrer sur ce dernier point. Je n'ai aucune idée d'où je me trouve dans le pays, mais visiblement assez loin d'où habitent Valentin et Makoto puisque le mont me paraît bien plus éloigné. Bon sang mais où suis-je ?

- J'espère que tu ne comptes pas sauter. Ce serait regrettable après ce que j'ai risqué en te sauvant.

Je sursaute violemment et me retourne vivement, prête à envoyer mon poing dans la figure de celui qui a parlé. Je baisse ma garde quand je reconnais le vieil homme aux longs cheveux blancs qui était mon bourreau, mais aussi mon sauveur. Je penche la tête d'un côté et fronce les sourcils. Il m'a parlé en japonais, et je lui réponds de même :

- C'est quoi cet endroit ? Pourquoi m'avez-vous sauvée alors que vous étiez censé me tuer ? Que s'est-il passé après que j'ai perdu connaissance ? Que....

Il lève une main autoritaire pour me signifier de me taire. Ce que je fais instantanément.

- Assieds-toi, je vais tout t'expliquer.

Il accompagne le geste à la parole pour m'encourager à faire de même. Son air est doux et réconfortant mais plus jamais je ne me laisserai avoir par les apparences après ce qu'il s'est passé avec le père de Totsue. J'obtempère donc avec prudence et  m'assois en face de lui.

- Bien. Tout d'abord je me présente, je suis Yuko, ancien Éclaireur et cousin d'Haruko Atani, la mère de Totsue que tu connais déjà.

Je me tends aussitôt à l'évocation du nom de ma tortionnaire. Peut-être qu'elle est là et que tout ceci n'est qu'un autre piège pour mieux me tuer ensuite.

Une Part d'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant