PDV Irniaëlle :
Tout se bouscule dans ma tête. Une chose est sûre, je suis condamnée. Ça me paraît impossible que Totsue ait pu prévoir mon exécution si rapide. Et puis je n'ai aucune idée de l'endroit où je suis, mais certainement beaucoup trop loin pour que les autres viennent me sauver à temps. Plus j'y pense, et plus mes maigres espoirs s'envolent. Pourtant j'ai l'intime conviction que mon existence ne va pas prendre fin tout à l'heure. Piètre consolation, sûrement due au désespoir mais ce pressentiment parvient tout de même à prendre le dessus sur mon pessimisme.
Je relève la tête, fière. La mère de Totsue se penche vers moi, et, croyant dur comme fer que je n'ai pas compris un seul mot de son discours, me souris d'une manière presque maternelle. Elle me provoque, en essayant de me rassurer quant à mon sort alors qu'elle trépigne d'impatience d'en finir avec moi. Je sens son mari derrière moi se tendre ostensiblement. J'écarte ses craintes en rendant un sourire soulagé très convainquant à la japonaise, qui éclate de rire avant de commencer à descendre les marches, à la rencontre du petit attroupement qui lui tenait lieu de public.
J'ose me retourner vers son mari. Ce dernier incline la tête en signe de respect et de gratitude vis à vis de mon comportement. Puis, brusquement rappelé à l'ordre il feint me tirer violemment le bras pour me relever et me pousse vers ma cellule. Une fois certaine d'être seuls je lui lance :
- Vous allez empêcher ça n'est-ce pas ? Raisonnez votre femme et assurez-lui que je ne représente aucune menace je vous en prie.
Il me fixe d'une façon impénétrable pendant un long moment. J'espère qu'il va accepter, il est mon dernier espoir. Il sort vérifier si personne n'est dans les parages avant de me dire d'une voix douce :
- Tiens toi prête, je vais revenir te voir dans une heure et t'indiquer un chemin sûr pour t'échapper.
Sur ces mots, il tourne les talons, puis sort sans oublier de m'enfermer. Je passe mes mains sur mon visage. J'ai bien cru que tout était perdu, mais mon instinct ne m'avait pas trompé.
***
C'est lorsque j'entends la porte en fer grincer en s'ouvrant que je me rends compte que je me suis endormie. Je me redresse, le dos endolori par ma position inconfortable. Le père de Totsue me regarde d'un air attendri et me fait signe de le suivre en silence. J'ai de la chance qu'il soit là pour m'aider, sinon je devrais déjà être en train de me préparer à mourir. Cette pensée me fait frissonner. Non, se concentrer sur l'objectif principal, sortir d'ici. Nous nous arrêtons au bout d'un couloir qui tourne ensuite vers la gauche.
Le japonais se retourne vers moi, pose ses mains sur mes épaules avant de me chuchoter :
- Je ne peux pas aller plus loin. Au fond du couloir à gauche il y a une porte en bois. C'est par là que tu pourras sortir. Allez file maintenant.
- Je... euh... merci, je parviens à balbutier encore peu habituée au fait d'être bilingue.
Je passe devant lui et rase les murs du couloir sombre. Il me semble interminable et ma progression est très lente, conséquence de la quasi totale obscurité des lieux. Au bout de ce qui me semble une éternité, j'arrive enfin à hauteur de la porte en question, souffle un bon et appuie sur la clenche. Lorsque je sors, je me trouve sur une immense cour, et au-delà de cette cour s'étend une plaine, synonyme de liberté. Seule ombre au tableau, entre cette liberté et moi se dresse la mère de Totsue, ainsi que toutes les autres personnes qui étaient là à son discours. Je me fige d'horreur, car le pire dans tout ça, c'est qu'ils semblaient m'attendre.
Je n'y comprends plus rien. Je remarque que derrière ma geôlière se tient une étrange planche en bois, avec un trou à peu près au milieu, et sur laquelle des attaches en fer se trouvent. Je déglutis devant ce spectacle. En même temps, une silhouette me frôle et vient se placer avec les autres. Comme je m'y attendais, c'est le père de Totsue. Et il paraît particulièrement fier du piège qu'il m'a tendu puisqu'un sourire carnassier s'étale sur son visage ridé.
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Une Part d'Ombre
ParanormaleIls se sont terrés dans la peur. Ils ont vécu dans le mensonge pendant plus d'un siècle. Le temps est venu de changer les choses, de changer le Sakuri...