PDV Irniaëlle :
J'enchaîne les figures sous le regard affûté de mon mentor. Au bout d'une heure de travail physique fastidieux je m'arrête pour aller boire. La chaleur estivale est arrivée il y a plusieurs semaines et est fortement handicapante pour se mouvoir en tunique. Je décide alors de passer rapidement à la salle de bain enfiler une tenue plus légère. Passant devant le miroir, je me surprends à scruter mon reflet. Mes cheveux ont énormément poussé cette année, n'ayant pas une seule fois eu l'occasion de les couper. Cela dit, ils n'ont pas pour autant perdu de leur éclat. Et en y repensant, mon visage s'est certainement affiné, tout comme mon corps d'ailleurs. Les heures d'entraînement acharné l'ont sculpté, renforcé et bien musclé.
J'aime beaucoup la Irniaëlle que je suis devenue. Forte et sûre d'elle. Je n'oublie pas malgré tout que cela fait bientôt un an que je suis coincée ici, à l'écart de toute civilisation. En effet, par soucis de sécurité nous ne sommes sortis que très rarement de chez Yuko.
- Tu comptes t'éterniser dans la salle de bain, me réprimande ce dernier de derrière la porte.
Je souris, mime un salut militaire à mon reflet et retourne à la clairière. J'attache vite fait mes cheveux en une queue de cheval haute et me place devant le vieil homme. Il me toise de haut en bas, à la recherche d'un exercice susceptible de me mettre en difficulté, si tant est qu'il y en ait encore un. Il m'a si bien formée que plus grand chose ne m'intimide à présent, et je ne lui en serai jamais assez reconnaissante pour ça.
Il se gratte la tête dans un geste pensif puis semble enfin trouver.
- Je vais tester ta capacité à te débarrasser d'ennemis. Tu pourras user de tous les moyens qui te sembleront appropriés.
- Et je suppose que je dois te laisser accès à mon esprit pour les illusions...
Il acquiesce et je grimace. Je déteste lâcher du leste, ça me fait me sentir complètement vulnérable. Néanmoins, j'obtempère de mauvaise grâce et le laisse s'emparer de mes sensations. Je ferme un instant les yeux pour me concentrer, et quand je les rouvre, je remarque que le décor n'a pas changé. Je suis toujours dans la clairière de chez Yuko, un magnifique mardi après-midi, sous une chaleur étouffante.
Mes sens sont en éveil. Un immense loup, de la taille d'un ours, complètement surnaturel apparaît en face de moi. Et d'après ce que je vois, il s'est mis en tête que je serais son prochain repas. Bien que je sache que c'est une illusion, Yuko est si doué que cette créature paraît plus vraie que nature. Le loup s'approche de moi, j'esquisse un sourire espiègle, avant de m'élancer à mon tour vers lui. Au moment où il allait refermer sa puissante mâchoire sur moi, je pose une main sur le sol et en change les propriétés afin qu'il devienne glissant. Je me laisse alors glisser entre les pattes de la bête pour arriver derrière lui.
Je penche la tête d'un côté, pensive, quant à savoir de quelle manière je vais le tuer. Il ne me laisse pas le temps de décider puisqu'il se rue à nouveau sur moi. Tant pis je vais improviser. Cette fois-ci je me mets à courir mais dans la direction opposée au loup. Puis je m'imagine un mur invisible en face. Je m'élance et prends appui dessus pour sauter et me retourner vers la bête féroce. J'ai visé juste puisque je suis pile à la bonne hauteur. À partir de là tout s'enchaîne très vite. Toujours à l'aide de mon Sakuri, je modifie et concentre la force du vent pour me donner plus de vitesse lorsque j'envoie un énorme coup de pied dans la gueule de l'animal. Ce dernier gémit et s'écroule à terre. De mon côté j'atterris dans une pirouette gracieuse.
Puis par la seule force de la pensée je modifie la structure de l'herbe pour en faire des lianes solides qui viennent s'enrouler autour du loup et le serrer jusqu'à ce qu'il agonise. Voilà une bonne chose de faite, pliée en moins de deux minutes chrono. Cependant, Yuko ne me laisse aucun répit en enchaînant allègrement créatures en tous genre et même des humains. Je suis à chaque fois victorieuse en veillant à user le plus de variantes possibles du Sakuri que j'ai acquises jusqu'ici. Au bout de deux heures de combats sans relâche, le vieil homme consent enfin à me laisser du repos. Jamais il ne m'avait autant sollicité auparavant.
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Une Part d'Ombre
ParanormalIls se sont terrés dans la peur. Ils ont vécu dans le mensonge pendant plus d'un siècle. Le temps est venu de changer les choses, de changer le Sakuri...