Chapitre 16

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PDV Armand :

Comme depuis plusieurs nuits maintenant je n'arrive pas à trouver le sommeil. Le pire, c'est que je sais qu'Irniaëlle ne dort pas derrière cet unique mur qui nous sépare mais je ne peux pas aller la réconforter. Elle m'a carrément envoyé balader hier soir, du coup je n'ose pas réitérer ma demande. Cela dit, elle a fait ça pour se protéger, ce que je comprends. Je pars demain après tout...

Les récits successifs de Totsue et Makoto m'ont tout simplement émerveillé, ce don est tellement ancestral. Jamais je n'aurais pensé qu'il ait une histoire aussi chargée. Sans compter les possibilités qu'il offre, l'apprendre serait un réel honneur. Mais bien évidemment, ce qui me fait peur dans cette folle aventure est le fait que je ne sais pas à quoi m'attendre. Est-ce qu'on aurait des horaires précis pour les entraînements ? Est-ce qu'une date a été fixée pour partir dans tout le Japon médire les Éclaireurs ? Ça y est l'angoisse remonte. Sans réfléchir je me lève sors de ma chambre et arrive devant cette d'Irniaëlle en trois pas. Je pose ma main sur la barre en bois servant à l'ouvrir, hésite longuement avant de renoncer. Je dois respecter ce qu'elle veut.

Justement que veut-elle ? J'ai cru comprendre que malgré toutes les contraintes de ce changement de vie elle serait prête à accepter la proposition de Totsue. Mais elle émet aussi des réserves, paraît peu sûre d'elle. Et puis il y a cette phrase que le japonais m'a dite avant de partir : "Fie toi à ton instinct demain". Pour l'instant je dois dire que mon instinct ne m'aide pas trop à décider quoi faire. Ma raison, quant à elle, me crie de m'en aller, de prendre mon avion demain comme prévu.

Les heures défilent sans que Morphée ne se résolve à me prendre dans ses bras. C'est donc sans avoir fermé l'œil de la nuit que mon réveil sonne à 7h. Mon vol est dans 5h, ce qui me laisse une marge conséquente pour faire du stop jusqu'à Tokyo et être ponctuel. J'ai pris ma décision et ne compte plus revenir dessus afin que le doute ne s'insinue pas dans mon esprit. Tant pis, autant la jouer borné jusqu'au bout.

Je rassemble rapidement toutes mes affaires et me faufile jusqu'à la cuisine. Je faillis pousser un cri de surprise en voyant que Valentin m'y attendait déjà.

- Je me doutais que tu passerais par ici avant de partir. Je suppose que ton choix est fait.

J'opine du chef sans un mot. Son visage se détend ostensiblement.

- Je t'avoue que ça me rassure un peu. Sans toi, Irniaëlle ne se lancera pas seule dans cette funeste quête et malgré tout mon respect pour Totsue, au moins elle sera en sécurité.

Sa remarque me reste en travers de la gorge. Pourquoi ne va-t-il pas lui parler lui-même de ses doutes au lieu de se servir de moi ? Cependant il a aussi dit quelque chose d'intéressant : Irniaëlle n'acceptera pas si je ne suis pas avec elle ? À quoi cela rime ? Nous ne nous connaissons que depuis à peine une semaine et elle voudrait a tout prix que je surmonte les épreuves qui nous attentent avec elle ? C'est à n'y rien comprendre. Je soupire de lassitude et jette un regard noir à Valentin qui paraît outré de ma réaction :

- N'y a-t-il pas de mal à vouloir le bonheur de sa petite sœur ? Je fais au mieux pour qu'elle soit heureuse voyons !

Alors là c'est trop pour moi. Je franchis d'un grand pas la distance qui me sépare de lui, plonge mon regard le plus furieux que je possède en magasin dans le sien, et appuie un doigt accusateur sur son thorax.

- Tu parles d'un frère exemplaire ! Je m'y connais certes très peu, mais je suis sûr d'une chose : pour rendre heureuse ma sœur je ne l'ignorerais pas depuis des jours comme tu le fais ! Crois-tu que c'est le bon comportement à avoir ?! Tu dis que je suis un peureux mais tu l'es au moins autant que moi là-dessus alors si tu ne veux pas passer pour un pauvre mec dans mon cas qui fuis le danger, je te conseille vivement de changer d'attitude vis à vis d'elle !

Une Part d'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant