Chapitre 40

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PDV Irniaëlle :

Une fois que Makoto a terminé son récit, je me lève et commence à m'éloigner. Bizarrement j'ai un très mauvais pressentiment concernant tout ce qu'elle vient de nous dire. Quelque chose ne tourne pas rond, et ce qui m'agace par dessus tout c'est que je n'arrive pas à déterminer quoi.

Je m'arrête au bout d'une dizaine de minutes de marche et m'assois au pied d'un immense arbre. Soulevant légèrement mon t-shirt je remarque avec soulagement que ma blessure s'est considérablement cicatrisée dans la journée. Enfin une bonne nouvelle, je n'en peux plus d'être limitée dans mes mouvements et il me tarde de reprendre les entraînements. Une présence approche. J'allais me relever quand je remarque que c'est seulement Totsue.

- Tout va bien ? Tu es partie plutôt vite, lance-t-il en japonais, d'un ton qui se veut apaisant.

- Tu veux savoir ce que je pense ? C'est que je suis face à un puzzle complet, mais dont une pièce, qui pourtant a la bonne forme et lie le tout, ne correspond pas, et fausse tout le résultat final.

Il se laisse tomber à côté de moi et lève la tête vers les feuillages.

- Jolie métaphore. Et tu seras soulagée d'apprendre que j'ai la même impression.

Je me tourne vers lui en haussant les sourcils.

- Alors pourquoi sembles-tu si joyeux ?

Il baisse la tête et son regard vient se plonger dans le mien, tout aussi noir. Un sourire franc s'étire sur ses fines lèvres.

- J'aperçois une embellie au loin. Et cela me rend heureux car tout ce que je pressentait de l'avenir jusqu'à présent était sombre et décourageant.

Je hoche la tête silencieusement. Je n'ai pas encore la capacité de voir aussi loin que lui, mais s'il le dit c'est que ça doit forcément être vrai, du moins je l'espère. Soudain, un constat me frappe et m'apparaît comme une évidence indubitable, me convaincant jusqu'au plus profond de moi. Totsue doit le sentir puisque je le vois froncer les sourcils à côté de moi.

- Valentin ne va pas mourir, dis-je simplement.

- Tu ne peux pas en être sûre, rétorque-t-il un brin sceptique.

- Si. Je n'ai jamais été aussi sûre d'une chose auparavant. Je sais qu'il va s'en sortir, que je le reverrai vivant, mais je ne peux pas t'expliquer pourquoi j'en ai une telle certitude.

Il reste pensif quelques instants. Le vent fait voleter sa mèche de cheveux qui devient de plus en plus longue. Il a décidé de se faire pousser les cheveux, et je dois avouer que ça lui va assez bien.

- Ton Sakuri est plus étonnant que je ne l'aurais pensé alors. Car j'ai l'intime conviction que tu as raison, que je peux me fier à ton jugement.

Je ne réponds rien, laissant passer un blanc avant de lancer un autre sujet.

- Vas-tu continuer à nous former ?

- Bien évidemment, et en plus nous avons la forêt, ce qui va nous permettre de voir de nouvelles techniques de combat. Il ne faut surtout pas relâcher nos efforts, tout ce que nous avons accompli jusqu'à présent. Persévérer est la clé.

Je le regarde intensément dire tout ça, car je sais que ces paroles vont m'être cruciales pour la suite des événements.

- Ne perds pas espoir, c'est tout ce qui nous reste à présent. Même si mon père nous mène la vie dure, nous ne pouvons pas savoir de quoi demain sera fait, ni les jours suivants. Il y a tellement à gagner à la clé.

J'enveloppe ses mains des miennes et le force à me regarder dans les yeux.

- Ta cause est la plus louable qui soit, et partout où tu iras je te suivrai, tout ce que tu me diras de faire je le ferai, jamais je ne t'abandonnerai, car je me suis trouvée dans le Sakuri, grâce à toi, et je t'en serai éternellement reconnaissante. Grâce à toi j'ai rencontré Armand, grâce à toi je sais ce que je veux faire de ma vie. Alors rien que pour ça ne doute pas, parce que nous serons toujours là pour te suivre et t'épauler.

Une Part d'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant