Une Part d'Ombre

Chapitre 13

PDV Irniaëlle :

J'ai du me faire violence pour ne pas sauter au plafond après la proposition d'Armand d'hier soir. J'espérais fortement qu'il n'ait pas mal pris mon refus d'il y a deux jours. Et à mon plus grand contentement ça n'a pas du tout été le cas. Naturellement, le lendemain je suis toute guillerette et même si je m'habille en tenue de sport et que je ne me maquille pas je fais en sorte de travailler un peu plus mes cheveux, les relevant en un chignon assez complexe d'où dépassent certaines mèches. Lorsque je suis satisfaite de mon reflet dans le miroir de la salle de bain je retourne à mon activité favorite depuis que je suis arrivée, à savoir, lire. Bien que j'aie toujours aimé m'enfermer dans une bulle et ne me soucier plus que des péripéties de quelque héros de papier, le fait d'être loin de chez moi et de mes habitudes favorise encore plus ce passe-temps car comblant mes moments de nostalgie.

Cependant malgré tous mes effort il m'est tout bonnement impossible de me concentrer aujourd'hui. Et lorsque je me rends compte que ça fait dix fois que je relis la même ligne sans en saisir le sens, je referme mon ouvrage, le pose au sol à côté de mon lit et me relève de celui-ci pour m'asseoir. Mes pensées dérivent rapidement vers la sortie de cet après-midi qui se rapproche. Je pense certainement profiter de ce moment seuls tous les deux pour essayer d'en apprendre plus sur sa vie d'avant son départ. Oui, j'ai envie de faire ma curieuse.

Ma réflexion s'arrête nette quand Valentin appelle pour déjeuner. J'ouvre la porte de ma chambre et entends celle de la salle de bain claquer. Surprise je sors d'un coup et me heurte violemment à quelqu'un qui ne m'a visiblement pas vue. Je fais quelques pas en arrière sous l'impact et me frotte le front, qui a le plus souffert. Lorsque je relève les yeux je vois Armand par terre contre le mur. J'ai du le pousser plutôt fort pour qu'il en perde l'équilibre et tombe. Il se relève vivement et me demande :

- Ça va tu ne t'es pas fait mal ? J'ai oublié mon t-shirt dans ma chambre du coup je suis parti en trombes le récupérer.

- Non non, excuse moi je n'aurais pas dû sortir aussi vite de ma chambre j'espère que je ne t'ai pas blessé.

Il sourit et hoche négativement la tête. Je lui rend son sourire et m'arrête sur un détail qui ne m'avait pas interpelé avant qu'il le dise. En effet, ayant oublié son haut il n'est vêtu que d'un short. Mon regard s'accroche un instant sur son torse parfaitement sculpté et sentant le rouge me monter aux joues je m'excuse et m'éloigne à toute vitesse vers la salle à manger. Lui aussi semble perplexe puisqu'un dernier coup d'œil derrière moi me montre qu'il a rougi comme moi. Rien de surprenant sachant qu'il est assez facile de le faire rougir justement. Cela ne veut donc en aucun cas dire qu'il a été troublé autant que moi. Je soupire, il faut vraiment que j'arrête d'être aussi gênée en sa présence.

Le repas se passe dans une très bonne ambiance jusqu'à ce que mon frère rappelle quelque chose qui m'était complètement sorti de la tête :

- Bon c'est bien demain que tu pars Armand ? Tu as commencé à prévoir où tu vas ensuite ?

Je laisse bruyamment tomber ma fourchette sur mon assiette à l'entente de ces mots. Les regards convergent vers moi et celui aigue-marine d'Armand me déstabilise instantanément. Je l'évite et souris pour les rassurer, que ce n'était rien d'important. Armand s'en va déjà demain ! Je n'ai pas vu le temps passer depuis qu'il est arrivé, tout s'est enchaîné si vite. Je suis partagée entre la tristesse de ne plus le voir, car mine de rien j'ai eu le temps de m'attacher à son petit caractère, et le soulagement car sa proximité commence à vraiment me troubler. Je ne me suis jamais vraiment intéressée à un garçon et j'ai un peu peur de ce que je pourrais commencer à ressentir pour Armand si il restait près de moi. Surtout que lui doit avoir de l'expérience en relations de couple et je suis persuadée que si je tombais vraiment amoureuse de lui ce ne serait en aucun cas réciproque.