PDV Irniaëlle :
J'entends un bourdonnement très lointain, comme à des kilomètres de moi. Incessant et lancinant, me transperçant le cerveau par sa ténacité. Cerveau qui va finir par se réveiller si ce bruit étouffé persiste. Et je n'en ai pas envie, je suis si bien là où je suis. Je ne sens plus la fulgurante douleur qui m'a fait vomir et perdre connaissance aussitôt après. Non je ne sens plus rien ici, juste une paix particulièrement agréable. Mais malheureusement pour moi, le bourdonnement se rapproche et se fait de plus en plus clair. Il s'affine pour prendre la forme de voix humaines plutôt affolées d'après les conclusions que mon cerveau en tire.
Alors, ne supportant plus être dans un état d'entre-deux, je me risque à ouvrir un œil. Idée que je regrette immédiatement. Les rayons du jour semblent brûler mes yeux, comme si ils n'avaient jamais vu la lumière. Malgré moi, je pousse un gémissement de douleur. Mon flanc me fait atrocement souffrir, me donnant une sérieuse nausée. Cependant, la manifestation n'est pas passée inaperçue, et je sens un poids s'asseoir à côté de moi, puis une voix grave que je connais très bien se met à chuchoter à mon oreille.
- Comment tu vas Irnia ? Tu as besoin de quelque chose.
L'intonation des paroles de mon frère trahit une vive angoisse, que j'avais rarement perçue chez lui. Est-ce mon malaise qui lui a causé une aussi grande frayeur ? Précautionneusement, je plisse mes yeux pour les ouvrir petit à petit. Cette méthode est la bonne puisque je parviens finalement à les accoutumer à la luminosité environnante.
En face de moi, livides, se tiennent les jumeaux et Totsue, me regardant comme si je n'étais pas réelle, ou alors un monstre d'une extrême laideur. Valentin est posé sur le lit sur ma droite, alors qu'Armand git inconscient de l'autre côté. Ce constat m'affole tout de suite. Je commence à m'agiter, mais Valentin me retient fermement par les épaules. Je lève des yeux incrédules vers lui. Pourquoi tient-il à me garder à distance de lui ? Puis soudain ça me frappe, comme une évidence. Depuis tout à l'heure je ressens un grand vide au fond de moi, sans parvenir à en déterminer la cause.
Lentement, je me tourne vers la silhouette inanimée du jeune homme. Non, je ne peux m'y résoudre. Ce n'est pas vrai, que s'est-il passé ? Que lui est-il arrivé ?Mes questions mentales font sens à Totsue, quand je les lui pose avec mon regard.
- Il a essayé de te sauver, fait-il d'une voix rauque, rendue tremblante par l'émotion, mais il était trop faible car il a lui aussi été touché par ton mal. Je lui ai donné quelques conseils pour t'aider à survire. Mais on ne sait pas vraiment ce qu'il s'est passé. À part qu'au bout d'un moment il a perdu connaissance, tu as convulsé et vous êtes morts tous les deux.
J'ose à peine respirer. Ma douleur au ventre me semble bien loin maintenant, tant celle qui vrille mon cœur est infiniment plus puissante.
- Mais tu t'es réveillée, et lui...
Le japonais ne finit pas sa phrase. Des larmes perlent au coin de ses yeux, et il sort précipitamment de la chambre. Les jumeaux le suivent, tels deux zombies complètement amorphes, profondément choqués par la scène à laquelle ils viennent d'assister. Enfin, Valentin, après avoir vérifié que ma blessure n'empirait pas, et m'avoir embrassé le front d'une manière plus que significative, sort à son tour. Lorsqu'il ferme la porte, son regard accroche un instant le corps sans vie sur le lit, puis il secoue vivement la tête avant de disparaître.
De mon côté, je suis complètement abasourdie. Cela ne fait même pas deux minutes que je suis éveillée, et je ne pense pas être en mesure d'assimiler autant d'éléments en aussi peu de temps. Néanmoins, je me concentre sur le plus important, à savoir, Armand. Je me rapproche doucement de lui, et tourne sa tête vers moi. Le teint cadavérique de son visage m'obscurcit momentanément la vue, tandis que ma respiration se fait très irrégulière. Non, il ne faut pas que je fasse une crise de panique maintenant, mais surtout rester lucide. Car je refuse à me dire qu'il est mort.
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Une Part d'Ombre
خارق للطبيعةIls se sont terrés dans la peur. Ils ont vécu dans le mensonge pendant plus d'un siècle. Le temps est venu de changer les choses, de changer le Sakuri...