Chapitre 41

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PDV Armand :

Je sors en trombe sans faire attention aux cris de protestation que je laisse derrière moi. Tout ça est en train de me pousser à bout. Trois mois que nous sommes coincés dans ces foutues cabanes et que nous ne faisons rien à part nous entraîner, toujours nous entraîner. Je saute à terre, et me mets à faire les cent pas.

- Armand attends, reviens s'il te plaît.

Sans savoir pourquoi, la voix d'Irniaëlle pourtant d'habitude si apaisante ne fait qu'augmenter ma colère. De ce fait, je ne prends même pas la peine de lever les yeux vers elle.

- Arrête de faire ta tête de mule tu veux bien ? Il faut qu'on en discute tous ensemble.

Du calme Armand, hurler ne fera qu'empirer les choses.

- Mais on ne fait que ça discuter ! Cela m'étonne d'ailleurs beaucoup de toi, qui a toujours préféré l'action à la parole. Je suis donc le seul à me dire que ça fait deux mois que le cadavre de Valentin pourrit sous terre ?!

Enfin je lève le regard, pour accrocher celui aussi noir de couleur que de fureur de la jeune fille qui me surplombe.

- Regarde-toi voyons on dirait un enfant ! S'il était mort crois-moi que nous l'aurions su, Saru s'en serait fait une joie de nous l'annoncer.

- Tu n'en sais strictement rien. Peut-être qu'il entretient l'illusion et qu'il a une dizaine de longueurs d'avance sur nous en réalité, qu'il nous tient sous sa coupe depuis le départ.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Mes épaules s'affaissent d'elles-mêmes.

- Je... je ne sais pas. C'est juste que je suis perdu, que j'ai perdu le sens de ce que nous faisons. Fais face à la réalité, qu'avons-nous accompli jusqu'à présent ? À part avoir récolté la mort de la mère de Totsue, certainement celle de la tienne- tu n'es au courant de rien après tout- ton enlèvement, maintenant celui de Valentin. Et je ne veux même pas penser à ce qui va nous tomber dessus ensuite.

À l'évocation de sa mère, Irnia se met à trembler et je peux nettement voir d'où je suis que ses yeux se sont emplis de larmes. Je soupire tristement, puis remonte me percher sur la même branche qu'elle. D'ici je constate d'ailleurs que ses larmes ne sont pas restées dans ses yeux, mais dévalent à présent ses joues dans un flot ininterrompu. Je n'étais plus habitué à la voir pleurer autant. Avançant un bras vers elle, je tente de l'attirer contre moi. Cependant elle a un mouvement de recul, me lance un dernier regard dédaigneux avant de disparaître dans la cabane que nous nous partageons.

- Et ne t'avise pas d'essayer de rentrer sinon tu seras mort en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je l'entends crier de l'intérieur.

Au moins le message est clair. Ne pouvant retenir un nouveau soupir, je passe une main lasse sur mon visage fatigué. Puis, n'ayant rien de mieux à faire, je redescends sur le sol verdoyant de la forêt. Bien qu'étant en fin d'été, les températures restent hautes et le temps toujours aussi clément. Un petit caillou a le malheur de rencontrer mon pied, qui fait vite de l'expulser au loin, de rage. Je sais pertinemment qu'il ne sert à rien de s'énerver de la sorte mais c'est plus fort que moi. Cette situation me frustre trop.

Après avoir marché cinq bonnes minutes pour m'éloigner de l'ambiance morose qui plane au-dessus des autres, je m'assois par terre et entreprends de me détendre comme j'avais coutume de le faire dans les premiers temps de notre apprentissage. Je visualise donc une pièce surchargée de toutes mes pensées et préoccupations, que je m'imagine vider progressivement au rythme de ma respiration. J'avais oublié à quel point cet exercice pouvait être relaxant.

Une Part d'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant