Une Part d'Ombre

Chapitre 37

PDV Armand :

- Valentin attends !

Je cours aussi vite que mes jambes me le permettent pour le rattraper.

- Bordel Val sois un homme et viens parler !

Il s'arrête net et je manque de me cogner contre lui. Prudent, je décide de reculer d'un pas pour être hors de portée de lui, on ne sait jamais. Lentement, il se retourne et me fixe d'un air menaçant en pointant un doigt accusateur à mon encontre.

- Ne me parle pas sur ce ton toi ! Si tu crois une seconde que j'approuve ta relation naissante avec ma sœur tu te trompes grandement ! Rien ne te donne le droit de la toucher !

- Pourtant rien ne m'y interdit à ce que je sache ! Je suis un adulte au même titre que toi, et ce sera le cas dans moins d'un mois pour Irniaëlle alors arrête de toujours vouloir tout contrôler concernant sa vie ! Accepte qu'elle change et se responsabilise !

Je lève les bras en signe d'impuissance et soupire.

- Écoute, je suis aussi sonné que toi de la maturité qu'elle a prise en seulement un an, cela me fait même un peu peur, j'ai l'impression de ne plus la connaître vraiment. Alors j'ose à peine imaginer ce que c'est pour toi qui veilles sur elle depuis toujours. Cela dit, tu n'avais pas le droit de lui parler comme ça. Elle ne te l'a pas montré mais elle a été dévastée par ce que tu lui as appris, elle s'en rend d'ailleurs responsable. Alors je t'en supplie, mets ta fierté de côté et retourne discuter avec elle calmement.

Son regard se fait hésitant, sans pour autant se détacher du mien. Je ne cille pas, et au contraire, y rajoute de l'intensité.

- On est entré dans quelque chose qui nous dépasse, et qui implique de bien plus grands dangers que ceux à quoi nous avons fait face auparavant. Mais si nous sommes désunis jamais nous n'arriverons à avancer ou meme nous en sortir vivant. Fais pas le con Valentin, ne fous pas tout en l'air juste à cause de ta peur du changement. Ne reste pas dans le passé, dans les remords. Ce qui est fait est fait, tu ne peux pas revenir dessus...

- Mais on devrait pouvoir ! Hein ?! Pourquoi faut-il que tout ne reste pas comme chacun le souhaite ?! Pourquoi ne peut-on pas revenir en arrière sur ce que nous aurions aimé qui reste tel qu'il est à jamais ?!

J'ai un énorme mouvement de recul à ces paroles. Tout se bouscule dans ma tête. Est-il à ce point fermé d'esprit ?

- Co... Comment est-il possible que tu puisses penser comme ça ? Tout le monde rêve d'avancer, d'évoluer, c'est ainsi que tout fonctionne.

Il part d'un rire amer et clairement moqueur avant de répliquer, une lueur malsaine dans le regard.

- Regarde toi ! Monsieur j'ai réponse à tout et je m'en vante ! Toi et tes belles paroles complètement vides. Vous me faites tous pitié. Je te hais.

Mes yeux s'écarquillent d'eux-mêmes. Ce Valentin là n'est définitivement pas celui que j'ai connu à mon arrivée. Les images de mon arrivée, stressé, sur le perron devant chez lui il y a bientôt un an, affluent à mon esprit. Ma première impression le concernant avait été qu'il était d'apparence très froide et atteint d'une volonté maladive de protéger sa fragile sœur. Je n'avais pas pu penser à l'époque qu'il serait à ce point enfermé dans son passé. Cet homme est plein de regrets, qu'il traîne comme des boulets, de plus en plus lourds au fil du temps. Comme je le plains.

Je décide de ne pas me laisser démonter face à ses dires hargneux, croise résolument les bras contre la poitrine et l'observe d'un air de défi.

- Que vas-tu faire dans ce cas ? Tout quitter, même ta femme, au risque de t'en mordre les doigts par la suite et te rendre une nouvelle fois compte que tout était mieux avant ? Tu es maître de tes décisions, mais tu devras en assumer les conséquences.